L'actuelle aire de répartition de la Rémiz penduline couvre le sud du Paléarctique
depuis le nord-est de la Chine jusqu'à la péninsule ibérique. En Europe, sa limite
septentrionale passe par le sud de la Finlande et le centre de la Suède. Ses populations de
l'ouest de la vallée de l'Oder hivernent dans le sud-ouest de l'Europe. À partir des années
1950, la Rémiz penduline a accru son aire de reproduction depuis la Pologne, la Slovaquie
et l'est de l'Autriche, gagnant en plusieurs vagues successives l'est de l'Allemagne en 1965,
le sud de la Suède et le centre de l'Allemagne en 1975, la Finlande, le centre de la Suède, le
Danemark, les Pays-Bas et le nord-est de la France en 1985, la Belgique, enfin, entre 1987
et 1989 (Diederich et al., 1997).
En France, la présence de l'espèce est attestée dans des gisements du Pléistocène
moyen (Mourer-Chauviré, 1975), mais ne l'est plus dans les assemblages archéologiques du
Pléistocène supérieur et de l'Holocène inventoriés à ce jour.
D'après Dubois et al. (2000), la Rémiz penduline se reproduisait au 19ème siècle dans
le Var, la Basse vallée du Rhône et dans les étangs languedociens. En 1936, Mayaud la dit
sédentaire de l'ensemble du midi méditerranéen où elle reste confinée jusqu'à la fin des
années 1970.
C'est en 1979, 1986 et 1987 que sont signalées ses premières reproductions en
Alsace, en Lorraine et dans le département du Nord à partir de fondateurs originaires
d'Europe centrale (Olioso, 1994). C'est également à partir de 1986 que sa reproduction
régulière est signalée dans la Haute-Garonne, puis le Lot-et-Garonne. Paradoxalement, dès
1960, les populations relictuelles du midi méditerranéen s'étiolent, voire, disparaissent. À la
fin des années 1990, l'effectif de reproducteurs français de l'espèce était estimé à 150
couples (Dubois et al., 2000). La Rémiz penduline niche dans les ripisylves, les marais
boisés et les phragmitaies. D'après Diederich et al. (1997), l'extension occidentale de son
aire de reproduction serait corrélée à l'eutrophisation de zones humides, phénomène qui a
mis à sa disposition un abondant matériau de construction de nids, à la multiplication des
gravières et à l'abandon des mines de charbon à ciel ouvert, processus qui lui ont offert de
nouveaux sites de reproduction, et à l'augmentation des populations de l'Aphide,
Hyalopterus pruni, sa principale ressource trophique en fin d'été.
Ces informations biogéographiques et historiques ont conduit à la conclusion que la
Rémiz penduline est probablement autochtone de la frange méditerranéenne française.
Dans la seconde moitié du 20ème siècle, elle a envahi le nord-est de la France et la vallée de
la Garonne de façon probablement sub-spontanée.
L'impact de cette espèce insectivore sur les écosystèmes français qu'elle a investis
récemment n'a pas fait l'objet d'études.
La Rémiz penduline est inscrite sur la liste des oiseaux protégés en France et à
l'annexe III de la Convention de Berne (Dubois et al., 2000). Ses populations françaises ne
font pas l'objet de mesures de gestion particulières.
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Experts |
Fiche rédigée par |
Philippe CLERGEAU
Muséum National d'Histoire Naturelle
Conservation des espèces
57 rue Cuvier
75005 Paris
Michel PASCAL
Insitut National de la Recherche Agronomique
Campus de Beaulieu - Avenue du Général Leclerc
35042 Rennes Cedex
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Bibliographie |
Dubois Ph.J., Le Maréchal P., Olioso G. & Yésou P., 2000. Inventaire des Oiseaux de France.
Avifaune de la France métropolitaine. Nathan, Paris, F : 397 pp.
Diederich J., Flade M. & Lipsbergs J., 1997. Penduline Tit Remiz pendulinus. In : The EBCC atlas of
european breeding birds : their Distribution and Abundance (Hagemeijer E.J.M. & Blair M.J. eds.).
T & AD Poyser, London : 556-557.
Mayaud N., 1936. Inventaire des oiseaux de France. Société d'Études Ornithologiques,
Blot éditeur, Paris : 211 pp.
Mourer-Chauviré C., 1975. Les oiseaux du Pléistocène moyen et supérieur de France. Thèse d'État
Université Claude Bernard, Lyon, n° 75-14.
Olioso G., 1994. Rémiz penduline. In : Nouvel atlas des oiseaux nicheurs de France. 1985-1989
(Yeatman-Berthelot D. & Jarry G. eds). Société Ornithologique de France, Paris : 628-629.
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