La limite sud de l'actuelle aire de reproduction de la Fauvette babillarde s'étend de
l'est de la Sibérie et de la Mongolie à la Grande-Bretagne, entre le 37ème et le 43ème degré de
latitude Nord (Voous, 1960 ; Bijlsma & Saris, 1997). D'après Voous (1960), la présence de
l'espèce dans le sud-ouest de l'Europe pendant la dernière glaciation est peu probable et
c'est à l'Holocène qu'elle aurait étendu son aire de reproduction vers le nord et l'ouest du
continent depuis le sud-est de l'Europe. Récemment, la Fauvette babillarde dont les
populations européennes hivernent en Afrique de l'est, au Soudan et en Ethiopie, a colonisé
la Grande-Bretagne pour atteindre l'Irlande entre 1988 et 1991 (Bijlsma & Saris, 1997).
En France, l'espèce est actuellement absente des assemblages archéologiques du
Pléistocène supérieur et de l'Holocène, mais les chances de conservation de ses restes
osseux petits et fragiles sont réduites et la détermination de ces restes au niveau spécifique
est très délicate.
En 1936, Mayaud la dit présente dans l'est et le nord-est du pays et dans les Alpes.
C'est à partir des années 1960 que la Fauvette babillarde commence à nicher régulièrement
en Île-de-France, en Normandie, dans îles Anglo-Normandes, dans le sillon Rhodanien, la
Dombes et le Massif-Central. Dans les années 1980, elle gagne les Côtes-d'Armor, le
Finistère, la Sarthe et la Mayenne, et, en 1992, elle s'installe dans le Var (Dronneau, 1994 ;
Dubois et al., 2000). Actuellement absente de Corse, son effectif de reproducteurs français
est estimé compris entre 30 000 et 50 000 couples à la fin des années 1990 (Dubois et al.,
2000). D'après Bijlsma & Saris (1997), la récente généralisation de la mise en place
d'espaces verts urbains contrecarre les facteurs défavorables à l'installation de l'espèce que
constituent l'intensification de l'agriculture ouest européenne et la raréfaction des paysages
bocagers. Cette évolution de la politique d'aménagement urbain serait à l'origine, au moins
pour partie, de la récente extension de l'aire de reproduction de l'espèce.
Cette synthèse des connaissances biogéographiques et historiques relatives à la
Fauvette babillarde conduit, en suivant l'hypothèse de Voous (1960), à estimer que cette
espèce est allochtone de la faune de France. Si tel est le cas, elle aurait envahi de façon
apparemment spontanée et à une époque inconnue mais ancienne, la région alpine, l'est et
le nord-est du pays. Elle a colonisé ensuite de façon sub-spontanée une partie de l'ouest du
pays dans la seconde moitié du 20ème siècle.
L'impact de cette espèce insectivore sur les écosystèmes français qu'elle a investi
récemment n'a pas fait l'objet d'études. La Fauvette babillarde est inscrite sur la liste des
oiseaux protégés en France et à l'annexe II de la Convention de Berne (Dubois et al., 2000).
Ses populations françaises ne font pas l'objet de mesures de gestion particulières.
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Experts |
Fiche rédigée par |
Michel PASCAL
Insitut National de la Recherche Agronomique
Campus de Beaulieu - Avenue du Général Leclerc
35042 Rennes Cedex
Philippe CLERGEAU
Muséum National d'Histoire Naturelle
Conservation des espèces
57 rue Cuvier
75005 Paris
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Bibliographie |
Bijlsma R.G. & Saris F., 1997. Lesser Whitethroat Sylvia curruca. In : The EBCC atlas of european
breeding birds : their Distribution and Abundance (Hagemeijer E.J.M. & Blair M.J. eds.). T & AD
Poyser, London : 594-595.
Dronneau C., 1994. Fauvette babillarde. In : Nouvel atlas des oiseaux nicheurs de France. 1985-1989
(Yeatman-Berthelot D. & Jarry G. eds). Société Ornithologique de France, Paris : 572-573.
Dubois Ph.J., Le Maréchal P., Olioso G. & Yésou P., 2000. Inventaire des Oiseaux de France.
Avifaune de la France métropolitaine. Nathan, Paris, F : 397 pp.
Mayaud N., 1936. Inventaire des oiseaux de France. Société d'Études Ornithologiques,
Blot éditeur, Paris : 211 pp.
Voous K.H., 1960. Atlas of European birds. Elsevier, Amsterdam, NL : 284 pp.
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