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DESCRIPTION :
Le massif forestier situé au nord de Fère-en-Tardenois repose sur une butte très aplanie de sables de Beauchamp (Bartonien), qui recouvrent des surfaces importantes. La couche sus-jacente des calcaires de Saint-Ouen étant quasi-absente (petites dalles résiduelles au sommet des buttes dans le « Bois de Saponay »), les sables du site sont acides. A proximité du vallon, creusé par le ru, drainant le site, les calcaires du Lutétien supérieur apparaissent, mais sont recouverts par des sables soufflés et ne permettent pas le développement d’une flore calcicole typique. Au fond du vallon du ru, des dépôts de tourbe importants complètent le panorama géologique du site.
Les grandes surfaces de terrains acides ont permis le développement de végétations acidophiles variées, présentant presque toute la gamme des stades dynamiques liés à ces substrats :
- pelouses à thérophytes de l’Airion caryophylleo-praecocis,
- végétation bryophytique pionnière du Polytrichion piliferi,
- pelouses des sables mobiles du Corynephorion,
- pelouses enrichies en vivaces des Sedo-Scleranthetalia,
- pelouses thérophytiques des sables tassés humides du Vulpion ligusticae,
- pelouses stabilisées du Violion caninae,
- landes sèches subcontinentales du Calluno-Genistion,
- ourlets xérophiles du Teucrion scorodoniae,
- boisements transitoires du Querco-Betuletum,
- boisements du Fago-Quercetum.
Dans les boisements, présents sur les zones influencées par les dépôts calcaires, se trouvent des lambeaux de Carpinion à Ornithogale des Pyrénées (Ornithogalum pyrenaicum) avec, dans les layons, des ourlets du Trifolion medii à Laîche tomenteuse (Carex tomentosa).
Des plantations de résineux (Pin noir) complètent les boisements du site, particulièrement autour du « Chalet des Bruyères ».
La dépression tourbeuse centrale induit la présence de végétations particulières :
- bas-marais acides à sphaignes, en cours de formation ;
- roselières tourbeuses basophiles ;
- aulnaies tourbeuses de l’Alnion glutinosae ;
- aulnaies médio-européennes fragmentaires de l’Alno-Padion.
Le creusement d’étangs et l’ouverture de mares permettent la présence des :
- herbiers aquatiques à Chara sp. et Nitella sp. des Charetea fragilis,
- herbiers aquatiques à Utriculaire (Utricularia sp.),
- végétations des rives exondées de l’Hydrocotylo-Baldellion.
Les sables de Beauchamp font l’objet d’une exploitation à ciel ouvert dans le « Bois de Saponay ». La zone située entre la voie de chemin de fer et la D 967, près de Fère, de même que le Château de Fère, sont voués au tourisme.
INTERET DES MILIEUX :
Grande diversité de milieux sabulicoles oligotrophes rares :
- pelouses à thérophytes de l’Airetum praecocis ;
- pelouses des sables mobiles du Spergulo morisonii-Corynephoretum ;
- pelouses enrichies en vivaces des Sedo-Scleranthetalia ;
- pelouses thérophytiques des sables tassés humides du Crassulo-Aphanetum inexspectatae ;
- pelouses stabilisées du Violion caninae, riches en espèces rares ;
- landes sèches subcontinentales du Genisto-Callunetum, inscrites à la directive "Habitats".
Milieux humides remarquables :
- herbiers aquatiques à Chara sp. et Nitella sp. des Charetea fragilis ;
- herbiers aquatiques à Utriculaire (Utricularia sp.) ;
- végétation des rives exondées de l’Hydrocotylo-Baldellion, encore fragmentaire ;
- végétation potentielle du Radiolion linoidis, dans les layons sableux tassés ;
- bas-marais acides à sphaignes en cours de formation, abritant des espèces protégées ;
- roselières tourbeuses basophiles, très menacées en Picardie, dont les plus beaux exemples se trouvent dans l’Aisne ;
- petits ruisseaux à faible débit, hébergeant le Caloptéryx vierge (Calopteryx virgo).
Boisements intéressants :
- aulnaies tourbeuses de l’Alnion glutinosae,
- aulnaies médio-européennes fragmentaires de l’Alno-Padion, inscrites à la directive "Habitats" de l'Union Européenne ;
- boisements transitoires du Querco-Betuletum ;
- boisements du Fago-Quercetum.
L’ensemble forme un complexe exceptionnel pour la région, mais dont les milieux de plus grand intérêt sont de superficie réduite, et donc très sensibles.
INTERET DES ESPECES :
Cortège remarquable d'espèces des pelouses sableuses :
- l’Armérie faux-plantain (Armeria arenaria*), vulnérable en Picardie ;
- la Violette des chiens (Viola canina*), rare et vulnérable ;
- l’Oeillet couché (Dianthus deltoides), en danger en Picardie ;
- la Laîche divisée (Carex divisa), présente ici dans l’une de ses seules stations continentales du nord de la France ;
- la Teesdalie à tige nue (Teesdalia nudicaulis), très rare et en danger ;
- la Véronique en épi (Veronica spicata), exceptionnelle ;
- le Criquet des pins (Chorthippus vagans), très localisé en Picardie ;
- le Lézard des murailles (Podarcis muralis), très rare en Picardie, a fortiori en milieu naturel.
Espèces aquatiques et amphibies de très grand intérêt :
- le Rossolis à feuilles rondes (Drosera rotundifolia*), présent sur une tourbière naissante ;
- la Bruyère quaternée (Erica tetralix*), en danger de disparition ;
- l’Aconit du Portugal (Aconitum napellus ssp. lusitanicum*), présent dans les roselières basophiles ;
- le Mouron délicat (Anagallis tenella*), typique des rives temporairement exondées ;
- l’Agrion délicat (Ceriagrion tenellum), souvent rencontré dans les zones tourbeuses ;
- l’Orthetrum brun (Orthetrum brunneum), associé aux ruisselets et aux petites collections d’eau ;
- la Rainette arboricole (Hyla arborea), inscrite à l’annexe IV de la directive "Habitats".
Dans les bois :
- l’Actée en épi (Actaea spicata), espèce submontagnarde rare ;
- l’Asperge des bois (Ornithogalum pyrenaicum), bien représentée dans le sud de l’Aisne ;
- la Bécasse des bois (Scolopax rusticola), nicheur assez rare en Picardie ;
- le Rougequeue à front blanc (Phoenicurus phoenicurus), qui fréquente les boisements riches en vieux arbres ;
- la Noctule commune (Nyctalus noctula), chauve-souris forestière, assez rare en Picardie.
FACTEURS INFLUENCANT L'EVOLUTION DE LA ZONE :
- Fréquentation très importante des pelouses et des abords des étangs, provoquant à la fois une régénération de certains milieux pionniers, mais aussi une destruction directe de la faune et de la flore.
- Eutrophisation des eaux et des sables consécutive à la fréquentation, nuisible aux milieux et aux espèces oligotrophes.
- Acidification de certaines rives, favorable au développement d’espèces rares.
- Fermeture par boisement des roselières basophiles menaçant l’Aconit du Portugal.
- Creusement de plans d’eau dans les zones tourbeuses, modifiant profondément les végétations en place et la nature des sols.
- Exploitation forestière permettant globalement la conservation du patrimoine actuel.
NB : les espèces végétales dont le nom latin est suivi d'un astérisque sont légalement protégées.
Le site rassemble une mosaïque de milieux au sein d'un massif boisé, nettement individualisé au milieu des cultures. Une carrière de sable a été retirée du site mais l'emplacement du château de Fère et les résidences touristiques de Fère ont été laissées, car noyés dans les milieux remarquables de la zone. Les cultures périphériques au bois n'ont pas été prises en compte, bien que d'un grand intérêt malherbologique.
