Citation de cette fiche : Clergeau P. & Lorvelec O., 2003. Le Harle huppé : Mergus serrator Linné, 1758. Page 64, in : Évolution holocène de la faune de Vertébrés de France : invasions et disparitions (M.Pascal, O. Lorvelec, J.-D. Vigne, P. Keith & P. Clergeau, coordonnateurs), Institut National de la Recherche Agronomique, Centre National de la Recherche Scientifique, Muséum National d'Histoire Naturelle (381 pages). Rapport au Ministère de l'Écologie et du Développement Durable (Direction de la Nature et des Paysages), Paris, France. Version définitive du 10 juillet 2003.
Le Harle huppé
La vaste aire de reproduction actuelle du Harle huppé est circum-holarctique. Elle couvre essentiellement des zones de taïga, mais déborde localement dans des zones de toundra ou, au contraire, dans des régions à climat plus tempéré comme l'Europe de l'Ouest où elle atteint l'Écosse et l'Irlande. Migratrice, l'espèce se retrouve dans des régions plus tempérées d'Eurasie et du littoral de l'Amérique du Nord en hiver (Voous, 1960 ; del Hoyo et al., 1992).

Le Harle huppé ne semble pas avoir été signalé dans les enregistrements fossiles du Pléistocène supérieur de France. Vansteenwegen (1998) rapporte sa présence vers 4000 avant J.-C. en Europe de l'Ouest, sans que l'on sache s'il s'y reproduisait à l'époque, et souligne que sa répartition est nettement plus nordique actuellement.
Des ossements de cette espèce, datés du 2ème siècle après J.-C., ont été trouvés dans un amas coquillier à Coque (Cardium edule) à Étaples dans le Pas-de-Calais (Vadet, 1988). D'autres, datés d'entre le 10ème et le 12ème siècle, ont été exhumés sur le site seigneurial de Douai dans le Nord (Vadet & Vilette, 1986). Ces restes ne permettent pas d'affirmer que l'espèce se reproduisait dans ces localités à ces époques.
Récemment, le Harle huppé a niché de façon exceptionnelle (2 à 3 couples de 1993 à 1995 ; 1 couple en 1998) sur les îles Chausey (Dubois et al., 2000). Actuellement, l'espèce est qualifiée de migratrice peu commune sur le littoral français (Dubois et al., 2000).

C'est sur la base de ces éléments biogéographiques et archéozoologiques, et avec une part d'incertitude, que le Harle huppé est considéré ici comme autochtone du territoire français. Il en aurait disparu à une époque et pour des raisons non établies à ce jour.

Ressources
Experts
Fiche rédigée par Philippe CLERGEAU
Muséum National d'Histoire Naturelle
Conservation des espèces
57 rue Cuvier
75005 Paris

Olivier LORVELEC
Insitut National de la Recherche Agronomique
Campus de Beaulieu - Avenue du Général Leclerc
35042 Rennes Cedex
Bibliographie

Beaman M. & Madge S., 1998. Guide encyclopédique des Oiseaux du Paléarctique occidental. Nathan, Paris, F : 872 pp.

Del Hoyo J., Elliot A. & Sargatal J. (editors), 1992. Handbook of the Birds of the World. Vol. 1. Ostrich to Ducks. Lynx Edicions, Barcelona, E : 696 pp.

Dubois Ph.J., Le Maréchal P., Olioso G. & Yésou P., 2000. Inventaire des Oiseaux de France. Avifaune de la France métropolitaine. Nathan, Paris, F : 397 pp.

Vadet A. & Vilette P., 1986. Les ossements animaux du puits S 14 à Douai. Mémoires de la Société Académique du Boulonnais, Société d'Histoire Naturelle du Boulonnais, 1 (3), : 98-159.

Vadet A., 1988. Les ossements du site des Sablins à Étaples. Bulletin de la Société Académique du Boulonnais, II (2) : 38-55.

Vansteenwegen Ch., 1998. L'histoire des Oiseaux de France, Suisse et Belgique. L'évolution des populations, le statut des espèces. Delachaux et Niestlé SA, Neuchâtel, SW, Paris, F : 336 pp.

Voous K.H., 1960. Atlas of European birds. Elsevier, Amsterdam, NL : 284 pp.