ZNIEFF 210020178
MASSIFS BOISES DE BLINFEY ET DE CIREY-SUR-BLAISE

(n° regional: 05090000)

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Les massifs boisés situés entre Doulevant-le-Château, Charmes-en-l'Angle, Rizaucourt-Buchey et Beurville, dans le département de la Haute Marne, constituent une ZNIEFF de type II de plus de 6 500 hectares de part et d'autre de la vallée de la Blaise. Sa situation géologique et topographique (très nombreux vallons encaissés) y détermine des biotopes variés et a permis l'installation d'une végétation forestière relativement diversifiée : hêtraie neutrophile, hêtraie et chênaie-charmaie mésotrophes (dominantes), chênaie pédonculée-charmaie-frênaie de fond de combe et de bas de versant, hêtraie sèche calcicole et ponctuellement chênaie thermophile sur éboulis. Des groupements de lisières et de pelouses sur éboulis (anciennes vignes) floristiquement très riches en font aussi partie. Des plantations de pins, des accrues sur pente, des prairies mésophiles et quelques jachères et cultures enclavées complètent l'inventaire des milieux présents dans cette ZNIEFF. Le réseau hydrographique est limité à des ruisseaux intermittents (ru du Ceffondet, ru de la Vallée de l'Etang) provenant de sources ou de résurgences.

Sur les pentes escarpées et ensoleillées se développent la hêtraie calcicole thermophile et plus rarement la chênaie pubescente (pré bois sur éboulis) avec une strate arborescente composée par le hêtre, l'alisier blanc, le pin sylvestre, le chêne pubescent, le chêne sessile, l'alisier torminal. La strate arbustive renferme de nombreuses espèces calcicoles ou neutrocalcicoles (viorne mancienne, camerisier à balais, cornouiller sanguin, troène, etc.). La strate herbacée est caractérisée par de nombreuses orchidées (céphalanthère rouge et céphalanthère à feuilles en épée protégés en Champagne-Ardenne, épipactis à larges feuilles, néottie nid d'oiseau, épipactis de Müller, plus rarement orchis militaire et orchis pourpre). On y observe aussi le sceau de Salomon odorant, la laîche glauque, la laîche digitée, le brachypode penné, la valériane officinale... A certains endroits subsiste une lisière thermophile bien caractérisée avec la phalangère rameuse, le dompte-venin,l'orobanche d'Alsace, le peucédan herbe-aux-cerfs, la réglisse sauvage, la vesce à feuilles ténues, le mélampyre des prés, la marjolaine, le brachypode penné, le calament officinal, l'hellébore fétide, etc. L'orobanche d'Alsace, protégé au niveau régional et inscrit sur la liste rouge des végétaux menacés de Champagne-Ardenne se remarque au niveau du pré bois de la Réserve à Daillancourt : cette espèce parasite du peucédan herbe aux cerfs, d'origine continentale, est présente en France seulement dans le nord-est et le sud-est du pays, où elle est rare et en voie de régression importante.

Plusieurs meurgers se rencontrent dans la ZNIEFF, surtout au niveau d'anciennes vignes sur les versants des lisières sud, est et ouest du massif : certains portent des pré-bois à chêne sessile, chêne pubescent, pin sylvestre, robinier faux-acacia, genévrier, cerisier de Sainte-Lucie, églantier, avec une flore herbacée encore riche et variée. De nombreuses espèces des pelouses et des lisières thermophiles y subsistent comme par exemple le peucédan herbe-aux-cerfs, le genêt des teinturiers, l'euphorbe verruqueuse, la coronille bigarrée, la carline vulgaire, la campanule agglomérée, la vesce à feuilles ténues, le polygala amer, la fléole noueuse, l'hellébore fétide, l'épervière précoce, le brome inerme.

La hêtraie neutrophile est de très loin le type forestier le plus représenté (plateau et pente mésotherme) : le hêtre domine souvent une strate arborescente qui comprend aussi le charme, le chêne sessile, l'érable champêtre et le chêne pédonculé. Celle-ci s'enrichit en tilleul à larges feuilles, en érables (plane et sycomore) et en orme de montagne sur les coteaux. Les ronces dominent la strate arbustive également constituée par le bois joli, l'aubépine monogyne, le rosier des champs… La strate herbacée est caractérisée par la mélique uniflore, le lamier jaune, l'aspérule odorante, l'épipactis à labelle étroits (inscrit sur la liste rouge régionale), l'orge d'Europe, l'euphorbe des bois, le sceau de Salomon multiflore. En lisière se remarquent le trèfle intermédiaire, le brachypode des bois, la digitale jaune, la laîche de Paira, l'aigremoine eupatoire, la gesse des prés, le gaillet mou… Une forêt plus mésotrophe se rencontre fréquemment sur les limons. On y remarque le néflier, le houx, le chèvrefeuille des bois et, dans la strate herbacée, la luzule poilue, la véronique des montagnes, la violette de Rivin, le millet diffus, la germandrée scorodoine, la canche cespiteuse.

En bas de pente apparaît une variante plus fraîche enrichie en frêne, charme, chêne pédonculé, érable sycomore, érable champêtre, poirier commun, pommier sauvage, noisetier, orme champêtre. La strate arbustive comprend le groseillier à maquereaux, le groseillier rouge, le sureau noir. Le tapis herbacé renferme la ficaire fausse-renoncule, la corydale solide, la moschatelline, la renoncule tête d'or, la sanicle d'Europe, la circée de Paris, l'oseille sanguine l'épiaire des bois, l'oxalide petite oseille.

Au niveau des escarpements rocheux de quelques lisières et clairières forestières (Charmes-la-Grande, Flammerécourt, etc.), subsistent des groupements de pelouses sèches, floristiquement très variées. Elles sont constituées par de nombreuses graminées (brome dressé, fétuque de Leman, brize intermédiaire, koelérie pyramidale) et sont riches en orchidées, avec l'ophrys araignée, inscrit sur la liste rouge régionale des végétaux, l'ophrys frelon, l'ophrys mouche, l'orchis pourpre, l'orchis mâle, l'orchis militaire, l'orchis pyramidal, l'orchis bouc, l'orchis moucheron, l'acéras homme pendu, l'épipactis brun-rougeâtre, la platanthère à deux feuilles et la listère ovale. Elles sont accompagnées par le séséli des montagnes, le cytise pédonculé, l'anémone pulsatille, l'hélianthème jaune, la laîche printanière, le polygala du calcaire, le genêt des teinturiers, l'orobanche du gaillet, le peucédan herbe aux cerfs, la potentille printanière, la brunelle à grandes fleurs, la germandrée des montagnes et la germandrée petit-chêne. Certaines sont plus ou moins broutées par les chevreuils (abondants), ce "pâturage" réduisant alors la fermeture du milieu par la dynamique naturelle.

De belles prairies de fauche ou pâturées se rencontrent çà et là dans les vallons. Les graminées fourragères dominent la flore prairiale: le fromental, l'agrostis stolonifère, le pâturin commun, le pâturin des prés sont les plus abondants ; ils sont accompagnés par l'avoine dorée, l'avoine pubescente, le dactyle aggloméré, la fétuque des prés, la houlque laineuse, la flouve odorante, etc. La végétation comprend aussi le trèfle blanc, le trèfle des prés, le sainfoin, la gesse des prés, la berce sphondyle, le crépis bisannuel, la grande marguerite, le lotier corniculé, la renoncule âcre, le salsifis des prés, la centaurée jacée, l'achillée millefeuille…

La faune estd'un très grand intérêt. Les oiseaux sont particulièrement bien représentés avec, sur la soixantaine d'espèces contactées, cinq espèces inscrites sur la liste rouge des oiseaux nicheurs de Champagne-Ardenne : l'alouette lulu et la pie-grièche écorcheur dans les milieux ouverts et buissonnants, le pic cendré (nicheur très rare et en régression alarmante), le faucon hobereau, et le milan royal (dont les populations sont en régression dans la région).

Des espèces plus communes fréquentent également la ZNIEFF : les milieux ouverts et broussailleux accueillent la linotte mélodieuse, le chardonneret élégant, le bouvreuil pivoine, l'alouette des champs, le serin cini, le bruant jaune, le pipit des arbres, la bergeronnette printanière, la locustelle tachetée... Dans les bois se rencontrent de nombreux pics (pic vert, pic épeiche, pic mar et pic noir), mésanges (charbonnière, nonnette, boréale, bleue, huppée, noire), fauvettes (des jardins, à tête noire), pouillots (pouillot véloce et pouillot fitis dans les ourlets forestiers et les peuplements semi-ouverts), la sittelle torchepot, le troglodyte mignon, l'accenteur mouchet, le grosbec casse noyaux, la tourterelle des bois…

Le crapaud commun et le triton alpestre fréquentent la ZNIEFF. Le lézard des murailles (inscrit à l'annexe IV de la directive Habitats) et l'orvet se rencontrent aussi sur la zone.

Les mammifères sont représentés par les sangliers, les chevreuils et les cerfs (ces deux derniers avec de grosses populations) ainsi que par certains carnivores (comme le renard, la martre, la fouine, le chat sauvage, le blaireau, la belette et l'hermine), des petits rongeurs (muscardin, loir, écureuil, campagnol roussâtre, campagnol terrestre, campagnol des champs, campagnol agreste, mulot à collier, mulot sylvestre, rat des moissons) et des chauves souris : (petit rhinolophe, barbastellt, pipistrelle commune, sérotine et grand murin). Les deux premières espèces de chauves-souris se reproduisent dans la ZNIEFF : elles figurent dans les annexes II et IV de la directive Habitats et dans le livre rouge de la faune menacée en France, catégorie "vulnérable".

La mante religieuse, insecte d'origine méridional, se rencontre sur les pelouses de la ZNIEFF.

La zone, très paysagère, est dans un bon état général.

Comments on the delimitation

Les limites de la ZNIEFF correspondent aux limites principales des massifs forestiers (avec quelques cultures et prairies enclavées) et de leurs milieux associés (pelouses, meugers) à grand intérêt biologique. Les principale clairières cultivées ont été exclues du périmètre.