Citation de cette fiche : Lorvelec O., Vigne J.D. & Clergeau P., 2003. L'Aigle impérial : Aquila heliaca Savigny, 1809. Page 67, in : Évolution holocène de la faune de Vertébrés de France : invasions et disparitions (M.Pascal, O. Lorvelec, J.-D. Vigne, P. Keith & P. Clergeau, coordonnateurs), Institut National de la Recherche Agronomique, Centre National de la Recherche Scientifique, Muséum National d'Histoire Naturelle (381 pages). Rapport au Ministère de l'Écologie et du Développement Durable (Direction de la Nature et des Paysages), Paris, France. Version définitive du 10 juillet 2003.
L'Aigle impérial
L'actuelle aire de reproduction de l'Aigle impérial couvre l'Europe de l'Est et la Turquie, d'où elle remonte jusqu'au lac Baïkal et en Mongolie (Voous, 1960 ; del Hoyo et al., 1994). Migratrice, les populations de l'espèce fréquentent en hiver des zones plus méridionales d'Asie et d'Afrique (del Hoyo et al., 1994).

À ce jour, les assemblages archéologiques de l'Holocène de France continentale n'ont pas fourni de données certaines concernant la présence d'espèces du genre Aquila, excepté l'Aigle royal (A. chrysaetos), mais trois restes, vraisemblablement attribuables à l'Aigle impérial, ont été relevés dans une couche datant du Boréal, dans le site de Grítulu au Cap Corse (Cuisin, 2001). D'autres restes du même site semblent d'ailleurs attester de sa présence en Corse à la fin du Tardiglaciaire, bien qu'aucun autre site pléistocène corse n'en ait livré d'indice (Louchart, 2001).
En France continentale, l'Aigle impérial n'a fait l'objet que de rares mentions d'individus erratiques au 19ème et au 20ème siècles (Dubois et al., 2000). Il n'est pas retenu comme une espèce s'étant reproduite en Corse dans la récente synthèse de Thibault & Bonaccorsi (1999).

Si aucune preuve certaine de sa nidification en France continentale ou en Corse ne peut être apportée, cette espèce, qui fréquente actuellement des forêts de moyenne altitude et des steppes (Dubois et al., 2000), aurait cependant pu se reproduire en France pendant l'Holocène, tout comme l'Aigle criard (A. clanga) et l'Aigle pomarin (A. pomarina), deux autres aigles à l'aire de reproduction proche. C'est pourquoi l'espèce est considérée ici, avec une forte part d'incertitude, comme autochtone du territoire français, notamment de Corse. Elle en aurait disparue pour des raisons non établies à ce jour.

Ressources
Experts
Fiche rédigée par Olivier LORVELEC
Insitut National de la Recherche Agronomique
Campus de Beaulieu - Avenue du Général Leclerc
35042 Rennes Cedex

Jean-Denis VIGNE
Muséum national d'Histoire naturelle
Anatomie Comparée
55 rue Buffon
75005 Paris

Philippe CLERGEAU
Muséum National d'Histoire Naturelle
Conservation des espèces
57 rue Cuvier
75005 Paris
Bibliographie

Cuisin J., 2001. Les restes d'oiseaux du site de Grítulu, Luri, Haute-Corse. Détermination finale. Rapport Prog. Coll. Recherche Prefacth. Inédit.

Del Hoyo J., Elliot A. & Sargatal J. (editors), 1994. Handbook of the Birds of the World. Vol. 2. New World Vultures to Guineafowl. Lynx Edicions, Barcelona, E : 638 pp.

Dubois Ph.J., Le Maréchal P., Olioso G. & Yésou P., 2000. Inventaire des Oiseaux de France. Avifaune de la France métropolitaine. Nathan, Paris, F : 397 pp.

Louchart A., 2001. Les oiseaux du Pléistocène de Corse et données concernant la Sardaigne. Bulletin de la Société Sci. Hist. Nat. Corse, 696-697 : 187-221.

Thibault J.-C. & Bonaccorsi G., 1999. The birds of Corsica. British Ornithologists' Union. BOU Checklist n° 17.

Voous K.H., 1960. Atlas of European birds. Elsevier, Amsterdam, NL : 284 pp.