ZNIEFF 220420015
VALLÉE DE L'AUTOMNE

(n° regional: 60SOI202)

General comments

DESCRIPTION

L'Automne est un affluent de la rive gauche de l'Oise, située au sud de la Forêt de Compiègne, au nord du Valois.

La Vallée de l'Automne s'étire entre Villers-Cotterets et Verberie, point de confluence avec l'Oise.

Elle s'encaisse profondément dans l'épais banc de calcaire lutétien, comme l'ensemble des vallées inscrites dans le plateau du Soissonnais et du Valois.

Elle suit globalement une orientation nord-nord-ouest/sud-sud-est. Son réseau hydrographique est proche du type "arêtes de poisson", avec de nombreux petits affluents (dont les principaux sont le Ru de Bonneuil, la Sainte Marie, le Ru Coulant, le Ru de Visery, le Ru de Longpré...) qui la rejoignent sur les deux rives.

Cette orientation est liée aux plissements des terrains tertiaires : la vallée de l'Automne suit un synclinal, parallèle à l'anticlinal de la forêt de Retz, qui a porté en altitude le secteur de la route du Faîte.

Les roches affleurantes dans la vallée sont, de haut en bas :

- les limons de plateau, localement mêlés aux sables auversiens ;

- les calcaires lutétiens, qui forment le soubassement du plateau du Valois ;

- les sables cuisiens ;

- les argiles sparnaciennes.

Les alluvions du fond de vallée font localement place à des terrains tourbeux vers Feigneux, Béthisy-Saint-Martin, où une petite tourbière a été exploitée, Fresnoy-la-Rivière, Vez, Vauciennes...

Les têtes de réseau hydrographique, notamment des rus de Bonneuil, de Gilocourt et de la Vaumoise, conservent des fonds sablo-graveleux. Ces substrats restent assez peu colmatés par les vases, du fait des pentes relativement fortes du lit mineur. Ces caractéristiques, combinées à l'alimentation par des sources d'eau fraîche et de bonne qualité (issue de la nappe des sables cuisiens qui repose sur le plancher des argiles sparnaciennes), permettent la reproduction des salmonidés Ces cours d'eau sont classés en première catégorie piscicole.

Sur les affleurements calcaires en haut de versant, les sols sont maigres, voire squelettiques. Les affleurements de sable cuisien sous les calcaires génèrent des sols calcaro-sableux.

Les anciennes activités de pâturage ovin et de viticulture, sur certains des coteaux les plus raides, ont permis le maintien d'une végétation pelousaire en de nombreux points : au-dessus de Béthisy-Saint-Pierre, à Puisières, à Feigneux, à Rocquemont, au Lonval, à Russy-Bémont...

Les toponymes "Les Vignes Blanches" et "Les Grandes Vignes" à Glaignes, "La Vigne du Seigneur" à Saintines, en témoignent encore.

De même, Le Larris Viquet à Auger Saint-Vincent, Les Larris du Guet à Béthancourt, expriment probablement cette mise en valeur des terres caillouteuses des larris.

Des brachypodiaies se développent sur ces espaces abandonnés par l'agriculture. Les dernières pelouses sont ouvertes en maints endroits par les activités des lapins.

Sur les écorchures et les affleurements rocheux, se trouve une végétation pelousaire pionnière (Alysso-Sedion).

La majorité des pelouses calcicoles est rattachée provisoirement au Festuco lemanii-Anthyllidetum vulnerariae.

La forêt gagne sur tous ces espaces ouverts : les buissons (prunelliers, aubépines, cornouillers, troènes, viornes... : alliance du Berberidion) et les jeunes arbres (noisetiers, bouleaux, hêtres, érables...) envahissent la pelouse.

A terme, une hêtraie thermocalcicole (Cephalanthero-Fagion, voire Quercion pubescentis vers les deux Béthisy) s'installe.

Sur les versants orientés au nord se développent des forêts à érables, à frênes, à hêtres, à tilleuls... (alliance du Lunario-Acerion).

L'exposition au sud des coteaux, en rive droite, permet le développement d'une flore et d'une faune remarquables au caractère thermocalcicole marqué, typiques des coteaux bien ensoleillés du Valois-Soissonnais.

INTERET DES MILIEUX

Les pelouses calcicoles et calcaro-sabulicoles, les ourlets et les bois thermocalcicoles sont des milieux rares et menacés en Picardie et dans tout le nord-ouest de l'Europe, de même que certains bois de pente en exposition froide. A ce titre, ces habitats sont inscrits à la directive "Habitats" de l'Union Européenne. Par exemple en Picardie, à la suite des évolutions de l'économie agricole, les surfaces de pelouses ont été réduites de plus de 90 % en un siècle.

La qualité des portions amont de quelques affluents de l'Automne permet la reproduction des salmonidés, phénomène devenu rare en Picardie.

Les prairies humides et les zones tourbeuses, les aulnaies et les anciennes carrières souterraines sont également des milieux remarquables.

Tous ces milieux abritent une flore et une faune précieuses, comportant de très nombreuses espèces rares et menacées : la Vallée de l'Automne compte parmi les entités écologiques les plus remarquables de Picardie et du nord de la France.

INTERET DES ESPECES

Parmi les espèces végétales les plus remarquables se trouvent les taxons suivants, assez rares à très rares en Picardie :

Sur les pelouses et dans les bois thermocalcicoles :

- la Germandrée des montagnes (Teucrium montanum*), sur les écorchures ;

- le Fumana couché (Fumana procumbens*) ;

- l'Ophrys araignée (Ophrys speghodes*) ;

- le Polygale chevelu (Polygala comosa*) ;

- la Gentiane croisette (Gentiana cruciata*) ;

- le Limodore à feuilles avortées (Limodorum abortivum*) ;

- la Bugrane naine (Ononis pusilla*) ;

- le Botryche lunaire (Botrychium lunaria*) ;

- le Cystoptéride fragile (Cystopteris fragilis) ;

- le Chêne pubescent (Quercus pubescens) ;

- le Bugle rampant (Ajuga chamaepitys) ;

- la Brunelle laciniée (Brunella laciniata) ;

- la Koélérie grêle (Koeleria macrantha), typique des pelouses calcaro-sabulicoles ;

- le Daphné lauréolé (Daphne laureola) ;

- le Lin à feuilles ténues (Linum tenuifolium) ;

- le Thésion couché (Thesium humifusum) ;

- l'Euphorbe de Séguier (Euphorbia seguieriana) ;

- le Tétragonolobe siliqueux (Tetragonolobus siliquosus) ;

- l'Alysson calicinal (Alyssum alyssoides) ;

- la Laîche humble (Carex humilis) ;

- la Laîche digitée (Carex digitata) ;

- la Laîche de Haller (Carex halleriana) ;

- le Cétérach officinal (Ceterach officinarum) ;

- le Baguenaudier (Colutea arborescens) ;

- la Goodyère rampante (Goodyera repens) ;

- l'Iris fétide (Iris foetidissima) ;

- le Silène conique (Silene conica) ;

- la Véronique en épi (Veronica spicata) ;

- la Véronique prostrée (Veronica prostrata susbp. scheereri) ;

- l'Oeillet prolifère (Petrorhagia prolifera) ;

- plusieurs orobanches, toutes rares (Orobanche alba, O. caryophyllacea, O. gracilis, O. minor, O. teucrii)...

De nombreuses orchidées sont également présentes.

Dans les fonds humides :

- la Prêle d'hiver (Equisetum hyemale*) ;

- l'Orme lisse (Ulmus laevis*) ;

- le Dactylorhize incarnat (Dactylorhiza incarnat*) ;

- le Potamot coloré (Potamogeton coloratus*) ;

- la Pesse d'eau (Hippuris vulgaris) ;

- le Myriophylle verticillé (Myriophyllum verticillatum) ;

- l'Ail des ours (Allium ursinum) ;

- la Fougère des marais (Thelypteris palustris) ;

- l'Aristoloche clématite (Aristolochia clematitis) ;

- le Gouet d'Italie (Arum italicum) ;

- la Laîche de Maire (Carex mairii*) ;

- la Laîche vésiculeuse (Carex vesicaria) ;

- le Marisque (Cladium mariscus) ;

- le Corydale solide (Corydalis solida) ;

- le Souchet brun (Cyperus fuscus) ;

- l'Ornithogale des Pyrénées (Ornithogalum pyrenaicum) ;

- la Patience maritime (Rumex maritimus)...

La faune comprend les espèces précieuses suivantes :

Mammalofaune :

- le Cerf élaphe (Cervus elaphus) ; le Chat sauvage (Felis sylvestris) ; la Martre des Pins (Martes martes) ; le Mulot à gorge jaune (Apodemus flavicollis), pour les mammifères plutôt forestiers ; la Musaraigne aquatique (Neomys fodiens) dans les lieux humides ; le Muscardin (Muscardinus avellanarius)...

- les chauves-souris comptent de nombreuses espèces rares et menacées en Europe, dont les Petit et Grand Rhinolophes (Rhinolophus hipposideros et R. ferrumequinum) ; les Vespertilions de Bechstein et à oreilles échancrées (Myotis bechsteini et M. emarginatus) ; le Grand Murin (Myotis myotis) ; la Noctule (Nyctalus noctula)...

Entomofaune :

- le Cordulegastre annelé (Cordulegaster boltonii) et le Caloptéryx vierge (Calopteryx virgo), odonates des cours d'eau à fonds caillouteux sablonneux, sur l'Automne ;

- plusieurs lépidoptères remarquables, inféodés aux pelouses thermophiles : le Fluoré (Colias australis), l'Azuré bleu céleste (Lysandra bellargus), la Lucine (Hemaris lucina)...

Herpétofaune :

- le rare Lézard vert (Lacerta viridis), inscrit en annexe IV de la directive "Habitats", fréquente les pelouses, et le Lézard des murailles (Podarcis muralis) occupe les murs, les talus, et les anciennes carrières...

- la Grenouille agile (Rana dalmatina) et le Triton alpestre (Triturus alpestris), inscrits en annexe IV de la directive "Habitats".

Avifaune :

- nidification des Pics noir (Dryocopus martius) et mar (Dendrocopos medius), de la Bondrée apivore (Pernis apivorus), du Busard Saint-Martin (Circus cyaneus), du Busard des roseaux (Circus aeruginosus), du Martin-pêcheur (Alcedo atthis) et de la Pie-grièche écorcheur (Lanius collurio), tous inscrits en annexe I de la directive "Oiseaux" de l'Union Européenne ; nidification également de la Bécasse des bois (Scolopax rusticola), du Pouillot de Bonelli (Phylloscopus bonelli), de la Pie-grièche grise (Lanius excubitor), du Râle d'eau (Rallus aquaticus) ; sur l’étang de Wallu de la Sarcelle d'hiver (Anas crecca), de la Sarcelle d'été (Anas querquedula) et du Canard souchet (Anas clypeata)...

- passage et stationnement migratoire ou d'hivernage de nombreux canards et limicoles sur l'étang de Wallu.

FACTEURS INFLUENCANT L'EVOLUTION DE LA ZONE

La problématique principale tient dans le boisement de la quasi-totalité des espaces prairiaux de la vallée. Les dernières pelouses ouvertes sont menacées par l'extension des stades préforestiers.

Il s'ensuit une perte de diversité à la fois biologique et paysagère importante. La flore et la faune spécifiques des pelouses ouvertes tendent à disparaître, et ne persistent actuellement que sur les zones grattées et broutées par les derniers lapins.

Les plantations de résineux conduisent à la même banalisation tant biologique que paysagère.

La coupe circonstanciée des arbustes envahissants serait donc souhaitable sur les dernières pelouses, avec, dans l'idéal, la restauration d'un pâturage extensif.

Les prairies de fond de vallée suivent la même évolution : l'économie agricole ne favorise plus guère les activités d'élevage et les prairies humides ont presque totalement disparu de la vallée de l'Automne. Les peupliers, qui les remplacent, ferment et banalisent les paysages et leur valeur patrimoniale. Les lieux-dits Les Prés de Baybelle, Le Pré Cormont, à Feigneux, Les Prés Bertrand, à Séry-Magneval,... témoignent de l'utilisation pastorale passée. Le secteur dit "Les Prés ", à Vaucelle, est l'un des rares à porter encore des prairies humides.

Sans activité d'élevage dans les prairies, la vallée de l'Automne perd une bonne partie de son identité à la fois paysagère et patrimoniale.

Enfin, la rivière Automne et ses affluents connaissent encore des pollutions occasionnelles, malgré une amélioration de l'épuration des eaux au niveau des collectivités et des industries.

N.B. Les espèces dont le nom est suivi d'un astérisque sont légalement protégées.

Comments on the delimitation

Les contours de la ZNIEFF comprennent la totalité de la vallée de l'Automne, du fond de vallée jusqu'aux convexités sommitales. Cette vallée constitue une entité écologique du plus grand intérêt patrimonial, avec de nombreux sites de niveau international, complémentaires des massifs de Compiègne et Villers-Cotterets.

Les cultures et les villes du plateau sont exclues autant que possible.