Citation de cette fiche : Keith P. & Dorson M., 2003. L'Achigan à grande bouche : Micropterus salmoides (Lacépède, 1802). Pages 141-142, in : Évolution holocène de la faune de Vertébrés de France : invasions et disparitions (M.Pascal, O. Lorvelec, J.-D. Vigne, P. Keith & P. Clergeau, coordonnateurs), Institut National de la Recherche Agronomique, Centre National de la Recherche Scientifique, Muséum National d'Histoire Naturelle (381 pages). Rapport au Ministère de l'Écologie et du Développement Durable (Direction de la Nature et des Paysages), Paris, France. Version définitive du 10 juillet 2003.
L'Achigan à grande bouche
L'aire de répartition originale de l'Achigan à grande bouche, également connu sous le nom de Black-bass à grande bouche, est limitée à l'est de l'Amérique du Nord. Depuis la fin du 19ème siècle, il a été largement introduit sur d'autres parties du continent américain et dans d'autres régions du monde.

Introduit en Grande-Bretagne en 1878-1879 (Anonyme, 1898), puis en 1883 aux Pays-Bas et en Allemagne (Keith, 1998), c'est en 1890 que la reproduction de l'Achigan à grande bouche est obtenue pour la première fois en France, dans un étang de la région de Versailles (Bertrand, 1890). Il fut alors introduit dans les étangs de Sologne (Wurtz- Arlet,1952). C'est à partir de 1948 que nombreux pisciculteurs l'élevèrent pour le fournir aux associations de pêche (Rivaillon, 1948) qui réalisèrent alors de nombreux déversements. Ces derniers sont à l'origine de la rapide extension de l'espèce à l'échelle de l'ensemble du territoire européen de la France, Corse exceptée (Carrel & Schlumberger, 2001).

Au Portugal, l'introduction du Brochet, de l'Achigan à grande bouche et de la Perche soleil ont entraîné la quasi-disparition d'un petit Cyprinidé endémique Anaecypris hispanica (Collares Pereira et al., 1997). Par ailleurs, l'Achigan à grande bouche, sensible à la Septicémie Hémorragique Virale (SHV) (De Kinkelin et al., 1999), peut être vecteur de cette maladie, et il semble qu'aient été introduits avec lui certains de ses monogènes branchiaux d'origine nord-américaine (Lambert, 1977).

L'impact de cette espèce sur le fonctionnement de ses écosystèmes d'accueil n'est pas documenté en France et ses populations ne font pas l'objet de mesures de gestion spécifiques.

Ressources
Experts
Fiche rédigée par Philippe KEITH
Muséum National d'Histoire Naturelle
Département des milieux et peuplements aquatiques
57 rue Cuvier
75005 Paris

Michel DORSON
Bibliographie

Anonyme, 1898. Acclimatation des poissons percoïdes américains dans les étangs et les rivières d'Europe. Bulletin de la Société Centrale d'Aquiculture et de Pêche, 10 : 141-142.

Bertrand E., 1890. Sur quelques poissons récemment acclimatés en France. Bulletin de la Société Centrale d'Aquiculture et de Pêche, 2 : 141.

Collares Pereira M.J., Pires A.M. & Coelho M.M., 1997. Towards a conservation strategy for Anaecypris hispanica, the most endangered non migratory fish in portuguese streams. In : Stocking and introductions of fish (Cowx I. Éd.). Fishing News Book, Blackwell Science, Oxford : 437-449.

De Kinkelin P., Daniel P., Hattenberger-Baudouy A.M & Benmansour A., 1999. The largemouth bass (Micropterus salmoides), a novel host for viral haemorrhagic septicaemia virus (VHSV). E.A.F.P International conference, Rhodes, 19-24 Sept., poster.

Keith P., 1998. Evolution des peuplements ichtyologiques de France et stratégies de conservation. Thèse Université de Rennes I : 236 pp.

Carrel G. & Schlumberger O., 2001. L'Achigan à grande bouche Micropterus salmoides (Lacépède, 1802). In : Atlas des poissons d'eau douce de France (Keith P. & Allardi J. Édit.). Patrimoines naturels, MNHN, Paris, n°47 : 324-325.

Lambert A., 1977. Les monogènes monopisthocotyles parasites des poissons d'eau douce de la France méditerranéenne. Bulletin du Muséum d'Histoire Naturelle. 3ème série, 429 Zool., 299 : 177-214.

Rivaillon P., 1948. Quelques essais sur l'alevinage du Black-bass et les engrais en pisciculture. Bulletin Français de Pisciculture, 149 : 167-170.

Wurtz-Arlet J., 1952. Le Black-Bass en France. Annales de la Station centrale d'hydrobiologie appliquée, 4 : 203-286.