ZNIEFF 220013957
VALLÉE DES ÉVOISSONS

(n° regional: 80SAM120)

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DESCRIPTION

La vallée des Evoissons est située, dans sa partie amont, à cheval sur la limite entre les départements de l'Oise et de la Somme, en limite de la région naturelle du sud-amiénois et de l'Oise normande.

Inscrit dans des affleurements de craies sénonienne et turonienne, le fond de vallée des Evoissons en amont de Conty est recouvert d'alluvions récentes, mêlant sables, limons et graviers de silex. Quelques enclaves tourbeuses alcalines subsistent de-ci de-là.

D'un point de vue géomorphologique, la dissymétrie des versants est notable : une bonne partie de ceux regardant au nord (coteau d'Uzenneville, par exemple) est plus raide que ceux exposés au sud. Cette dissymétrie est surtout nette en aval de Famechon.

Le lit majeur est occupé par une mosaïque de milieux prairiaux, plus ou moins humides, de bois, de haies et de cultures, traversée par le cours d'eau et l'éventuelle ripisylve attenante.

La rivière, alimentée par des sources d'eau de très bonne qualité, est caractérisée par une pente relativement forte et un fond graveleux.

Ce substrat, peu colmaté par les vases et limons, est favorable à la reproduction de la faune salmonicole ; le cours d'eau est ainsi classé en première catégorie piscicole, avec un indice de qualité hydrobiologique élevé.

Les sources ont connu une évolution régressive au fil des siècles. Les Evoissons naissaient jadis au niveau de Sarcus, dans l'Oise, alors que leurs eaux claires n'apparaissent aujourd'hui qu'entre Daméraucourt et Eramecourt, soit au moins cinq kilomètres en aval.

Dans le fond de vallée aux abords des Evoissons, les plantations de peupliers, souvent pâturées par des bovins, ont fréquemment remplacé les traditionnelles prairies humides (Mentho-Juncion), bordées de saules traités en têtards.

En aval de Guizancourt, de nombreux étangs de petite taille, issus de l'exploitation des sables et des graviers, bordent la rivière.

Le réseau de vallées sèches de la tête de bassin incise profondément le plateau, formant des cavées aux pentes raides.

Des espaces de pelouses (Avenulo pratensis-Festucetum lemanii), de fourrés et d'ourlets thermocalcicoles (Trifolion medii), sont présents en maints endroits, notamment sur les pentes les plus fortes, où les sols caillouteux (rendzines) sont peu favorables à l'emblavement. Ces milieux secs, localement dominés par la présence des Genévriers, constituent des reliques des parcours à moutons traditionnels (coteaux de Guizancourt, de Méréaucourt, d'Eramecourt, d'Uzenneville...).

Ces pelouses évoluent, par boisement progressif, vers des hêtraies thermocalcicoles (Daphno laureolae-Fagetum sylvaticae), sur les versants les plus chauds.

La grande majorité des coteaux aujourd'hui boisés a connu le passage de la charrue. Les nombreuses terrasses encore visibles en sous-bois en témoignent.

Des vignes étaient également présentes, autrefois, sur les versants ensoleillés. Leurs traces toponymiques subsistent parfois : "Bois des Vignes", en face de Bergicourt, ou "Les Vignettes" entre Sarcus et Elencourt.

Les croupes et les rebords du plateau sont le plus souvent occupés par des milieux boisés.

Les hêtraies, parfois accompagnées de Houx en sous-étage, ainsi que les chênaies-charmaies à Jacinthe (Hyacinthoido-Fagetum) et à Aspérule odorante, dominent sur les argiles à silex. Les traitements sylvicoles sont essentiellement des taillis sous futaie et des futaies de reconversion.

Les versants frais exposés au nord portent des peuplements d'érables, de frênes, et de hêtres à sous-bois de Mercuriales (Mercurialo perennis-Aceretum). Certaines pentes, exposées au nord, abritent des hêtraies-frênaies à Scolopendre (Phyllitido-Fraxinetum), dans le "Bois de la Hetroye", à l'ouest de Famechon par exemple.

Quelques vieux vergers à cidre parsèment les pâtures, en bordure des villages.

INTERET DES MILIEUX

Les dernières pelouses et lisières thermocalcicoles, sur les larris, abritent encore une flore et une faune caractéristiques et menacées. A la suite de la quasi-disparition de l'élevage ovin extensif, les pelouses sèches sont aujourd'hui relictuelles et en voie de disparition dans toutes les plaines d'Europe du nord. Ces milieux sont inscrits à la directive "Habitats" de l'Union Européenne, de même que les boisements froids des pentes nord.

Les systèmes de rideaux bien conservés sont, par ailleurs, des témoins de systèmes agraires, adaptés aux contraintes du milieu, et qui se raréfient.

Certains milieux aquatiques, favorisés par des conditions physico-chimiques favorables, permettent le développement d'herbiers abritant des espèces rares.

La rivière de bonne qualité permet la reproduction des Salmonidés (Truite fario) indigènes et d'oiseaux remarquables.

INTERET DES ESPECES

Flore

Flore calcicole remarquable avec :

- la Parnassie des marais (Parnassia palustris*), sur une pelouse-ourlet orientée au nord ;

- la Germandrée des montagnes (Teucrium montanum*), sur les éboulis crayeux ;

- le Daphné lauréolé (Daphne laureola) ;

- le Daphné mézéréon (Daphne mezereum) ;

- la Pyrole à feuilles rondes (Pyrola rotundifolia rotundifolia*), sur des bois de pente nord ;

- l'Epiaire des Alpes (Stachys alpina) ;

- l'Hellébore fétide (Helleborus foetidus) ;

- le Polygale chevelu, (Polygala comosa*) ;

- la Belladone (Atropa bella-donna) ;

- le Séséli libanotide (Seseli libanotis) ;

- le Bugle petit pin (Ajuga chamaepitys) ;

- la Chlore perfoliée (Blackstonia perfoliata) ;

- la Globulaire ponctuée (Globularia bisnagarica)...

Cortège d'orchidées assez rares à très rares et menacées qui croissent sur les pelouses à Genévriers et les lisières ensoleillées :

- l'Ophrys araignée (Ophrys sphegodes*),

- l'Epipactis de Müller (Epipactis muelleri),

- l'Epipactis brun rouge (Epipactis atrorubens),

- l'Ophrys mouche (Ophrys insectifera),

- la Céphalanthère blanche (Cephalanthera damasonium),

- l'Orchis singe (Orchis simia),

- l'Orchis militaire (Orchis militaris),

- l'Ophrys bourdon (Ophrys fuciflora),

- la Neottie nid-d'oiseau (Neottia nidus avis),

- l'Anacamptis pyramidal (Anacamptis pyramidalis)...

Flore des zones humides relictuelles :

- la Dactylorhize négligé (Dactylorhiza praetermissa*),

- la Benoîte des ruisseaux (Geum rivale),

- le Petasite officinal (Petasites officinalis)...

Flore acidophile : Scille à deux feuilles (Scilla bifolia) et Corydale solide (Coydalis solida), dans le Bois de Conty, Gnaphale des forêts (Gnaphalium sylvaticum)...

Bryophytes remarquables, notamment Southbya nigrella (espèce méditerranéo-atlantique) et Rhytidium rugosum, sur les affleurements crayeux.

Faune

Avifaune d'intérêt européen (espèces inscrites en annexe I de la directive "Oiseaux") :

- la Bondrée apivore (Pernis apivorus) ;

- le Busard Saint-Martin (Circus cyaneus), dans les bois et les clairières ;

- le Martin-pêcheur (Alcedo atthis), sur les Evoissons et les étangs ;

- l'Alouette lulu (Lullula arborea), peut-être disparue, à retrouver ;

- le Pic noir (Dryocopus martius) dans les bois, de hêtres notamment.

Le Râle d'eau (Rallus aquaticus) et le Cygne tuberculé (Cygnus olor) nichent sur les plans d'eau bien végétalisés, où se posent également de nombreux anatidés, limicoles, ardéidés..., en période migratoire ou hivernale (Cigognes, Aigrettes, Hérons, Bécassines, Chevaliers, Pluviers, Canards, Oies...), ainsi que des rapaces (Balbuzard pêcheur, Milans...).

On note également la présence de l'Hypolaïs ictérine (Hippolais icterina), du Faucon hobereau (Falco subbuteo), du Bruant zizi (Emberhiza cirlus), du Rougequeue à front blanc (Phoenicurus phoenicurus)...

Mammifères remarquables :

- le Muscardin (Muscardinus avellanarius), dans les lisières, clairières... ;

- le Crossope aquatique (Neomys fodiens), dans les zones humides.

Chiroptères en hibernation dans les cavités et se reproduisant probablement dans, ou à proximité, de la vallée :

- le Grand Rhinolophe (Rhinolophus ferrumequinum),

- le Grand Murin (Myotis myotis),

- le Vespertilion à oreilles échancrées (Myotis emarginatus),

- le Vespertilion de Natterer (Myotis nattereri)...

Parmi les lépidoptères, le Damier de la Succise (Euphydryas aurinia*), menacé en Europe et légalement protégé, ou des espèces assez rares à très rares en Picardie comme le Fluoré (Colias australis), l'Argus bleu céleste (Lysandra coridon), la Zygène de Carniole (Zygaena carniolica), la Mélitée du Plantain (Melitaea cinxia), le Grand Mars (Apatura iris), la Petite Violette (Clossiana dia), l'Agreste (Hipparchia semele)...

Odonates comprenant notamment :

- le Calopteryx vierge (Calopteryx virgo),

- l'Agrion délicat (Ceriagrion tenellum),

- l'Agrion à longs cercoïdes (Cercion lndenii)...

D'autres groupes entomologiques recèlent également des raretés, notamment parmi les coléoptères, les diptères ou les orthoptères.

Ichtyofaune comprenant plusieurs espèces remarquables :

- la Truite fario (Salmo trutta fario) ;

- le Chabot (Cottus gobio) ;

- la Lamproie de Planer (Lampetra planeri), ces deux dernières espèces étant inscrites en annexe II de la directive "Habitats" de l'Union Européenne.

FACTEURS INFLUENCANT L'EVOLUTION DE LA ZONE

La fermeture des pelouses calcicoles par boisement spontané, à la suite de l'arrêt du pâturage, ou par plantations, notamment de résineux, entraîne une perte de l'intérêt à la fois paysager et biologique des larris.

Ceux-ci s'embroussaillent à partir des lisières et le cortège floro-faunistique inféodé aux espaces héliophiles régresse petit à petit.

Heureusement, quelques larris sont encore pâturés par des ovins (Guizancourt, Eramecourt...).

La mise en culture des prairie et la réduction des linéaires de haies, notamment au niveau des rideaux, augmentent les risques d'érosion et d'altération de la qualité des eaux des Evoissons. Elles contribuent également à la banalisation paysagère.

La réduction de l'intérêt floristique des pelouses et des prairies par les intrants agricoles et les plantations de peupliers est notable.

Les bois de feuillus semblent être gérés de façon adéquate, quand les espèces autochtones sont prédominantes. La préservation de vieux arbres, sénescents ou morts (quelques-uns à l'hectare), est très favorable à la faune cavernicole. Quelques ornières en eau et mares dispersées sont par ailleurs très importantes pour la reproduction des batraciens et pour le gibier.

N.B. : les espèces végétales dont le nom latin est suivi d'un astérisque sont légalement protégées.

Comments on the delimitation

Les contours de cette zone intègrent les milieux boisés, prairiaux, pelousaires et aquatiques les plus remarquables pour leurs habitats, leur flore et leur faune, ainsi que les connexions paysagères majeures.

Cette ZNIEFF de type I est comprise dans la ZNIEFF de type II "Vallée des Evoissons et de ses affluents en amont de Conty" qui englobe l'essentiel de l'unité géomorphologique de cette vallée.