Citation de cette fiche : Clergeau P. & Vigne J.-D., 2003. Le Canard mandarin : Aix galericulata (Linné, 1758). Pages 188-189, in : Évolution holocène de la faune de Vertébrés de France : invasions et disparitions (M.Pascal, O. Lorvelec, J.-D. Vigne, P. Keith & P. Clergeau, coordonnateurs), Institut National de la Recherche Agronomique, Centre National de la Recherche Scientifique, Muséum National d'Histoire Naturelle (381 pages). Rapport au Ministère de l'Écologie et du Développement Durable (Direction de la Nature et des Paysages), Paris, France. Version définitive du 10 juillet 2003.
Le Canard mandarin
D'après Del Hoyo et al. (1992), si l'aire initiale de reproduction du Canard mandarin est actuellement limitée au sud-est de la Sibérie, à l'est de la Chine, et au Japon, l'espèce aurait été présente dans l'ouest de l'Europe vers le milieu du Pléistocène. Cependant, à notre connaissance, elle n'est mentionnée d'aucun enregistrement paléontologique du Pléistocène moyen (Mourer-Chauviré, 1993) et du début de l'Holocène d'Europe occidentale et aucun indice archéozoologique ou textuel ne suggère sa présence en France avant la période contemporaine.

Introduit comme oiseau d'ornement dès le 18ème siècle en Grande-Bretagne, le Canard mandarin y constituait des populations maronnes dont le total des effectifs était estimé compris entre 300 et 400 couples au milieu des années 1970 et évaluée à 1000 couples en 1988 (Del Hoyo et al., 1992).
En France, la première mention de sa reproduction en milieu naturel date de 1977, en Seine-et-Marne et fut sans lendemain. Depuis 1985, il se reproduit de façon régulière sur les rives de l'Erdre, au nord de Nantes, où il constitue une petite population qui aurait atteint 5 couple en 1993 (Musseau, 1994), et 10 à 15 couples à la fin des années 1990 (Dubois et al., 2000). Dans l'état actuel des connaissances, il n'est pas possible de déterminer si cette population a pour fondateurs des sujets locaux échappés de captivité, des transfuges de la population introduite de Grande-Bretagne, ou des individus des deux provenances.

Allochtone du territoire européen de la France, le Canard mandarin y a été introduit volontairement à l'initiative de particuliers, et a fondé une petite population dont on ignore l'origine précise et dont on ne peut préjuger de la pérennité dans l'état actuel des connaissances.

L'impact de cette espèce sur son écosystème d'accueil n'est pas documenté.

Inscrite à l'annexe III de la Convention de Berne, elle ne fait pas l'objet de mesures de gestion particulières en France (Dubois et al., 2000).

Ressources
Experts
Fiche rédigée par Philippe CLERGEAU
Muséum National d'Histoire Naturelle
Conservation des espèces
57 rue Cuvier
75005 Paris

Jean-Denis VIGNE
Muséum national d'Histoire naturelle
Anatomie Comparée
55 rue Buffon
75005 Paris
Bibliographie

Del Hoyo J., Elliot A. & Sargatal J. (Edits.), 1992. Handbook of the Birds of the World. Vol. 1. Lynx Edicions, Barcelona : 696 pp.

Dubois Ph.J., Le Maréchal P., Olioso G. & Yésou P., 2000. Inventaire des Oiseaux de France. Avifaune de la France métropolitaine. Nathan, Paris, F : 397 pp.

Mourer-Chauviré C., 1993. The Pleistocene avifauna of Europe. Archeofauna, 2 : 53-66.

Musseau R., 1994. Canard mandarin. In : Nouvel atlas des oiseaux nicheurs de France. 1985-1989 (Yeatman-Berthelot D. & Jarry G. eds). Société Ornithologique de France, Paris : 729-730.