ZNIEFF 210000099
MARAIS DE LA VANNE A VILLEMAUR-SUR-VANNE

(n° regional: 00000002)

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Le marais de la Vanne se situe entre les communes de Villemaur et de Neuville-sur-Vanne, à environ 30 km de Troyes, à la limite des régions naturelles de la Champagne crayeuse et du Pays d'Othe. Il constitue une ZNIEFF I d'une centaine d'hectares regroupant des boisements, des prairies paturées humides et différents stades de la tourbière alcaline, dont certains font partie de l'annexe I de la directive Habitats :

- la magnocariçaie à laîche paradoxale, laîche des rives, laîche raide, jonc à tépales obtus, patience agglomérée, épiaire des marais, etc. Elle est encore pâturée de façon extensive par des bovins : entre les touradons, dans les zones de tourbe mise à nu par le pâturage, se développent l'écuelle d'eau et la renoncule petite douve.

- la roselière, composée essentiellement de phragmite et de calamagrostis des marais, avec le cirse maraîcher, l'eupatoire chanvrine, la salicaire, la lysimaque vulgaire, la gesse des marais, la laiche paradoxale, le saule rampant.

- la mégaphorbiaie est constituée par de hautes herbes où dominent la reine des prés et le cirse maraîcher. Ils sont accompagnés par l'angélique sauvage, l'eupatoire chanvrine, l'ortie dioïque, le liseron des haies, le gaillet gratteron, le gaillet des fanges, le séneçon des marais, etc. Elle est parsemée, ainsi que la roselière, d'arbustes tels que la bourdaine, la viorne obier, le saule cendré et par quelques bouleaux.

- la moliniaie comprend notamment la molinie bleue, le cirse anglais, le saule rampant, l'oenanthe de Lachenal, la prêle des marais, la laîche bleuâtre, la gentiane pneumonanthe, le genêt des teinturiers, l'épipactis des marais, la succise des prés, etc.

De nombeuses espèces rares ou protégées peuvent s'y rencontrer (la renoncule grande douve bénéficiant d'une protection nationale n'a pas été revue depuis 1985, le ményanthe trèfle d'eau est considéré comme disparu depuis 1975) : cinq espèces sont protégées au niveau régional, la laîche paradoxale (disséminée dans presque tous les groupements du marais et particulièrement bien représentée dans la magnocariçaie), le saule rampant (assez bien représenté ici), la gesse des marais (rare et très localisée, le thélyptéris des marais (redécouvert dans une prairie pâturée extensivement) et une orchidée, l'orchis négligé. Ils sont inscrits sur la liste rouge des végétaux menacés de Champagne-Ardenne, de même que l'oenanthe de Lachenal et l'orchis incarnat (mais non revu récemment).

Les broussailles disséminées au sein du marais relèvent de la saulaie basse, essentiellement composée de saule cendré, accompagné parfois de saule à trois étamines, de bourdaine, de sureau noir, d'aubépine épineuse. L'aulnaie marécageuse est très localisée : la strate arborée est presque exclusivement constituée d'aulne glutineux, plus rarement de bouleaux, avec pour la strate arbustive, la viorne obier, le cornouiller sanguin, le merisier, le fusain d'Europe et pour la strate herbacée la laîche des marais, la ronce bleue, la morelle douce-amère, l'iris jaune, la fougère femelle, la fougère mâle, le polystic spinuleux. Dans les zones moins inondées se développe l'aulnaie-frênaie dont la strate arborescente est constituée d'aulnes glutineux, de frênes et de quelques saules (saule blanc, saule cendré) avec, dans le tapis herbacé, une prédominance des grands carex et des fougères.

Les prairies mésohygrophiles eutrophes sont riches en graminées (ray-grass, houlque laineuse, fléole des prés, fétuque rouge, fétuque roseau, paturin des prés) et en herbes variées (trèfle rampant, cardamine des prés, lotier corniculé, luzerne lupuline, lychnis fleur de coucou, bouton d'or, oseille sauvage, pissenlit, etc.). Pâturées par des bovins, elles couvrent environ le quart de la superficie de la ZNIEFF.

La végétation de la rivière de la Vanne, très classique, est constituée de renoncule flottante, nénuphar jaune, élodée du Canada et de rubanier rameux. Sur les rives s'observent de grosses touffes de patience des eaux et des touradons de laîche paniculée. La rivière possède une bonne qualité des eaux, elle est classée en première catégorie et abrite surtout des truites (truite arc-en-cie et truite fario, sauvage ou issue de lâchers), mais on peut également y observer des brochets, des vairons, des chevaines et des vandoises. L'écrevisse à pieds blancs est aussi présente : protégée en France depuis 1983, elle figure à l'annexe III de la convention de Berne, aux annexes II et IV de la directive Habitats, dans le livre rouge de la faune menacée en France (catégorie "vulnérable") et sur la liste rouge régionale.

On remarque le long de la rivière et dans le marais certaines libellules (aeschne bleue, orthetrum réticulé et anax empereur) et des demoiselles (agrion à larges pattes, petite nymphe au corps de feu, caloptérix éclatant et caloptérix vierge), de nombreux papillons (belle-dame, myrtil, sphinx du tilleul, paon du jour, écaille du séneçon, vulcain, etc.), des sauterelles (grande sauterelle verte, conocéphale discolor) et un criquet chanteur.

La vipète péliade peut s'y rencontrer : protégée en France depuis 1993, elle est inscrit à l'annexe III de la convention de Berne, figure dans le livre rouge de la faune menacée en France et sur la liste rouge régionale. La grenouille verte et la grenouille agile ont été observées dans les zones les plus humides du marais. La grenouille rousse, le crapaud et le triton palmé (figurant dans le livre rouge) les accompagnent.

L'avifaune du marais de Villemaur se caractérise par la présence de nombreux oiseaux paludicoles (râle d'eau, locustelle tachetée, bruant des roseaux, phragmites et rousseroles diverses), des espèces des milieux buissonnants (fauvette grisette, fauvette à tête noire, accenteur mouchet, bouvreuil pivoine, linotte mélodieuse, pouillot fitis). D'autres occupent les berges de la rivière (chevalier guignette, martin pêcheur, bergeronnette grise, bergeronnette printanière, etc.).

Une vingtaine d'espèces nicheuses font partie de la liste rouge des oiseaux menacés de Champagne-Ardenne, parmi lesquelles la pie-grièche écorcheur (zones pâturées du marais) et la pie-grièche grise, le vanneau huppé et le tarier d'Europe (qui nichent dans les prairies humides), l'hirondelle de rivage (qui niche sur le site à proximité de Villemaur et chasse au dessus du marais), le phragmite des joncs et la rousserole turdoïde (dans les roselières et cariçaies), la locustelle luscinoïde, la bouscarle de Cetti (dans les saulaies buissonnantes), le cochevis huppé, certains rapaces diurnes ou nocturnes (faucon hobereau, chouette chevêche et plus occasionnellement hibou des marais, busard cendré, busard des roseaux), etc. Le petit gravelot, le rougequeue à front blanc et le chevalier guignette (qui figure sur la liste rouge nationale des oiseaux) ont été observés à plusieurs reprises sur le marais et sont considérés comme des nicheurs potentiels.

De plus, par sa situation géographique, le marais de Viilemaur constitue un pôle d'hivernage régulier et surtout une halte migratoire pour de nombreux oiseaux dont certains sont rares ou menacés : oedicnème criard, bécassine des marais, chevalier guignette, chevalier aboyeur, canard chipeau, sarcelle d'été, canard souchet, canard pilet, bécasse des bois, grue cendrée, marouette ponctuée, etc. Pour les mammifères, le putois, le vison d'Europe, l'hermine, le sanglier, le chevreuil, le renard et le blaireau sont les hôtes réguliers du marais. La loutre, disparue depuis une vingtaine d'années, était signalée et chassée depuis le XIVème siècle dans le secteur : les traces incontestables de sa présence ont été répérées pour la dernière fois en 1978.

Le marais de Villemaur constitue un patrimoine naturel d'intérêt régional exceptionnel ; il fait partie intégrante du patrimoine paysager et culturel local et présente à ce titre un certain intérêt pédagogique. La chasse, la pêche et le ramassage des escargots y sont très régulièrement pratiqués. Un Arrêté préfectoral de Protection de Biotope a été pris en 1991 sur près de 31 hectares, loués et gérés depuis 1996 par le Conservatoire du Patrimoine Naturel de Champagne-Ardenne. La ZNIEFF a été proposée dans le cadre de la directive Habitats : en 2001 a demarré la rédaction du Document d'Objectifs du "Marais de la Vanne" sur une centaine d'hectares en vue de son intégration à NATURA 2000. Le marais est encore en bon état, mais il est menacé par l'assèchement (pompage de l'eau pour arroser les cultures voisines) et l'atterrissement qui en découle (dépérissement des groupements les plus hygrophiles) et l'avancée des ligneux par la dynamique naturelle (tendance au mitage de la tourbière et extension de la saulaie), la mise en culture et les plantations de peupliers. En 1999, des travaux de gestion ont été mis en œuvre : débroussaillage et coupe des arbres (saules, bourdaine, bouleau), mise en place d'un pâturage extensif par des vaches charolaises et étrépage ponctuel.

Comments on the delimitation

La ZNIEFF englobe les milieux biologiquement les plus riches d'un marais et de ses milieux associés (groupements marécageux, prairies et bois) situés dans la vallée de la Vanne à l'ouest de Villemaur-sur-Vanne. Elle est limitée par les milieux plus artificialisés ou plus banals.