Des restes osseux de gardons figurent dans des assemblages archéologiques
français du Paléolithique supérieur du Bassin de la Garonne (Aurignacien : Bezenac, Le
Flageolet ; Magdalénien : Couse, Lisle et St. Rabier) et du Bassin du Rhône (Magdalénien :
Sainte-Anastasie) (Cleyet-Merle, 1990 ; Keith, 1998).
Espèce d'Europe centrale et de l'Est, la limite septentrionale de son aire de répartition
initiale comprend la Finlande, la Suède et l'Angleterre, sa limite méridionale, les Alpes et le Bosphore.
Autochtone d'une partie continentale du territoire européen de la France, il a été
introduit en Corse en 1970 dans 3 plans d'eau artificiels de la plaine orientale de l'île
(Réservoirs de Peri, Teppe-Rosse, Alzitone) afin de créer une activité de pêche sportive de
deuxième catégorie inexistante alors. C'est à partir des populations établies dans ces sites
que les pêcheurs disséminèrent l'espèce dans divers barrages (Ospedale, Tolla), gravières
(Porto-Vecchio, Gravona), canaux (Biguglia) et cours de grandes rivières (Gravona,
Tavignano) de l'île (Roché & Mattei, 1997).
En France, la pisciculture produit près de 2000 tonnes de gardons par an destinées
essentiellement à la constitution et à l'entretien de stocks de poissons fourrages, mais aussi
à la fourniture de vifs pour la pêche sportive, le Gardon constituant le vif le plus recherché
pour la pêche au coup (Le Louarn et al., 2001). Ces apports, numériquement importants et
régulièrement répétés sur de nombreux écosystèmes naturels, présentent des risques
sanitaires importants, non spécifiquement démontrés à ce jour en France et de perturbations
du fonctionnement de ces écosystèmes (Le Louarn et al., 2001). En effet, le Gardon, outre
qu'il manifeste une forte capacité à s'hybrider avec beaucoup d'espèces de cyprinidés
entraînant un risque de pollutions génétiques, est un important vecteur d'agents de deux
maladies parasitaires : la ligulose, due à Ligula intestinalis, dans les lacs et réservoirs où
pullulent des populations de copépodes, hôtes intermédiaires du cycle parasitaire, et la
bucéphalose larvaire, due à Bucephalus polymorphus, dont il héberge les métacercaires
dans son tissu musculaire se transformant ainsi en proie infestante pour les espèces de
poissons ichtyophages (Lambert, 1997).
En Corse, l'impact du Gardon sur le fonctionnement de ses écosystèmes d'accueil
n'est pas documenté et ses populations n'y font pas l'objet de mesures de gestion spécifiques.
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Experts |
Fiche rédigée par |
Philippe KEITH
Muséum National d'Histoire Naturelle
Département des milieux et peuplements aquatiques
57 rue Cuvier
75005 Paris
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Bibliographie |
Cleyet-Merle J.J., 1990. La préhistoire de la pêche. Collection des Hespérides, Errance Éd., Paris :
195 pp.
Keith P., 1998. Evolution des peuplements ichtyologiques de France et stratégies de conservation.
Thèse Université de Rennes I : 236 pp.
Lambert A., 1997. Introduction de poissons dans les milieux aquatiques continentaux : "Quid de leurs
parasites ?". Bulletin Français de Pêche et de Pisciculture, 344/345 : 323-333.
Le Louarn H., Feunteun E. & Laffaille P., 2001. Le Gardon Rutilus rutilus (Linné, 1758). In : Atlas des
poissons d'eau douce de France (Keith P. & Allardi J. Édit.). Patrimoines naturels, MNHN, Paris, n°47 : 196-197.
Roché B. & Mattei J., 1997. Les espèces animales introduites dans les eaux douces de Corse.
Bulletin Français de Pêche et de Pisciculture, 344/345 : 233-241.
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