Le bois de Bernouville se situe sur la commune de Hautot-sur-Mer, sur la rive gauche de la Scie, à environ 5 km à l’Ouest de Dieppe. Ce bois est l’un des rares massifs du pays de Caux conjuguant proximité du littoral et proximité d’un centre urbain. Soumis au régime forestier et géré par l’Office National des Forêts, c’est une propriété du Conservatoire du Littoral et en même temps un des Espaces Naturels Sensibles du département de la Seine Maritime.
Le périmètre de la ZNIEFF comprend la propriété du Conservatoire du Littoral d’une surface d’environ 50 ha en totalité, plus quelques parcelles privées en périphérie.
Ce bois possède un relief marqué, avec parfois des pentes supérieurs à 30%. La majeure partie du massif est ainsi apparenté à un bois frais de ravin sur une craie marneuse du Turonien, avec des colluvions et des placages de limons éoliens non carbonatés. L’ambiance fraîche du bois est renforcée par la présence de quelques sources et suintements perchés.
Ce bois rassemble différents habitats forestiers allant de la chênaie-hêtraie à houx (Ilex aquifolium) et canche flexueuse (Deschampsia flexuosa) à une frênaie-érablaie à mercuriale des bois (Mercurialis perennis) en fond de vallon, en passant par la chênaie-hêtraie à charme (Carpinus betulus) sur colluvions dans les pentes.
Le sous-bois est tapissé au début du printemps par de grandes plages de jonquilles (Narcissus pseudonarcissus), de jacinthes (Hyacynthoides non-scripta), d’anémones des bois (Anemone nemorosa), avec ça et là l’adoxe moschatelline (Adoxa moschatellina), la parisette (Paris quadrifolia) et l’orchis mâle (Orchis mascula). Plus tard en saison on pourra observer la floraison de l’orchis tacheté (Dactylorhiza maculata), du conopode dénudé (Conopodium majus) et de la plus discrète danthonie (Danthonia decumbens) en lisière ou en bordure de chemin, ou du millepertuis androsème (Hypericum androsaemum) et de la laîche pendante (Carex pendula) en sous-bois humide.
Le bois de Bernouville accueille également une très grande diversité de fougères, pas moins de 14 espèces y ont été notées dont la langue de cerf (Asplenium scolopendrium), le dryoptéris écailleux (Dryopteris affinis), le polystic à aiguillons (Polystichum aculeatum) et enfin le rarisssime polystic des montagnes (Oreopteris limbosperma), protégé en Haute-Normandie. Le botaniste confirmé pourra y distinguer la rare luzule ramassée (Luzula multiflora ssp. congesta) de sa bien plus commune cousine, la luzule multiflore (Luzula multiflora ssp. multiflora).
L’avifaune est typiquement forestière avec les pics noir (Dryocopus martius), vert (Picus viridis) et épeiche (Dendrocopos major) et la sittelle torchepot (Sitta europaea) , la buse variable (Buteo buteo), l’épervier (Accipiter nisus) et la chouette hulotte (Strix aluco), diverses espèces de mésanges dont la mésange huppée (Parus cristatus).
L’inventaire des amphibiens se limite pour l’instant à deux espèces, le crapaud commun (Bufo bufo) et la grenouille rousse (Rana temporaria), mais des recherches ultérieures devraient pouvoir mettre en évidence une plus grande diversité.
A noter aussi la présence du lucane cerf-volant (Lucanus cervus), un des plus grands coléoptères de la faune européenne qui se développe dans le bois mort des souches, espèce de l’annexe II de la Directive Habitats.
Au sein du massif se trouvent les ruines du château d’Estouteville daté du XIe siècle. Il se compose, sur 1 ha environ, d’une butte avec une construction en silex, entouré d’un fossé simple ou double. Ce bois est assez fréquenté par le public les dimanches et pendant les vacances, une visite permet de combiner découverte de la nature et découverte d’un patrimoine archéologique.