ZNIEFF 210020118
MARAIS ET BOIS DE LA VALLEE DU PARS AU SUD-OUEST DE ROMILLY-SUR-SEINE

(n° régional : 00000577)

Commentaires généraux

La ZNIEFF des marais et bois de la vallée du Pars est située au sud-ouest de Romilly-sur-Seine, dans le département de l'Aube. Elle est constituée par des milieux marécageux relictuels (qui ont beaucoup régressé devant les cultures qui atteignent aujourd'hui 40% de la superficie totale de la ZNIEFF), des boisements divers (boulaies sur tourbe, chênaies-frênaies, aulnaies, saulaies et peupleraies), des mares, des fossés et le ruisseau du Pars.

Les marais sont constitués par une variété de milieux enchevêtrés, avec différents stades de la tourbière alcaline (dont certains font partie de l'annexe I de la directive Habitats) :

- La cladiaie se développe dans les secteurs les plus humides du marais (surtout dans la partie aval de la ZNIEFF). Sa végétation est fortement dominée par le marisque, accompagné par la laîche vert jaunâtre, le jonc à tépales obtus, le calamagrostis lancéolé, la prêle des marais, la laîche bleuâtre, le scirpe des marais. Sur ses bordures, souvent en limite de boisement, se rencontre le saule rampant, protégé au niveau régional et inscrit sur la liste rouge des végétaux de Champagne-Ardenne. La vitalité du marisque peut parfois aboutir à la disparition des espèces présentes dans la cladiaie et à la formation d'un groupement monospécifique. Elle a de plus une forte tendance au boisement et localement peut être totalement colonisée par les bouleaux et les saules.

- Les magnocariçaies sont dominées par différentes laîches qui forment des touradons caractéristiques : cariçaies à laîche raide, laîche des marais, laîche d'Otruba, laîche des rives. Elles abritent notamment le peucédan des marais (protégé et inscrit sur la liste rouge).

- Les roselières sont constituées par le phragmite, la baldingère, le gaillet des marais, le gaillet des fanges, le rubanier rameux, la menthe aquatique, la massette à feuilles larges, l'iris faux-acore, la menthe aquatique...

- Les communautés à reine des prés sont dominées par de grandes hélophytes : eupatoire chanvrine, angélique sylvestre, cirse des marais, valériane officinale, épilobe hirsute, morelle douce-amère, etc.

Ponctuellement on observe une orchidée protégée en Champagne-Ardenne, l'orchis négligé (au nord de Pars) ainsi que l'orme lisse (deux exemplaires situés à la cote 74 en bordure du ruisseau du Pars, au sud de la Ferme du Menay). Tous les deux font partie sur la liste rouge régionale.

Les broussailles sont disséminées sur tout le marais. Elles relèvent de la saulaie basse avec le saule cendré, le saule fragile, le sureau noir, le cornouiller sanguin, la bourdaine, la viorne obier, le bouleau verruqueux. Les boisements sont de type aulnaie-frênaie ou, dans les zones moins humides, chênaie pédonculée-frênaie. Ils sont de plus en plus remplacés par des plantations de peupliers. Au niveau du lieu dit "les Montivilliers" s'est installée une vaste boulaie sur tourbe avec, en sous bois, une saulaie basse à saule cendré, saule pourpre, saule fragile et bourdaine entrecoupée par des peuplements monospécifiques de molinie bleue.

Les mares (certaines étant de création récente) sont colonisées par des groupements à Chara, à nénuphar blanc, à potamot coloré (inscrit sur la liste rouge régionale) et écuelle d'eau. Le ruisseau du Pars a une végétation riche et bien caractérisée : on y observe la grande berle, le faux cresson, le cresson de fontaine, le populage des marais...

Le pélodyte ponctué se rencontre dans la ZNIEFF : c'est un des batraciens les plus rares de Champagne, il est en régression sur l'ensemble du territoire, protégé en France depuis 1993, inscrit sur l'annexe III de la convention de Berne, dans le livre rouge de la faune menacée en France et sur la liste rouge régionale (catégorie "vulnérable").

On y observe également deux raretés : les crustacés Gigantodiaptomus amblyodon et Lepidurus apus (espèce spécifique des flaques d'eau temporaires, rare en France avec seulement une centaine de stations répertoriées, mais plus courant dans la vallée de la Seine).

Malgré les dégradations et les pressions humaines de plus en plus fortes, cette ZNIEFF possède une bonne diversité avifaunistique : sur la trentaine d'espèces inventoriée, deux sont inscrites sur la liste rouge régionale des oiseaux nicheurs, la pie grièche écorcheur (qui niche dans le petit bois situé entre la R.N 19 et la R.D.19) et le petit gravelot. On rencontre au niveau des plans d'eau et du ruisseau, le canard colvert, la poule d'eau, le martin pêcheur, le râle d'eau. La ZNIEFF est également fréquentée par des oiseaux plus forestiers comme le gobemouche gris (même zone de reproduction que la piegrièche écorcheur), la tourterelle des bois, le pigeon ramier, le pouillot véloce, le roitelet huppé, le pinson des arbres, la grive musicienne. Dans les milieux plus ouverts et broussailleux se rencontrent l'hypolaïs polyglotte, la fauvette grisette, le grimpereau des jardins, le rossignol, les mésanges...

La musaraigne aquatique (protégée en France et inscrite sur la liste rouge des mammifères) a été contactée sur le site, de même que le renard, l'hermine, la belette, la fouine et le chevreuil.

La ZNIEFF est fortement menacée à plus ou moins long terme par l'agriculture (surtout dans sa partie sud) et les plantations de peupliers. La pression urbaine est également très forte (de nombreux lotissemennts privés ont été créés ainsi qu'une zone d'activités dans la partie nord et est de la zone). La dynamisme naturel de la végétation est aussi important (boisement rapide du marais).

Commentaires sur la délimitation

La ZNIEFF correspond aux parties les plus riches et les moins dégradées d'un marais tourbeux isolé au sein des grandes cultures.