ZNIEFF 220320033
VALLÉES DE LA BRESLE, DU LIGER ET DE LA VIMEUSE

(n° régional : 80VIM201)

Commentaires généraux

DESCRIPTION

Le site comprend, d’une part, le fond des vallées de la Bresle, du Liger et de la Vimeuse et, d’autre part, le contrefort picard de ces vallées, qui sont décrits ci-après.

* Fond des vallées de la Bresle, du Liger et de la Vimeuse

Le cours de la Bresle s'étend selon un axe sud/nord, dans le département de l'Oise, puis prend un axe général sud-est/ nord-ouest, dans le département de la Somme. La largeur varie de trois mètres, en amont d'Aumale, pour atteindre quinze mètres en aval. La Bresle se divise en de nombreux bras. Le cours d'eau serpente au travers de zones pâturées et de nombreuses ballastières dans une vallée assez étroite. Les berges sont parfois dégradées par le piétinement des bovins.

La zone comprend, en plus du lit mineur de la Bresle, plusieurs extensions alluviales, dans le lit majeur, réparties le long de la vallée de la Bresle :

- à Saint-Germain-sur-Bresle, entre Guémicourt et "le Moulin bleu" ;

- entre Neuville-Coppegueule, au niveau du lieu-dit "les Epigneux", et Sénarpont, au niveau du lieu-dit "Ferme Rotteleux" ;

- entre Nesle-l'Hôpital et Neslette ;

- à Bouttencourt, au niveau des lieux-dits "le Marais", "les Grands Prés", à Ansennes et à l'est du ruisseau "le Bras Blanc" ;

- entre Bouvaincourt-sur-Bresle et Oust-Marest ;

- à Mers-les-Bains.

Ces extensions comprennent quelques prairies de fauche particulièrement originales pour le département, des prairies mésophiles à hygrophiles pâturées, des haies, des vergers et quelques cultures. Le système d’irrigation, avec ses vannages (prés flottés), est encore fonctionnel à plusieurs endroits. Quelques mégaphorbiaies et boisements humides sont présents çà et là. Plusieurs peupleraies ont remplacé les prairies originelles. Sur l'ensemble de la zone s'étend un réseau hydrographique bien développé et relativement complexe.

Le fond de la vallée du Liger comprend un important ensemble de prairies mésophiles à mésohygrophiles pâturées (Cynosurion cristati, Mentho-Juncion localement), des vergers, des haies ainsi que plusieurs plantations de peupliers. Certaines prairies humides (notamment vers Sénarpont) étaient autrefois irriguées suivant un système de "flottage" périodique. Le cours du Liger s'étend selon un axe est-sud-est/ouest-nord-ouest. Il est relativement sinueux et possède un fond caillouteux. Cinq barrages cloisonnent le cours d'eau et empêchent l'amontaison des poissons.

La Vimeuse s'étend selon un axe globalement nord-est/sud-ouest. Son cours est cependant très sinueux et a conservé un caractère naturel, sauf au niveau des biefs de moulins où le cours est suspendu. La rivière, bordée de saules et de frênes taillés en têtards, sillonne au travers de secteurs prairiaux (Cynosurion cristati, Mentho-Juncion, Nasturtietea).

Pour les trois cours d'eau, la forte pente des lits mineurs offre des conditions favorables au décolmatage des substrats disposés dans le fond.

* Les versants des vallées de la Bresle, du Liger et de la Vimeuse et les rebords de plateau

Ces coteaux comprennent également plusieurs milieux d’intérêts écologique et paysager élevés : des pelouses calcicoles plus ou moins entretenues, des boisements diversifiés, des secteurs bocagers (prairies mésophiles pâturées, vergers, haies).

Les affleurements géologiques se succèdent, depuis les fonds de vallées jusqu'au plateau, dans l'ordre suivant : craie argileuse du Turonien, craie blanche du Coniacien, craie blanche du Santonien inférieur, limons argileux rouges à silex et limons de plateau. Plusieurs petites vallées sèches, attenantes à la vallée de la Bresle et à la vallée du Liger, entaillent le plateau. Elles offrent un relief marqué et de multiples oppositions de versants, favorables à une certaine biodiversité.

Les pelouses calcicoles les plus remarquables se trouvent :

- au niveau d'Inval-Boiron, du Mazis, de Saint-Aubin-Rivière, et sur le versant exposé au sud de la vallée sèche de Bézencourt, pour la vallée du Liger ;

- au niveau des lieux-dits "Côte d'Harcelaines", "les Avergnes" (Harcelaines, Frettemeule, Maisnières) et "Beau-Regard" (Hélicourt), pour la vallée de la Vimeuse ;

- et, au sud du « Bois de Tous Vents », au nord du lieu-dit "Ravin Rosette", à l'est du « Bois des Blocaux », au niveau des lieux-dits "Grande Côte" (en lisière ouest de la « Forêt d'Arguel ») et "les Gâtes" (au sud de la « Forêt d'Arguel »), au sud du « Bois de Neuville », au niveau des lieux-dits "Côte de Rigoval, "Côte de Monthières" et "Côte de Saint-Lambert" pour la vallée de la Bresle.

La majorité de ces pelouses se rattachent à l'Avenulo pratensis-Festucetum lemanii. Elles sont, pour la majorité, entretenue par l’activité des lapins (grattis, broutage). Certaines d’entre elles sont encore pâturées par des bovins (« Côte d’Harcelaines ») ou par des ovins (restauration d’un pâturage dans un objectif de gestion conservatoire). Certaines pelouses marnicoles sont à rattacher au Parnassio palustris-Thymetum praecocis. Ce groupement végétal endémique picardo-normand peut être notamment observé au niveau de la « Côte de Saint-Lambert ».

Lorsqu’elles ne sont plus entretenues, ces pelouses sont peu à peu envahies par les graminées sociales (ourlets du Centaureo nemoralis-Origanetum vulgaris, du Senecioni erucifolii-Succisetum pratensis et du Calamintho spruneri-Brachypodietum pinnati) et par les arbustes (Rubo-Prunetum mahaleb laburnetosum et Tamo-Viburnetum lantanae).

D'importantes junipéraies témoignent de l'exploitation pastorale qui prévalait dans le passé sur ces coteaux (parcours à moutons).

Les pentes et le rebord du plateau sont occupés par des boisements diversifiés, comprenant des chênaies-charmaies du Carpinion betuli (Mercurialo-Carpinenion et Lonicero-Carpinenion), des frênaies-acéraies de pente du Mercurialio perennis-Aceretum campestris, des hêtraies acidophiles à Houx (Ilici aquifolii-Fagion sylvaticae), des hêtraies-chênaies acidoclines de plateau, à Jacinthe du Lonicero-Carpinion (Hyacinthoido non-scriptae-Fagetum sylvaticae), des fragments de forêts de ravins à Fougères (Lunario redivivae-Acerion pseudoplatani, ponctuel), des hêtraies calcicoles atlantiques du Daphno laureolae-Fagetum sylvaticae. Par certains aspects floristiques, la série de végétation calcicole paraît glisser localement vers le Cephalanthero-Fagion sylvaticae, comme le souligne l'abondance de plantes à optimum submontagnard et montagnard.

Le site comprend plusieurs secteurs bocager bien conservés, notamment autour du village de Beaucamps-le-Vieux, Beaucamps-le-Jeune, Neuville-Coppegueule,... Les haies constituent un réseau dense qui s'intègre parfaitement aux villages, en formant une trame harmonieuse avec le bâti. Des arbres isolés sont conservés au sein des prairies et composent un paysage remarquable : houx élevés (strate arborescente), frênes, chênes et charmes aux houppiers étoffés... Les prairies sont pâturées de manière relativement intensive (Cynosurion cristati). Quelques vergers subsistent localement. Des jardins d'agrément (potagers notamment) sont également présents dans la zone.

Plusieurs cavités souterraines sont présentes. Il s'agit soit de galeries creusées lors de la Deuxième Guerre mondiale, pour y abriter des missiles V1 allemands (les rampes de lancement étaient situées au débouché des galeries), soit des anciennes carrières d'extraction de la craie (petites cavités). Dans le premier cas, les galeries sont vastes et profondes.

La ZNIEFF de type II "Vallées de la Bresle, du Liger et de la Vimeuse" contient les ZNIEFF de type I suivantes :

- bois et larris entre Beauchamps et Oust-Marest ;

- larris et bois entre Neslette et Gamaches ;

- vallée de la Vimeuse ;

- vallée du Liger ;

- bois de Guibermesnil à Lafresguimont-Saint-Martin ;

- bois de Liomer ;

- bocage de Beaucamps-le-Vieux ;

- larris de la vallée de la Bresle entre Sénarpont et Saint-Germain-sur-Bresle, Forêt d’Arguel et Forêt de Beaucamps-le-Jeune ;

- coteau de Tous Vents à Gauville, Bois de Vicomte et Ravin Rosette ;

- cours de la Bresle et prairies associées (ZNIEFF interdépartementale) ;

- larris de Gourchelles-Romescamps et de Quincampoix-Fleuzy ;

- larris de Lannoy-Cuillere, d’Abancourt et de Saint-Valery, Bois de Varambeaumont.

INTERET DES MILIEUX

Les vallées constituent un important corridor écologique et accueillent des milieux et des espèces remarquables pour la Picardie.

* Lit mineur des vallées

- Le tronçon, entre les sources de la Bresle et Sénarpont, présente un grand intérêt pour les zones de frayères qui sont abondantes et fonctionnelles pour la plupart. Cependant, de nombreuses frayères sont simplement potentielles, du fait du cloisonnement du cours d'eau. Ce phénomène limite l'amontaison des grands migrateurs. Les zones de production sont très fréquentes (succession de radiers, de plats et de mouilles) et offrent des conditions optimales pour le développement des Salmonidés.

Le tronçon, entre Sénarpont et l'embouchure, présente un intérêt élevé pour le passage des migrateurs (la Bresle est classée rivière à Saumon et à Truite de mer). Le cloisonnement est moindre que sur le tronçon précédent et la circulation assez facile. Les frayères fréquentées par les migrateurs sont assez nombreuses entre Sénarpont et Bouvaincourt-sur-Bresle. Les zones de production sont nombreuses et permettent à la faune piscicole de se développer convenablement.

Outre l'intérêt ichtyologique du lit mineur, signalons également la présence d'habitats aquatiques rhéophiles du Ranunculion fluitantis à Ranunculus gr. fluitans et d'habitats lentiques, notamment du Callitrichetum obtusangulae, inscrits à la directive "Habitats" de l'Union Européenne.

- Le cours du Liger possède de nombreuses frayères potentielles (les frayères fonctionnelles sont très localisées). Les zones de production (succession de radiers et de plats) sont fréquentes.

- La Vimeuse, de par sa pente élevée et sa température fraîche, offre des conditions écologiques favorables à l'implantation et au développement de la faune salmonicole. Les substrats sont relativement diversifiés et permettent l'expression d'une bonne proportion de zones de production (radiers et plats). Les zones de frayères à salmonidés sont peu fréquentes, car le substrat semble un peu grossier. Cependant, lorsqu'elles existent, elles sont de bonne qualité (Buigny-les-Gamaches, Maisnières, Gamaches). La Vimeuse pourrait constituer, de par sa proximité avec la Bresle, une rivière de croissance et de reproduction pour les espèces piscicoles de la Bresle (salmonidés).

* Extensions alluviales dans le lit majeur

Les prés flottés oligo-mésotrophes fauchés tardivement sont des milieux particulièrement remarquables, uniquement représentés en vallée de la Bresle, pour tout le département de la Somme. On y observe une flore et une faune particulièrement originales et diversifiées. Certains groupements végétaux relèvent de la directive "Habitats", notamment les prés paratourbeux subatlantiques du Selino carvifoliae-Juncetum subnodulosi et atlantiques de l'Hydrocotylo vulgaris-Juncetum subnodulosi, ainsi que les prairies de fauche de l'Arrhenaterion elatioris.

Les prairies pâturées, souvent d'intérêt patrimonial moindre que celui des prairies de fauche, présentent néanmoins un intérêt fonctionnel important et écologique, lorsqu'elles sont hygrophiles et pâturées extensivement (Mentho aquaticae-Juncion inflexi).

Dans certaines mares, se développent des herbiers à characées, inscrits à la directive "Habitats".

* Versants des vallées

Le site présente des versants chauds à caractère thermocontinental, teinté d'influences submontagnardes, ce qui est particulièrement original pour ce site localisé au sein d'un domaine atlantique atténué.

Plusieurs milieux relèvent de la directive "Habitats" de l'Union Européenne :

- les pelouses de l'Avenulo pratensis-Festucetum lemanii, groupement végétal rare et menacé du fait de la disparition de l'élevage ovin en Picardie, qui permettait, par le passé, d'entretenir ces milieux herbacés. La sous-association à Blackstonia perfoliata, également présente dans la zone, est caractéristique d'un climat atlantique atténué ;

- les pelouses du Parnassio palustris-Thymetum praecocis, groupement végétal endémique picardo-normand, en voie de disparition ;

- les fourrés à Genévriers communs (Juniperus communis), disposés en voile sur les pelouses calcicoles, ;

- les hêtraies acidophiles à Houx de l'Ilici aquifolii-Fagion sylvaticae ;

- les hêtraies-chênaies pédonculées atlantiques/subatlantiques à Jacinthe des bois du Hyacinthoido non-scriptae-Fagetum sylvaticae ;

- les hêtraies calcicoles atlantiques du Daphno laureolae-Fagetum sylvaticae ;

- les frênaies-acéraies neutrocalcicoles de pente du Mercurialio perennis-Aceretum campestris.

Les coteaux sont caractérisés par une atlanticité accentuée, particulièrement marquée au niveau des ourlets avec l'apparition de l'association végétale du Calamintho spruneri-Brachypodietum pinnati, groupement endémique picardo-normand et thermo-atlantique.

Les prairies humides (Pulicario dysentericae-Juncetum inflexi) sont peu communes et en régression en Picardie.

Le bocage est relativement bien conservé.

Les cavités souterraines hébergent une diversité importante de chiroptères en hivernage (huit espèces) ainsi que des effectifs importants pour plusieurs espèces inscrites à l'annexe II de la directive "Habitats".

INTERET DES ESPECES

- Lépidoptères

L'entomofaune du site est très riche, particulièrement en ce qui concerne les lépidoptères avec, notamment, le Damier de la Succise (Euphydryas aurinia*), espèce inscrite à l'annexe II de la directive "Habitats" de l'Union Européenne ; le Sphinx de l'Epilobe (Proserpinus proserpina*), protégé au niveau national ; la Virgule (Hesperia comma) ; la Turquoise de la Sarcille (Adsita statices) ; l'Hespérie des Sanguisorbes (Spialia sertorius) ; l'Agreste (Hipparchia semele) ; le Petit Collier argenté (Clossiana selene) ; la Petite Violette (Clossiana dia) ; la Mélitée du Plantain (Melitaea cinxia) ; la Zygène de Carniole (Zygaena carniolica) et la Mélitée des Digitales (Mellicta aurelia).

- Odonates

La vallée de la Bresle constitue actuellement l'une des rares zones du nord de la France où a été observé l'Agrion de Mercure (Coenagrion mercuriale*), lequel possède, de surcroît, des populations importantes. Parmi les autres espèces remarquables, citons : le Gomphus à pinces (Onychogomphus forcipatus), exceptionnel en Picardie ; le Caloptéryx vierge (Calopteryx virgo), assez rare en Picardie mais particulièrement abondant ici ; le Leste sauvage (Lestes barbarus), exceptionnel en Picardie ; le CordulÈgastre annelé (Cordulegaster boltonii), rare en Picardie et bien représenté en vallée de la Bresle ; l'Agrion nain (Ischnura pumilio), exceptionnel en Picardie ; l'Agrion délicat (Ceriagrion tenellum), rare en Picardie ; le SympÈtrum jaune d’or (Sympetrum flaveolum) et le Leste brun (Sympecma fusca), ce dernier étant très rare en Picardie.

- Avifaune

Citons la nidification de plusieurs espèces inscrites à la directive "Oiseaux" : le Martin-pêcheur d’Europe (Alcedo atthis), le Pic noir (Dryocopus martius), la Bondrée apivore (Pernis apivorus) et le Busard Saint-Martin (Circus cyaneus).

Signalons également la nidification de la Chevêche d’Athéna (Athene noctua), espèce menacée au niveau national et inscrite sur la liste des oiseaux nicheurs menacés de Picardie ; du Faucon hobereau (Falco subbuteo), nicheur assez rare en Picardie, et de l'Autour des palombes (Accipiter gentilis), très rare dans la Somme.

- Mammalofaune

Les chiroptères remarquables sont le Grand Murin (Myotis myotis), rare en Picardie ; le Grand Rhinolophe (Rhinolophus ferrumequinum), très rare en Picardie ; le Vespertilion de Bechstein (Myotis bechsteini), rare à très rare en Picardie ; le Vespertilion à oreilles échancrées (Myotis emarginatus), rare en Picardie.

Ces quatre espèces sont inscrites à l'annexe II de la directive "Habitats". Citons aussi la présence du genre Oreillard (Plecotus sp.), rare en Picardie.

- Poissons

Les espèces piscicoles de grand intérêt, présentes sur le tronçon compris entre les sources de la Bresle et Sénarpont, sont la Truite fario (Salmo trutta fario), le Chabot (Cottus gobio), la Lamproie de planer (Lampetra planeri) et l'Anguille (Anguilla anguilla).

La Truite, le Chabot et l'Anguille sont bien représentés, en biomasse et en densité, et forment une association caractéristique de la typologie du milieu. La Lamproie de Planer présente des populations modestes. Certains macro-invertébrés benthiques polluosensibles sont abondants.

Le tronçon, compris entre Sénarpont et l'embouchure avec la mer, accueille le Saumon (Salmo salar) et la Truite de mer (Salmo trutta trutta), en fortes densités. L'Anguille (Anguilla anguilla) est en forte proportion également. Le Chabot (Cottus gobio) et la Truite fario (Salmo trutta fario) ne présentent que des populations modestes et éparses.

- Reptiles

La Vipère péliade (Vipera berus), reptile rare en Picardie, profite des pelouses-ourlets ensoleillées.

- Batrachofaune

Signalons la présence de l'Alyte accoucheur (Alytes obstetricans), assez rare en Picardie ; du Triton ponctué (Triturus vulgaris), également assez rare, et du Triton alpestre (Triturus alpestris), vulnérable en France.

- Flore

La zone abrite des peuplements remarquables d'orchidées et une importante richesse floristique, avec diverses plantes méridionales en limite d'aire, ainsi que de nombreuses espèces végétales protégées, rares et menacées.

* De nombreuses espèces végétales de grand intérêt sont observées dans les prairies humides à paratourbeuses, parmi lesquelles :

- la Renoncule langue (Ranunculus lingua*), rare et vulnérable en Picardie ;

- la Pédiculaire des marais (Pedicularis palustris*), très rare en Picardie ;

- le Dactylorhize négligé (Dactylorhiza praetermissa*) et l'Orchis incarnat (Dactylorhiza incarnata*), deux orchidées inféodées aux prairies humides non amendées ;

- la Benoîte des ruisseaux (Geum rivale), très rare en Picardie et particulièrement bien représentée en vallée de la Bresle ;

- la Scorsonère humble (Scorzonera humilis), rare et en danger en Picardie ;

- le Sélin à feuilles de carvi (Selinum carvifolia), typique des prairies paratourbeuses ;

- la Valériane dioïque (Valeriana dioica), qui se développe dans les bas-marais tourbeux ;

avec la Laîche bleuâtre (Carex panicea), assez rare en Picardie ;

- la Prêle d'ivoire (Equisetum telmateia), localisée dans le département de la Somme.

* Au niveau des pelouses calcaires s’observent :

- l'Alchémille glauque (Alchemilla glaucescens*), espèce continentale, en disjonction d'aire en Picardie (les rares stations les plus proches sont soit anglaises, soit mosanes belges). Le site accueille l'unique station actuellement connue de cette espèce pour la Picardie ;

- le Coeloglosse vert (Coeloglossum viride*), orchidée exceptionnelle en Picardie, très menacée sur le site (station relictuelle) ;

- la Gymnadénie odorante (Gymnadenia odoratissima*), orchidée qui n'est présente qu'en vallée de la Bresle pour le département de la Somme ;

- l'Ophrys araignée (Ophrys sphegodes subsp. sphegodes*) et l'Ophrys litigieux (Ophrys sphegodes subsp. araneola*), respectivement rare et très rare en Picardie ;

- la Phalangère rameuse (Anthericum ramosum*), espèce thermophile rare en Picardie ;

- la Céphalanthère à longues feuilles (Cephalanthera longifolia*), orchidée thermophile très rare en Picardie ;

- l'Orobanche élevée (Orobanche major*), dont on connaît actuellement moins de dix stations dans le département de la Somme ;

- l'Orchis brûlé (Orchis ustulata*), espèce subméditerranéenne, en limite septentrionale de son aire de répartition ;

- l'Herminion caché (Herminium monorchis*), espèce menacée de disparition ;

- la Parnassie des marais (Parnassia palustris*), espèce marnicole rare et vulnérable en Picardie ;

- la Germandrée des montagnes (Teucrium montanum*), espèce méridionale qui atteint sa limite de répartition en Picardie ;

- la Spiranthe d’Automne (Spiranthes spiralis*), exceptionnelle dans la Somme ;

- le Polygala chevelu (Polygala comosa*), rare dans la Somme ;

- le Séneçon à feuilles spatulées (Senecio helenitis*), exceptionnelle en Picardie ;

- l'Ophrys frelon (Ophrys fuciflora), espèce particulièrement rare dans le département de la Somme ;

- l’Orchis militaire (Orchis militaris), assez rare en Picardie ;

- l’Orchis bouffon (Orchis morio), exceptionnel en Picardie ;

- l’Epipactis de Müller (Epipactis muelleri), très rare en Picardie ;

- la Chlore perfoliée (Blackstonia perfoliata), espèce assez rare en Picardie ;

- l'Anacamptis pyramidal (Anacamptis pyramidalis), espèce assez rare en Picardie ;

- la Pulsatille commune (Pulsatilla vulgaris), espèce en régression en Picardie ;

- la Globulaire ponctuée (Globularia bisnagarica), espèce assez rare en Picardie.

* Les bois accueillent :

- le Géranium des forêts (Geranium sylvaticum*), espèce montagnarde très rare en Picardie ;

- la Lathrée écailleuse (Lathraea squamaria*), vulnérable en Picardie ;

- la Luzule des forêts (Luzula sylvatica), très rare dans la Somme ;

- la Laîche maigre (Carex strigosa), espèce particulièrement rare dans la Somme ;

- l’Airelle myrtille (Vaccinium myrtillus), espèce acidophile exceptionnelle dans la Somme ;

- le Calament des bois (Calamintha menthifolia), rare en Picardie ;

- l'Iris fétide (Iris foetidissima), espèce méditerranéo-atlantique, en limite d'aire ;

- le Fragon piquant (Ruscus aculeatus), espèce atlantique rare en Picardie ;

- le Calament à petites fleurs (Calamintha nepeta), espèce thermophile rare en Picardie ;

- la Dorine à feuilles opposées (Chrysosplenium oppositifolium), espèce particulièrement rare dans la Somme ;

- le Polystic à aiguillons (Polystichum aculeatum) ;

- le Polystic à soies (Polystichum setiferum) ;

- l'Actée en épi (Actea spicata), rare en Picardie.

FACTEURS INFLUENCANT L'EVOLUTION

- La réalisation de nombreuses carrières d'extraction d'alluvions dans la vallée de la Bresle a globalement dégradé son intérêt. Une grande partie des prairies de fauche initiales ont été détruites, avec leurs cortèges floristiques et faunistiques remarquables associés. Les prairies relictuelles qui subsistent méritent d'être préservées des différentes menaces qui pèsent sur elles ou qui sont déjà en cours de réalisation : carrières, maïsiculture, plantations de peupliers, plantations de résineux, remblaiement de zones humides, dépôts de déchets divers, extension de zones industrielles ou commerciales, réalisation de terrains de sport...

- L'entretien parfois intensif, ainsi que les pratiques agricoles, favorisent les apports et les dépôts de matières en suspension ainsi que le colmatage des substrats. La pollution diffuse accroît les risques d'eutrophisation. Le cloisonnement important limite l'amontaison des migrateurs vers leurs zones de frayères potentielles. Les ballastières influencent les peuplements piscicoles de la Bresle, en apportant des espèces cyprinicoles dans un milieu salmonicole, en augmentant la température des plans d'eau et la production de matières en suspension ainsi qu'en modifiant les composantes édaphiques. Le concrétionnement des substrats est important localement et limite l'intérêt des zones de frayères. Globalement, les peuplements piscicoles sont en deçà des potentialités de la rivière. La réalisation d'un ascenseur à poissons, au Tréport, est à signaler : il permet de favoriser leur migration.

- Les pollutions industrielles sont à circonscrire (il serait nécessaire d'améliorer les rendements épuratoires dans l'industrie du verre).

- Certaines prairies pâturées mériteraient d'être extensifiées, afin de favoriser des espèces remarquables (orchidées,...).

- Les plantations de résineux, sur les versants, et de peupliers, dans le fond de vallée, sont réalisées au détriment des végétations originelles, entraînant une réduction de l'intérêt écologique du site.

- Au niveau des pelouses calcicoles abandonnées, on assiste à une évolution de la végétation pelousaire vers des ourlets denses et des fourrés arbustifs. Cette évolution spontanée constitue une menace pour la végétation remarquable des pelouses calcicoles.

- Sur les coteaux pâturés, l'utilisation d'engrais et le surpâturage occasionnent une modification de la composition de la végétation, entraînant la régression des espèces oligotrophes typiques des pelouses (et notamment des espèces remarquables telles que Orchis ustulata*, Orchis morio, Alchemilla glaucescens*,...). Signalons qu'au niveau du lieu-dit "les Gâtes", l'emploi d'amendements a entraîné une évolution de la pelouse calcicole originelle vers une végétation davantage de type prairiale du Thymo-Cynosurion (prés mésotrophes calcicoles pâturés).

- Certaines pelouses originelles ont été transformées en cultures, sur certains secteurs peu pentus.

- Certaines lisières présentent une végétation perturbée à la suite des apports d'engrais (vent, ruissellement), en provenance des cultures voisines.

- Le larris communal du Quesne est loué au Conservatoire des Sites Naturels de Picardie, afin qu'il en assure la gestion. Un pâturage extensif, par des moutons et des chèvres, a été mis en œuvre et des travaux de déboisement et de débroussaillage ont été réalisés. Ces actions devraient permettre, à terme, de restaurer le patrimoine écologique du site.

- Des grilles ont été posées à l'entrée des cavités souterraines du Quesne et d'Inval-Boiron, afin de préserver la tranquillité des chiroptères en hivernage.

- Le passage de l'autoroute A 28 au travers du site forme une rupture du corridor écologique que constitue la vallée de la Bresle.

N.B. : les espèces végétales et les espèces d'insectes dont le nom latin est suivi d'un astérisque sont légalement protégées.

Commentaires sur la délimitation

Cette zone s'étend depuis Abancourt (sources de la Bresle) dans l'Oise jusque Oust-Marest dans la Somme. La plus basse partie de la vallée de la Bresle entre Eu et Mers-les-Bains est rattachée à la ZNIEFF de type II "Plaine maritime picarde".

Les contours de la zone intègrent les milieux les plus remarquables des vallées de la Bresle et de ses deux affluents (Vimeuse et Liger) pour les paysages, les habitats, la flore et la faune. Ainsi, les boisements, les pelouses calcicoles, les milieux bocagers, les cours d'eau et leurs milieux humides associés des vallées de la Bresle, de la Vimeuse et du Liger font partie de cette vaste zone de type II. Chaque cours d'eau est intégré à partir de ses sources. Les coteaux sont pris en compte jusqu'au niveau des convexités sommitales voire jusque sur le plateau lorsque les milieux y sont remarquables (boisements, bocage, ...). Les cultures sont évitées dans certains secteurs (notamment entre Beauchamps et Gamaches).