ZNIEFF 110001498
PRAIRIE HUMIDE DE LA GRAVELLE ET SES ABORDS

(n° régional : 78406002)

Commentaires généraux

La prairie de la Gravelle et ses abords boisés constituent un espace naturel humide de grande valeur écologique. Au sein de cet ensemble diversifié d'habitats hygrophiles (prairies humides, roselières, bas-marais, rivière et bois alluvial), deux habitats sont particulièrement remarquables de par leur grande rareté et leur bon état de conservation sur le site : un Bas-marais alcalin (DH) (Caricion davallianae) d'une superficie de 3,5 ha et un Bois d'aulne marécageux mésotrophe (DH) (Alnion glutinosae) qui couvre environ 8 ha. Ces deux habitats sont inscrits à l'annexe I de la Directive Européenne " Habitats " et sont même considérés comme des habitats " d'intérêt communautaire prioritaire ".

Cet espace naturel présente une très grande valeur floristique puisqu'il abrite de nombreuses espèces végétales rares et très rares dont 5 d'entre-elles sont même protégées en région Ile-de-France. La prairie humide et le bas-marais alcalin pâturés abritent l'essentiel de cette richesse floristique. On y trouve les plus belles populations du Parc naturel régional de Parnassie des marais (PR/R) (Parnassia palustris), de Linaigrette à feuilles étroites (PR/AR) (Eriophorum polystachyon) et d'Orchis négligé (PR/AR) (Dactylorhiza praetermissa), espèces protégées caractéristiques des tourbières alcalines et des prairies tourbeuses, ainsi que quelques pieds de Peucédan des marais (PR/R) (Peucedanum palustre) et de Laîche de Maire (PR/R) (Carex mairei), autres espèces rares et protégées que l'on rencontre respectivement dans les roselières sur substrat tourbeux et dans les tourbières basiques.

On y trouve également la Laîche jaunâtre (R) (Carex flava), espèce rare souvent associée aux prairies humides sur substrat alcalin, et le très rare Catabrose aquatique (TR) (Catabrosa aquatica), qui se développe ici en constituant de beaux gazons amphibies au niveau de l'ancien bief envasé.

Au niveau de l'aulnaie marécageuse, il convient de signaler la présence du rare Bléchnum en épi (R) (Blechnum spicant), fougère rare en plaine que l'on rencontre dans les bois marécageux généralement sur sols acides, souvent aux abords des fossés humides.

De nombreuses plantes assez rares en région Ile-de-France sont par ailleurs signalées de la prairie humide comme les Laîches noir (Carex nigra) et vert-jaunâtre (Carex viridula ssp. oedocarpa), le Cirse anglais (Cirsium dissectum), le Callitriche à angles obtus (Callitriche obtusangula), l'Orchis incarnat (Dactylorhiza incarnata), les Epilobes vert foncé (Epilobium obscurum) et des marais (Epilobium palustre), l'Epipactis des marais (Epipactis palustris), le Millepertuis anguleux (Hypericum maculatum ssp. obtusiusculum), le Trèfle d'eau (Menyanthes trifoliata), la Scorzonère des prés (Scorzonera humilis) et le Séneçon des marais (Senecio paludosus).

Ces milieux humides présentent également une très grande valeur entomologique puisque près de 700 espèces d'insectes y ont été inventoriées parmi lesquelles de nombreuses espèces rares dont 9 d'entre elles sont protégées dans notre région.

C'est le cas du Panagéus à grande croix (PR) (Panageux crux-major), carabique rare des prairies tourbeuses et des grands marais, du Conocéphale gracieux (PR) (Rupsolia nitidula), sauterelle hygrophile et thermophile inféodée aux grandes zones marécageuses qui se trouve en limite nord-occidentale de son aire de distribution dans notre région, de l'Ecaille marbrée-rouge (PR) (Callimorpha dominula), papillon des prairies humides et des bords de cours d'eau dont l'essentiel des populations régionales se rencontre sur le massif rambolitain, du Sympetrum noir (PR) (Sympetrun danae), du Cordulégastre annelé (PR) (Cordulegaster boltonii boltonii), de la Grande Aeschne (PR) (Aeshna grandis), de l'Agrion mignon (PR) (Coenagrion scitulum) et de l'Agrion nain (PR) (Ischnura pumilio), libellules rares et protégées qui profitent de la présence, sur le site, de nombreux habitats favorables à leur développement comme les résurgences et les sources intraforestières, les mares et les noues marécageuses, l'ancien bief envasé et le cours de la rivière, et enfin la Cicadelle oreillarde (Ledra aurita), homoptère des clairs-bois humides et marécageux qui se developpe ici sur les aulnes.

D'autres espèces remarquables sont également signalées sur ce site comme les Criquets palustre (Chorthippus palustris) et ensanglanté (Stetophyma grossum) pour lesquels la prairie de la Gravelle constitue à la fois la plus belle et l'une des dernières stations régionales de ces deux espèces d'orthoptères inféodés aux bas-marais et aux zones de branloirs marécageux, l'Anchomène triste (Agonum lugens), le Panagéus à deux taches (Panageus bipustulatus), le Ptérostique inégal (Pterostichus inaequalis), l'Elaphre des marécages (Elaphrus uliguinosus) et le Cténicère tesselé (Actenicerus sjaelandicus), coléoptères des grands marais ensoleillés devenus extrêmement rares en Ile-de-France, ou encore du Nacré de la Sanguisorbe (Brenthis ino), papillion localisé dans les vallées humides du sud des Yvelines qui prospére ici dans les zones de mégaphorbiaies.

Beaucoup d'autres espèces intéressantes et peu fréquentes d'insectes rencontrés sur ce site doivent être signalées, notamment des coléoptères comme le Carabe à chapelets (Carabus monilis), le Drypte échancré (Drypta dentata), la Lébie à tête verdâtre (Lebia chlorcephala), des donacies (Donacia vulgaris, Donacia versicolorea & Plateumaris consimilis), des onthophages (Onthophagus coenobita & vacca), le Charançon revêtu (Tanymecus palliatus), l'Ulome des cuisines (Uloma culinaris), le Clairon des rayons (Trichodes alvearius) et le Crache sang (Timarcha tenebricosa), des odonates comme l'Orthétrum bleuissant (Orthetrum coerulescens), l'Agrion graçieux (Coenagrion pulchellum) et le Leste brun (Sympecma fusca), des lépidoptères comme le Grand Mars changeant (Apatura iris), la Zygène de la filipendule (Zygaena filipendulae) et l'Hespérie de l'Alcée (Carcharodus alceae), ou encore des orthoptères comme le Criquet marginé (Chortippus albomarginatus) et la Decticelle bariolée (Metrioptera roeselii) pour ne citer que les principales.

On signalera enfin que les prairies et les abords des mares constituent un site d'hivernage privilégié pour la Bécassine des Marais (Gallinago gallinago) dont 15 à 20 individus sont régulièrement observés en hiver parmi lesquels se mêlent parfois quelques individus de la rare Bécassine sourde (Lymnocryptes minimus).

De par l'existence de plusieurs habitats d'intérêt communautaire, de leur bon état de conservation et de la présence de nombreuses espèces animales et végétales rares et protégées, la prairie humide de la Gravelle et ses abords se révèle être l'un des sites d'intérêt écologique les plus riches du Parc naturel régional

Commentaires sur la délimitation

La délimitation proposée tient compte de la répartition des espèces remarquables, des habitats qui leur sont associés et de la fonctionnalité de cet ensemble de milieux humides ouverts et boisés organisés autour de la rivière (structure homogène et cohérente, zone d'expansion naturelle des crues). Une portion de l'axe routier D91 a cependant été inclus au périmètre en dépit de son caractère fortement anthropisé. Au niveau cartographique, la délimitation est principalement calée sur des éléments physiques facilement identifiables comme les axes routiers, les sentes pédestres et les lisières forestières. Cette délimitation correspond, à peu de chose près, au périmètre du site natura 2000.