Citation de cette fiche : Chapuis J.-L., 2003. Le Tamia de Sibérie : Tamias sibiricus (Laxmann, 1769). Pages 312-313, in : Évolution holocène de la faune de Vertébrés de France : invasions et disparitions (M.Pascal, O. Lorvelec, J.-D. Vigne, P. Keith & P. Clergeau, coordonnateurs), Institut National de la Recherche Agronomique, Centre National de la Recherche Scientifique, Muséum National d'Histoire Naturelle (381 pages). Rapport au Ministère de l'Écologie et du Développement Durable (Direction de la Nature et des Paysages), Paris, France. Version définitive du 10 juillet 2003.
Le Tamia de Sibérie
L'aire de répartition originale du Tamia de Sibérie, aussi appelé, entre autres, Écureuil de Sibérie ou Écureuil de Corée, couvre le nord-est de l'Europe et l'Asie, du sud de la Finlande au détroit de Béring. L'espèce est particulièrement bien représentée en Sibérie, Mongolie, Mandchourie, Chine centrale et également sur l'île d'Okaido au nord du Japon (Freye, 1975 ; Nowak, 1991).

Animal de compagnie, présent dans les animaleries de Belgique (Van den Bergh, 1967, in Joris et al., sous presse) et d'autres pays européens dès les années 1960, il a été libéré en nature et s'est implanté au cours des années 1970 dans quelques sites aux Pays- Bas, en Belgique, en Suisse, en Allemagne et en Italie (Mitchell-Jones et al., 1999).

En France, une enquête nationale conduite en collaboration avec l'Office National des Forêts auprès de ses agents à la fin de l'année 1999 et au début de l'année 2000, complétée par des informations fournies par divers responsables d'espaces verts et des naturalistes, a permis de recenser la présence de populations établies depuis au moins dix années dans cinq massifs forestiers et dans un parc urbain, tous situés en région Ile-de-France à une exception près : Les forêts domaniales de Sénart (91), de Meudon (92), de Versailles - La Minière (78), le bois régional de Verneuil (78), les forêts du Domaine de Chantilly (60), et le parc Henri Sellier (Plessis-Robinson, 92). Dans certains de ces massifs forestiers, leur effectif peut être estimé à plusieurs milliers d'individus. L'espèce a été observée dans d'autres localités de ces mêmes régions, sans que l'on puisse encore conclure à son installation durable (Chapuis, 2002). Par ailleurs, une trentaine de spécimen échappés d'une animalerie de Villers Carbonnel (Somme) en 1984, ont fondé une population dont une dizaine de spécimens ont été observés en 2001 (Jaouen & F. Léger, en préparation).
En captivité, après un temps de gestation moyen de 31,3 jours, les femelles, sexuellement matures entre 8 et 14 mois, mettent bas 1 ou 2 portées par an de 4,4 jeunes en moyenne (Blake & Gillett, 1988). Dans la nature, les mises bas ont lieu dans un terrier de 5 cm de diamètre, de 1 à 2 m de longueur et de 0,5 à 1,5 m de profondeur (Freye, 1975). Nus et aveugles à la naissance, les jeunes ont une croissance lente. Ils demeurent 6 à 8 semaines dans une chambre du terrier d'où ils sortent en mai-juin et/ou en septembre-octobre en forêt de Meudon. Ils présentent alors une taille d'adulte. La population de la forêt de Meudon fait l'objet de dénombrements mensuels sur un itinéraire de 1,2 km depuis février 2000. Les densités printanières observées voisinent 2 à 3 couples à l'hectare et atteignent en été 10 à 20 individus à l'hectare, avec des maxima en juin et septembre correspondant à l'émancipation des jeunes nés en avril et juillet (J.-L. Chapuis, non publié).
Diurne, le Tamia de Sibérie se déplace principalement au sol, mais explore aussi la canopée à la recherche de sa nourriture constituée essentiellement de fruits (châtaigne, gland, fruits du tilleul, des érables, du sorbier, mûre...), de feuilles et graines de diverses espèces, d'insectes et, selon Freye (1975), également de champignons, parfois d'amphibiens, de reptiles, voire d'oisillons. Dans son aire d'origine, il commet localement des dégâts jugés importants aux champs de céréales en bordure de forêts. À l'entrée de l'hiver, il entrepose des réserves dans son terrier d'hibernation (Freye, 1975). En Île-de-France, en dépit de conditions hivernales plus clémentes que dans son aire d'origine où il peut hiberner 5 à 6 mois (Freye, 1975), il n'est pas ou peu visible au cours des mois de décembre et janvier (J.-L. Chapuis, non publié).

L'impact des populations introduites sur le fonctionnement des écosystèmes d'accueil français n'a fait à ce jour l'objet d'aucune étude et ces populations ne font l'objet d'aucune mesure de gestion.

Ressources
Experts
Fiche rédigée par Jean-Louis CHAPUIS
Bibliographie

Blake B.H. & K.E. Gillett, 1988. Estrous cycle and related aspects of reproduction in captive Asian chipmunks, Tamias sibiricus. J. Mamm., 69 : 598-603.

Chapuis J.-L., 2002. Répartition du Tamia de Sibérie en France. Arborescences, 98 : 28-30.

Freye H.A, 1975. Autres écureuils terrestres et arboricoles. Les Eutamias. pp. 253-254. In : Le monde animal. Tome XI, Mammifères 2. (B. Grzimek ed.), Stauffacher, Zurich : 611 pp.

Jaouen Y. & Léger F., (en préparation). Signalement de l'Écureuil de Corée Tamisa sibiricus (Laxmann, 1769) dans le département de la Somme.

Joris, C.R., Van den Broeke, E., Verroken, J. & L. Holsbeek. Status of the asiatic chipmunk Eutamias sibiricus in the Soignes forest (Brussels, Belgium), 25 years after introduction. Lutra : sous presse.

Mitchell-Jones et al., 1999. The atlas of European Mammals. Academic press, London : 484 pp.

Nowak R.M. (Edt.), 1991. Walker's mammals of the world. Vol.1, 5th ed., The Johns Hopkins University Press, London : 642 pp. + index.