Citation de cette fiche : Pascal M. & Clergeau P., 2003. La Bernache du Canada : Branta canadensis (Linné, 1758). Pages 194-195, in : Évolution holocène de la faune de Vertébrés de France : invasions et disparitions (M.Pascal, O. Lorvelec, J.-D. Vigne, P. Keith & P. Clergeau, coordonnateurs), Institut National de la Recherche Agronomique, Centre National de la Recherche Scientifique, Muséum National d'Histoire Naturelle (381 pages). Rapport au Ministère de l'Écologie et du Développement Durable (Direction de la Nature et des Paysages), Paris, France. Version définitive du 10 juillet 2003.
La Bernache du Canada
L'aire de reproduction originale de la Bernache du Canada, couvre la quasi totalité du continent nord américain depuis les Aléoutiennes jusqu'à la côte atlantique (Del Hoyo et al., 1992). L'espèce a été introduite en Grande-Bretagne et dans des pays continentaux de l'Europe du nord dès le 16ème siècle à des fins cynégétiques et comme oiseau d'ornement des étangs et plans d'eau (Lever, 1987). Sans surprise, la Bernache du Canada est absente du répertoire paléontologique pléistocène d'Europe occidentale (Mourer-Chauviré, 1993).

Buffon mentionne que, durant le régne de Louis XIV, la Bernache du Canada se reproduisait en semi-liberté et en grand-nombre dans le parc de Versailles (in Lever, 1987), mais c'est seulement à partir des années 1960 et 1970 que de nombreux lâchers eurent lieu sur le territoire français et des fins ornementales. Si nombre d'entre eux se sont révélés stérils, l'espèce a constitué de petites colonies localisées notament dans le Pas-de-Calais, les Yvelines, la Sologne et le Puy-de-Dôme. L'effectif de la population française est estimée comprise entre 600 et 700 individus dans les années 1990 (Dubois et al., 2000).

La Bernache du Canada est comptée ici au nombre des espèces allochtones du territoire de la France. Introduite récemment et volontairement dans un but ornemental à l'occasion d'initiatives privées, elle constitue de petites populations marronnes dans plusieurs entités biogéographiques du territoire. Seule l'épreuve du temps permettra de déterminer si ces populations se pérenniseront.

L'impact de cette espèce herbivore sur les écosystèmes qu'elle occupe en France n'a pas fait l'objet de travaux. En Grande-Bretagne, le rapide succès de cette introduction ancienne a conduit à la constitution d'une population estimée à 50 000 individus en 1988. L'introduction plus récente conduite en Nouvelle-Zélande a généré la constitution d'une population estimée comprise actuellement entre 35 000 et 40 000 individus (Del Hoyo et al., 1992). Dans l'un (Roux, 1994 ; Schricke, 1997) et l'autre (Del Hoyo et al., 1992) cas, ces populations introduites génèrent des dégâts hivernaux aux prairies et cultures céréalières de ces pays.

La Bernache du Canada, inscrite sur la liste des oiseaux protégés de France, à l'annexe II de la Directive Oiseaux et à l'annexe III de la Convention de Berne, ne fait pas l'objet d'une gestion particulière sur le territoire (Dubois et al., 2000).

Ressources
Experts
Fiche rédigée par Michel PASCAL
Insitut National de la Recherche Agronomique
Campus de Beaulieu - Avenue du Général Leclerc
35042 Rennes Cedex

Philippe CLERGEAU
Muséum National d'Histoire Naturelle
Conservation des espèces
57 rue Cuvier
75005 Paris
Bibliographie

Del Hoyo J., Elliot A. & Sargatal J. (Edits.), 1992. Handbook of the Birds of the World. Vol. 1. Lynx Edicions, Barcelona : 696 pp.

Dubois Ph.J., Le Maréchal P., Olioso G. & Yésou P., 2000. Inventaire des Oiseaux de France. Avifaune de la France métropolitaine. Nathan, Paris, F : 397 pp.

Lever C., 1987. Naturalized birds of the world. Longman Scientific & Technical, UK, Harlow : 615 pp.

Mourer-Chauviré C., 1993. The Pleistocene avifauna of Europe. Archeofauna, 2 : 53-66.

Roux F., 1994. Bernache du Canada. In : Nouvel atlas des oiseaux nicheurs de France. 1985-1989 (Yeatman-Berthelot D. & Jarry G. eds). Société Ornithologique de France, Paris : 122-123.

Schrike V., 1997. Les oies en France, conflits avec l'agriculture. In : Oiseaux à risques en ville et en campagne (Clergeau P. ed). INRA, Paris : 43-51.