ZNIEFF 010000029
Anse à l'Eau

(n° régional : 00000039)

Commentaires généraux

Espace littoral varié qui s'étend sur une demi-douzaine de kiomètres et renferme des milieux très originaux avec

- des falaises hautes présentant des plateaux tabulaires, des murailles instables ou blocs décrochés s'effondrant dans la mer,

- une côte découpée battue par les vagues avec des anses, des criques ou plages de sable mais aussi des galets, de corail suivant l'action conjuguée de la mer et ou des vents

- longue barrière de corail, lagune

- sur le cordon littoral des sources (résurgence d'eau) et puits, dolines sèches,

- en arrière littoral, des grottes, des collines, des vallons avec des ravines sèches.

Ces particularités topographiques locales contribuent à la richesse du site, à son intérêt biologique, paysager et patrimonial majeur.

Sur le plan patrimonial, ce massif forestier dont la végétation, de type semi-décidue et haute d'une quinzaie de mètres par endroits, est l'une des unités sylvatiques les mieux conservées et les plus riches des secteurs de la Grande-Terre soumises au biotclimat sec. Elle a conservé un haut degré d'organisation, une grande diversité floristique (120 espèces) et recèle plusieurs espèces protégées et espèces rares parmi lesquelles Sideroxylon foetidissimum fièrement dressés (15m de haut, 125 cm de circonférence), Rochefortia spinosa, Sideroxylum obovatum, Antirrhoea acutata, Neolaugeria resinosa. Certaines sont particulièrement structurantes et font preuve d'une régénération active, dans cette dynamique forestière progressive.

Sur les étendues sableuses du cordon littoral, la végétation psammophile, rampante à Patate bord de mer (Ipomoea pes capreae) ou arbustive à Argusia gnaphallodes, Scaveola plumieri, Surriana maritima, précède un rideau de Raisin bord de mer et une forêt littorale sur sable à Thespesia populnea, Parkinsonia aculeata en association avec Hippomane mancinella dont certains de belle taille. Dans le sous-bois s'observe: Rivina humilis, Justicia eustachiana.

Sur les bancs indurés en arrière de plage (beach rock ou grès de plage) des herbes soleil Borrichia arborescens, à côté de palétuviers Laguncularia racemosa et Conocarpus erectus.

Face à la plage, la végétation de la baie, battue par les vents chargés d'embruns, est soumise à des contraintes naturelles (sol court,..) et anthropiques (fréquentation, camping toléré à Pâques, déchets, chasse, pâturages, pêche notamment à l'épervier) qui ont généré, en arrière du cordon littoral, des taillis épineux (Acacia, Ziziphus, Haematoxylon, Pithecellobium, Zanthoxylum..) dans lesquels s'établissent par endroits des plantes aux feuilles charnues (Pedilanthus tithymaloides). Cette formation dépasse rarement 5m de hauteur et montre des stigmates de cyclones et autres vents violents (arbres morts debout, ou avec des branches cassées chez Jacquinia armillaris, Erithalis fruticosa, Krugiodendron ferreum).

Dans les situations abritées, comme les dépressions, les ravines intermittentes, la couverture végétale, bénéficiant de conditions moins contraignantes, se complexifie, se densifie jusqu'à réaliser deux strates avec des Pisonia subcordata et Bursera simaruba de 12 m de haut et 200 cm de circonférence. A la différence de la Baie Olive proche, riche en Sapindus saponaria, les coulées ou dépressions s'enrichissent ici en Krugiodendron ferreum et Sideroxylon foetidissimum, ce qui fait de ce site l'une des plus grandes concentrations des Antilles françaises pour cette dernière espèce (une cinquantaine d'individus).

Cette pluralité de faciès se traduit par des compositions floristiques, des abondances, des physionomies et conditions d'installation différentes pour chacune des unités de cet ensemble. L'intérêt faunistique marin, terrestre et aviaire, est indéniable (tourterelle, colibri, ramier, grive, sterne, pélican, frégate, pahsmes, araignée fait fil, Bernard l'hermite..). C'est un site relictuel de ponte des tortues marines Chelonia mydas et Eretmochelys imbricata (source Réseau tortues marines de guadeloupe). Gérard Chovet signale la présence potentielle d'un petit lépidoptère (Chlorostymon simaethis simaethis), le Thécla de la liane persil (Cardiospermum halicacabum).

Activités, menaces. Sur ce site d'intérêt historique et de qualité paysagère exceptionnelle un équipement très léger (sentier balisé, panneaux, blocs rocheux pour limiter l'accès des véhicules à moteur y compris des nombreux quads et engins militaires fréquentant les lieux,..) permet la découverte et augmente l'attrait des lieux très prisés durant les fêtes traditionnelles de pâques et de pentecôtes. La structure végéale s'altère en bordure des chemins empruntés. Certaines parties du littoral concerné, site de ponte de tortues marines, ont fait l'objet de prélèvements importants de sable (source Eric Delcroix).

Propositions: Bien que l'Etat soit propriétaire d'une grande partie des terrains, des mesures complémentaires de protection et de gestion (classement, plan de gestion) s'imposent pour sauvegarder ces reliques forestières, parmi les plus matures , les plus élaborées ou mâtures actuellement en Grande terre, et donc les éléments exceptionnels de la reconstitution vers la sylve originelle.

félix.lurel@wanadoo.fr, version 20 juin 2007 revue le 10 juillet avec membres CSRPN

Commentaires sur la délimitation
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