Citation de cette fiche : Keith P., 2003. Le Carassin argenté : Carassius gibelio (Bloch, 1782). Pages 115-116, in : Évolution holocène de la faune de Vertébrés de France : invasions et disparitions (M.Pascal, O. Lorvelec, J.-D. Vigne, P. Keith & P. Clergeau, coordonnateurs), Institut National de la Recherche Agronomique, Centre National de la Recherche Scientifique, Muséum National d'Histoire Naturelle (381 pages). Rapport au Ministère de l'Écologie et du Développement Durable (Direction de la Nature et des Paysages), Paris, France. Version définitive du 10 juillet 2003.
Le Carassin argenté
Au siècle dernier, une espèce proche de la forme ancestrale du Poisson rouge (Carassius auratus), le Carassin argenté (C. gibelio), présent à l'état naturel depuis le bassin de la mer d'Aral jusqu'à la Chine, et peut-être sur le pourtour de la mer Noire, s'est répandu en Europe avec la carpiculture (Holcik, 1980).

Dans la seconde moitié du 20ème siècle, c'est à partir d'une lignée gynogénétique constituée exclusivement de femelles triploïdes aux oeufs fertilisables sans véritable fécondation par le sperme de tout cyprinidé, qu'une nouvelle invasion des eaux françaises a eu lieu. Les populations issues de cette seconde introduction sont deux fois plus prolifiques que celles issues de la première puisqu'elles ne comportent pas de màles. En conséquence, le Carassin argenté est demeuré inconnu du Danube en amont des Portes de Fer jusqu'à ce que sa forme gynogénétique soit introduite en Hongrie vers 1950 (Holcik, 1980). Depuis, elle y a proliféré au point d'en éliminer le Carassin commun (C. carassius). Cette espèce est de plus en plus fréquente dans les eaux du sud et de l'ouest de l'Europe.

En France, elle a été importée dans la Dombes dans les années 1990, d'où elle a diffusé sur l'ensemble du territoire (Crivelli, 2001).

Sachant qu'il reste des lignées "normales" de C. gibelio toujours susceptibles de s'hybrider avec d'autres carassins, voire d'autres Cyprinidés comme la Carpe de Kollar, et que la forme des carassins varie selon les conditions de milieu et notamment l'abondance des prédateurs, l'identification taxonomique précise d'un individu doit faire appel aux techniques les plus sophistiquées (Hensel, 1970 ; Kottelat, 1997).

En France, la distribution exacte du Carassin argenté n'est pas connue en raison de la facile confusion de cette espèce avec le Poisson rouge (C. auratus) et/ou le Carassin commun (C. carassius). Il semble néanmoins le carassin le plus répandu sur le territoire, Corse comprise, où il existe dans la Gravona notamment (Roché, 2001 ; Crivelli, 2001).

L'impact du Carassin argenté sur le fonctionnement de ses écosystèmes d'accueil n'est pas documenté et ses populations ne font pas l'objet de mesures de gestion spécifiques.

Ressources
Experts
Fiche rédigée par Philippe KEITH
Muséum National d'Histoire Naturelle
Département des milieux et peuplements aquatiques
57 rue Cuvier
75005 Paris
Bibliographie

Crivelli A.J., 2001. Le Carassin argenté Carassius gibelio (Bloch, 1782). In : Atlas des poissons d'eau douce de France (Keith P. & Allardi J. Édit.). Patrimoines naturels, MNHN, Paris, n°47 : 156-157.

Hensel K., 1970. Some notes on the systematic status of Carassius auratus gibelio (Bloch, 1782) with further record of this fish from the Danube river in Czechoslovakia. Vestnik ceskoslovenske spoclecnosti zoologické, 35 (3) : 186-198.

Holcik J., 1980. Carassius auratus (Pisces) in the Danube river. Acta Scientiarum naturalium, Academiae scientiarum bohemoslovacae Brno, 14 (11) : 1-43.

Kottelat M., 1997. European freshwater fishes. Biologia, Section Zoology, 52 (Supplément 5) : 271 pp.

Roché B., 2001. Atlas des poissons des eaux douces de Corse. Diren Corse, Ajaccio : 55 pp.