Citation de cette fiche : Keith P. & Dorson M., 2003. Le Poisson-chat : Ameiurus melas (Rafinesque, 1820). Pages 126-127, in : Évolution holocène de la faune de Vertébrés de France : invasions et disparitions (M.Pascal, O. Lorvelec, J.-D. Vigne, P. Keith & P. Clergeau, coordonnateurs), Institut National de la Recherche Agronomique, Centre National de la Recherche Scientifique, Muséum National d'Histoire Naturelle (381 pages). Rapport au Ministère de l'Écologie et du Développement Durable (Direction de la Nature et des Paysages), Paris, France. Version définitive du 10 juillet 2003.
Le Poisson-chat
Le Poisson-chat est originaire de l'Amérique du Nord.

Il a été introduit en France en 1871 et se serait rapidement évadé des bassins du Muséum d'Histoire Naturelle de Paris pour gagner la Seine toute proche en empruntant le réseau des égouts (Vivier, 1951). Ce n'est cependant qu'au début du 20ème siècle qu'il aurait accru son aire de répartition de façon significative. Vers 1907, Chapellier, alors directeur de la Station Centrale des Vertébrés du Service de la Recherche Agronomique, l'introduisit dans des étangs du Loiret d'où il s'évada pour gagner le bassin de la Loire. Les revues scientifiques de l'époque vantaient la délicatesse de sa chair et, en 1905, Lavauden recommandait de l'introduire dans les secteurs hydrographiques les plus pollués afin de satisfaire les pêcheurs à la ligne (Lavollée, 1906). Nombres de sociétés de pêche l'introduisirent alors, et le Poisson-chat colonisa ainsi l'ensemble du réseau hydrographique de la France continentale (Boët, 2001). Il a été introduit en Corse après 1970 en dehors de tout programme organisé et constitue des populations pérennes dans plusieurs plans d'eau artificiels de la plaine orientale de l'île d'où il a été introduit par la suite dans plusieurs rivières dont le Golo (Roché & Mattei, 1997).

Il est possible qu'une autre espèce, A. nebulosus (Lesueur, 1819), longtemps confondue avec A. melas, ait été introduite de conserve avec la première, mais n'ait pas subsisté. Cette hypothèse n'a cependant pas été validée à l'heure actuelle.

Le Poisson-chat est largement répandu en France, mais ses populations semblent récemment regresser en raison de la pollution des eaux, mais aussi de la probable émergence de maladies (Boët, 1981). En effet, en 1992, un iridovirus classé dans le genre Ranavirus, le même probablement que celui isolé sur le Silure glane en Allemagne (Ahne et al., 1991), a été isolé sur le Poisson-chat en France (Pozet et al., 1992). Des indices laissent penser qu'il aurait pour origine un virus d'amphibien (Hedrick et al., 1992). Par ailleurs, il existe une forte présomption pour qu'aient été introduits avec le Poisson-chat certains de ses monogènes branchiaux d'origine nord-américaine (Lambert, 1977).

Classée « espèce susceptible d'engendrer des déséquilibres biologiques », son impact sur le fonctionnement de ses écosystèmes d'accueil n'a jamais vraiment été démontré et n'a pas fait l'objet de travaux spécifiques. Dans les années 1980-90, il a fait l'objet de nombreuses pêches de destruction.

Ressources
Experts
Fiche rédigée par Philippe KEITH
Muséum National d'Histoire Naturelle
Département des milieux et peuplements aquatiques
57 rue Cuvier
75005 Paris

Michel DORSON
Bibliographie

Ahne W., Schlotfeldt H.J. & Ogawa M., 1991. Iridovirus infection of adult sheatfish (Silurus glanis). J. Vet. Med., 37 : 187-190.

Boët P., 1981. Éléments d'écologie du poisson-chat, Ictalurus melas (Rafinesque, 1820), du lac de Créteil. Structure et dynamique de la population exploitation des ressources alimentaires et production. Thèse 3ème cycle, Université de Paris VI : 123 pp.

Boët P., 2001. Le Poisson-chat Ameiurus melas (Rafinesque, 1820). In : Atlas des poissons d'eau douce de France (Keith P. & Allardi J. Édit.). Patrimoines naturels, MNHN, Paris, n°47 : 222-223.

Hedrick R.P., McDowell T.S., Ahne W., Torhy C. & De Kinkelin P., 1992. Properties of three iridovirus- like agents associated with systemic infections of fish. Disease of Aquatic Organisms, 13 : 203-209.

Lambert A., 1977. Les monogènes monopisthocotyles parasites des poissons d'eau douce de la France méditerranéenne. Bulletin du Muséum d'Histoire Naturelle. 3ème série, 429 Zool., 299 : 177-214.

Lavauden L., 1905. Recherche sur la biologie, l'élevage et l'acclimatation dans les eaux françaises du poisson-chat. Grenoble : 44 pp.

Lavollée G., 1906. Contribution à l'étude du poisson-chat, son acclimatation dans le réservoir de St Fargeau (Yonne). Bulletin de la Société Centrale d'Aquiculture et de Pêche, 18 : 289-293.

Pozet F., Morand M., Moussa A.,Torhy C. & De Kinkelin P., 1992. Isolation and preliminary characterization of a pathogenic icosahedral deoxyribovirus from the catfish Ictalurus melas. Disease of Aquatic Organisms, 14 : 35-42.

Roché B. & Mattei J., 1997. Les espèces animales introduites dans les eaux douces de Corse. Bulletin Français de Pêche et de Pisciculture, 344/345 : 233-241.

Vivier P., 1951. Poissons et crustacés d'eau douce acclimatés en France, en eau libre, depuis le début du siècle. Revue d'Ecologie (Terre & Vie), 98 : 57-82.