Citation de cette fiche : Clergeau P. & Pascal M., 2003. Le Grand Gravelot : Charadrius hiaticula Linné, 1758. Pages 212-213, in : Évolution holocène de la faune de Vertébrés de France : invasions et disparitions (M.Pascal, O. Lorvelec, J.-D. Vigne, P. Keith & P. Clergeau, coordonnateurs), Institut National de la Recherche Agronomique, Centre National de la Recherche Scientifique, Muséum National d'Histoire Naturelle (381 pages). Rapport au Ministère de l'Écologie et du Développement Durable (Direction de la Nature et des Paysages), Paris, France. Version définitive du 10 juillet 2003.
Le Grand Gravelot
La majeure partie de l'aire de reproduction du Grand Gravelot, espèce arctique, se situe au nord du 60ème parallèle en Eurasie et en Amérique du Nord (Voous, 1960).

Aucun reste de l'espèce n'a été identifié dans les assemblages archéologiques du Pléistocène ou de l'Holocène de France à ce jour et Mayaud (1936) ne la mentionne pas au nombre des espèces se reproduisant sur le territoire au début du 20ème siècle.

Ses premières reproductions en France se seraient produites entre 1938 et 1956 sur des îles de l'archipel de Molène dans le Finistère, Lebeurier ne la mentionnant pas à la première date et Ferry faisant état de la présence d'une cinquantaine de couples de l'espèce à la seconde (Guermeur & Monnat, 1980). Dans les années 1960-1970, le Grand Gravelot a étendu son aire de reproduction, gagnant divers sites côtiers du Finistère et de la Manche pour atteindre ceux du département du Nord (Robert, 1994 ; Maurin, 1994). Son effectif de reproducteurs français, estimé à 55 couples et à 65-80 couples en 1962 et 1975 respectivement, a nettement progressé dans les années 1990 pour atteindre 130 couples en 1996. Quarante-sept pour cent d'entre eux étaient alors localisés dans le Finistère, les sites de reproduction du Morbihan représentant les localités les plus méridionales de l'aire de reproduction européenne de l'espèce (Dubois et al., 2000).

L'incertitude plane sur la réalité de la reproduction du Grand Gravelot en France par le passé. Il est donc rangé ici au nombre des espèces allochtones de France. Il s'y serait implanté de façon apparemment spontanée pendant le 20ème siècle.

L'alimentation de cet oiseau migrateur est constitué d'insectes et de mollusques. Son impact sur le fonctionnement des écosystèmes français qu'il fréquente n'a pas fait l'objet de travaux.

Le Grand Gravelot est inscrit sur la liste des oiseaux protégés en France, et à l'annexe II de la convention de Berne. Ses populations françaises ne font pas l'objet de mesures de gestion particulières (Dubois et al., 2000).

Ressources
Experts
Fiche rédigée par Philippe CLERGEAU
Muséum National d'Histoire Naturelle
Conservation des espèces
57 rue Cuvier
75005 Paris

Michel PASCAL
Insitut National de la Recherche Agronomique
Campus de Beaulieu - Avenue du Général Leclerc
35042 Rennes Cedex
Bibliographie

Dubois Ph.J., Le Maréchal P., Olioso G. & Yésou P., 2000. Inventaire des Oiseaux de France. Avifaune de la France métropolitaine. Nathan, Paris, F : 397 pp.

Guermeur Y. & Monnat J.-Y., 1980. Histoire et géographie des oiseaux nicheurs de Bretagne. Société pour l'Étude et la Protection de la Nature en Bretagne / Centrale Ornithologique Ar Vran, Brest : 240 pp.

Maurin H. (dir.), 1994. Inventaire de la Faune menacée en France. Nathan ed., Paris : 176 pp.

Mayaud N., 1936. Inventaire des oiseaux de France. Société d'Études Ornithologiques, Blot éditeur, Paris : 211 pp.

Robert J.-C., 1994. Grand gravelot ou Pluvier grand-gravelot. In : Nouvel atlas des oiseaux nicheurs de France. 1985-1989 (Yeatman-Berthelot D. & Jarry G. eds). Société Ornithologique de France, Paris : 280-283.

Voous K.H., 1960. Atlas of European birds. Elsevier, Amsterdam, NL : 284 pp.