ZNIEFF 230000869
LE LITTORAL ET LES VALLEUSES D'ÉTRETAT À FÉCAMP

(n° regional: 7702)

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La côte d’Albâtre est un littoral exceptionnel : plus de 120 kilomètres de falaises crayeuses dont la hauteur atteint à son maximum 120 m, entrecoupées de « valleuses », ces petites vallées sèches suspendues ou brèches plus ou moins encaissées débouchant sur la mer, et de quelques basses vallées côtières drainées (Bresle, Yères, Arques, Scie, Saâne, Dun, Durdent). C’est une frange encore très sauvage, le relief imposant ayant préservé la côte de l’urbanisation dense (mais pas de quelques grands aménagements).

Les milieux naturels sont déterminés par des facteurs physiques prépondérants : les marées, une muraille de craie (apparemment homogène mais en fait très variée) surmontée d’argile à silex (due à la décarbonatation), des vents et des embruns entraînant des particularités dans la végétation (adaptations morphologiques pour supporter le vent, le sel ou la sécheresse, endémisme), un relief abrupt ou vallonné, des cavités et des drains souterrains et apparents, une érosion ancienne et contemporaine déterminée par les infiltrations pluviales, la fragilité des roches et la houle. De l’estran au sommet des falaises, la diversité des conditions de vie engendre une grande richesse floristique et faunistique. Les habitats terrestres les mieux représentés sont les pelouses aérohalines, supportant les vents et les embruns salés. Les valleuses abritent des formations arbustives, boisées et prairiales originales et variées dont quelques bois frais de ravin à fougères. Le platier héberge une flore et une faune marines spécifiques : algues, mollusques, crustacés, anémones de mer, etc. Les corniches des falaises sont l’habitat d’une avifaune riche, parfois exceptionnelle, permanente ou de passage.

Le littoral cauchois, c’est aussi un paysage unique du aux remarquables formes d’érosion dont les plus connues sont les arches et les aiguilles d’Etretat.

Ce patrimoine naturel est fragilisé par le recul inéluctable du front de falaise, très variable d’un site à l’autre, la pollution diffuse, l’aménagement lourd de sites industriels, la surfréquentation (Etretat).

Ce littoral est classé en Site d’Importance Communautaire n°FR2300139 « Littoral cauchois » du réseau Natura 2000.

Cette grande znieff s’étend d’Etretat jusqu’à Fécamp. Elle comprend les falaises découpées en amont d’Etretat, la Porte d’Amont et l’anse du Chaudron, le Roc Vaudieu et l’aiguille de Belval (vestiges d’anciennes pointes), la petite valleuse du Curé (court ravin raide), la valleuse du Fond d’Etigue, les grandes valleuses habitées et bien boisées de Vaucottes et d’Yport, la pointe du Chicard, les petites valleuses suspendues de la Vallette (Yport) et de la Cavée rouge (Criquebeuf), et la valleuse de Grainval.

C’est le karst et l’érosion différentielle qui sont à l’origine des pointes (actuelles avancées), arches et aiguilles, derniers vestiges très résistants d’anciennes falaises plus en avant. Les fortes pentes des grands entonnoirs d’argile à silex évidés sont occupées par les pelouses aérohalines, habitats exemplaires soumis aux embruns et fragilisés par l’érosion. Les espèces typiques, comportant des halophytes rares, sont présentes : Fétuque glauque, Trèfle velu, Anthyllide vulnéraire, Chou maraîcher, Armérie maritime, Séneçon blanc (Senecio helenitis subsp. candidus) -espèce endémique normande très rare et légalement protégée-. Le Séneçon cinéraire est particulièrement répandu dans ce secteur. En bordure de falaises, la pelouse calcicole à Laîche glauque est assez fragmentaire.

La falaise d’Amont est classée en Espace Naturel Sensible ; vingt cinq hectares ont été acquis par le Conservatoire du littoral.

Ces falaises découpées sont aussi propices à l’avifaune rupestre et marine. De multiples espèces s’y nourrissent et s’y reproduisent. La Mouette tridactyle, les Goélands argenté, brun et marin, le Faucon pèlerin, le Pétrel fulmar et le Grand Cormoran nichent sur les pitons ou dans les anfractuosités. Sur le platier subsistent les socles de craies dures d’anciennes pointes, constituant des abris pour la faune invertébrée marine et les algues.

Les grandes valleuses de Vaucottes et d’Yport sont caractérisées par des habitats forestiers variés, acidiphiles à neutrophiles, se rapportant aux forêts fraîches de ravins et comportant une flore sylvatique diversifiée et riche (Luzule des bois, Myrtille, Laurier des bois, fougères etc.). Ces bois et quelques mares sont aussi les habitats de l’avifaune forestière et de batraciens qui y trouvent refuge.

A hauteur de l’aiguille de Belval, tout comme à l’aval de la valleuse de Grainval, des sources émergent et témoignent des écoulements karstiques. Au pied des falaises, la « Fontaine aux mousses » et « La roche qui pleure » sont des tufs, roches calcaires légères, formées par la précipitation du carbonate de calcium grâce au développement de minuscules algues et une mousse (Cratoneuron commutatum). Quant aux fontaines d’Yport, ce sont des sources artésiennes qui jaillissent sur l’estran.

Le périmètre de la znieff inclut également des terrains plats, prairiaux ou cultivés, environnant largement ces valleuses et ces falaises remarquables.

Plusieurs grottes de cette znieff sont classées dans le Site d’Importance Communautaire n°FR2302001 « Réseau de cavités du nord-ouest de la Seine-Maritime » du réseau européen Natura 2000 pour leur intérêt en chauves-souris, en forte régression.

La znieff est incluse dans la Zone de Protection Spéciale du Littoral seinomarin (n°FR2310045). D’Etretat à Vaucottes, ce paysage exceptionnel est classé au titre de la loi de 1930.

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