ZNIEFF 230030874
LE BOIS DE BAUDEMONT, LA PRAIRIE DE SAINT-RÉMY

(n° regional: 83160004)

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Le Bois de Baudemont demeure l’une des rares buttes boisées de la rive droite de l’Epte, au droit de Saint Rémy.

Concernant l'intérêt des milieux : l’ouest et le centre de la ZNIEFF sont constitués par un bois de pente dont le cortège floristique est rattachable au Tilio-Acerion, habitat d’intérêt communautaire. Outre le Frêne commun (Fraxinus excelsior), l’Erable champêtre (Acer campestre), l’Erable sycomore (Acer pseudoplatanus) et le Tilleul à Patites feuilles (Tilia cordata), on y retrouve le Gaillet odorant (Galium odoratum), le Sceau de Salomon (Polygonatum multiflorum) ou la Mercuriale pérenne (Mercuriale perennis). Le bois abrite un ensemble de sources tufeteuses, vraisemblablement développées au sein de trous laissés par la projection d’obus. La végétation ayant colonisé ce milieu est monospécifique, constituée par la Laîche pendante (Carex pendula), assez rare.

La bibliographie fait ressortir la présence, au sein du Bois Boulonnais, localisé à l’est de la ZNIEFF, de l’Ornithogale des Pyrénées (Ornithogalum pyrenaicum). Ce dernier boisement a donc été inclus à la ZNIEFF de type 1.

A l’ouest de la ZNIEFF se localise par ailleurs une fontaine : la Source Saint Martin. Cette dernière abrite une végétation caractéristique du Glycerio-Sparganion avec notamment la Véronique des ruisseaux (Veronica beccabunga) et l’Ache nodiflore (Apium nodiflorum). Son principal intérêt réside dans le fait d’une part qu’elle accueille deux espèces de Triton, et d’autre part qu’elle abrite, à ses abords, une forte population de Prêle géante (Equisetum telmateia).

Concernant l'intérêt des espèces :trois espèces floristiques déterminantes de ZNIEFF ont été observées dans ce site. L’Actée en épi (Actaea spicata) fut identifiée dans le Bois des Billardes. Assez rare en Haute-Normandie et protégée à l’échelon régional, cette sylvatique sciaphile fréquente habituellement les forêts fraîches de ravin. Elle trouve son optimum dans le boisement dans les zones soumises à une plus forte dénivellation du terrain. Par ailleurs, le même boisement accueille le Chêne pubescent (Quercus pubens). Cette espèce demeure assez rare en Haute-Normandie. Au sein du boisement, elle est très faiblement représentée avec un seul individu observé. Ceci s’explique par ailleurs par le caractère héliophile du Chêne pubescent qui ne parvient très vraisemblablement pas à trouver son optimum dans le Bois frais des Billardes. Enfin, la Source St Martin accueille à ses abords la Prêle géante. Même si cette espèce reste rare en Haute-Normandie, elle présente habituellement dans ses stations un nombre important d’individus. Tel est le cas ici.

Il convient par ailleurs de signaler que la Source St Martin accueille deux espèces de Tritons : le Triton alpestre (Triturus alpestris) et le Triton palmé (Triturus helveticus). Ces derniers sont reproducteurs sur le site.

Le principal facteur influençant la zone demeure la sylviculture. En particulier, au sein du Bois de Baudemont, de nombreuses coupes à blanc sont effectuées dans le boisement. Il conviendra de veiller à ce que ce type d’activité n’affecte pas une trop grande partie du boisement, et en particulier qu’elle ne porte pas atteinte à la population d’Actée en épi, protégée régionalement.

Par ailleurs, une attention particulière devra être portée à la qualité des eaux de la Source Saint-Martin. Il semble en effet, selon les proches habitants, que les abords de celle-ci fassent régulièrement l’objet de décharges sauvages.

La prairie de Saint Rémy se localise en bordure immédiate de l’Epte sur la commune de Bus-Saint-Rémy. A l’origine constituée d’une prairie humide de fauche, elle est maintenant constituée d’une jeune peupleraie. En 2008, les limites de la ZNIEFF ont été étendues à la végétation aquatique de l’Epte.

Concernant l'intérêt des milieux :la Peupleraie, encore jeune, présente une flore intéressante ; toutefois, cette dernière ne constitue qu’une version relictuelle de la végétation des prairies inondables de fauche du Stachyo palustris-Cirsion oleracei, avec la présence d’Equisetum telmateia, Lysimachia vulgaris, Eupatorium cannabinum ou Phalaris arundinacea. Ces espèces sont amenées pour la plupart à disparaître avec la croissance des Peupliers.

Des zones rudérales en bordures de piste cyclable et de ces prairies, présentent des faciès proches des prairies de fauche mésophiles de l’Arrhenaterion elatioris et du Stachyo palustris-Cirsion oleracei. Ces milieux régulièrement entretenus par fauche constituent des refuges pour la flore typique des prairies qui souffre de l’abandon des pratiques agropastorales traditionnelles. La ceinture ripariale en bordure de l’Epte se résume en un mince ourlet eutrophe à Urtica dioica, Dipsacus fullonum, Sambucus nigra, Lamium album et quelques Aulnes glutineux (Alnus glutinosa). La végétation aquatique de l’Epte présente un plus fort intérêt puisqu’elle est assimilable à l’habitat d’intérêt communautaire du Ranunculion fluitantis ou Végétation flottante de renoncules des rivières submontagnardes et planitiaires (Code Natura 2000 : 3260)

Concernant l'intérêt des espèces :trois espèces patrimoniales ont été recensées. Deux sont caractéristiques du Stachyo palustris-Cirsion oleracei : le Pigamon jaune (Thalictrum flavum) et la Prêle géante (Equisetum telmateia). Le Pigamon est particulièrement menacé par la croissance de la Peupleraie et est voué à disparaître. La Prêle géante est plus tolérante vis-à-vis de la lumière et est capable de pousser dans des faciès forestiers alluviaux, néanmoins l’assèchement induit par les Peupliers risque d’affaiblir ses effectifs. La dernière espèce est le Muscari à toupet (Muscari comosum). Il s’agit d’une espèce typique des stades pionniers prairiaux (Arrhenaterion elatioris) ou des pelouses calcicoles et qui trouve dans les bords de route ou de chemin régulièrement fauchés un milieu de substitution. Cette espèce se maintiendra sur le site tant qu’un mode de gestion peu intensif des bords de la piste cyclable durera. La bibliographie fait ressortir la présence, au sein de la végétation aquatique de l’Epte, de la Sagittaire (Sagittaria sagittifolia). Une visite sur le terrain n’a permis de confirmer la présence que d’une Alismatacée, l’absence de feuilles aériennes ne permettant pas d’aller plus loin dans la détermination. Nous avons toutefois considérer comme très probable la présence de la Sagittaire sue la ZNIEFF.

Le principal facteur influençant l’évolution de la zone est la sylviculture. Il est dors et déjà trop tard pour la sauvegarde de la prairie inondable. Les peupliers ne seront pas coupés avant plusieurs décennies, la végétation aura donc le temps d’évoluer vers une flore forestière. L’embroussaillement qui est en train d’affecter la prairie de fauche est un facteur anecdotique puisque, même si l’on continue à faucher sous la peupleraie, les espèces patrimoniales sont vouées à disparaître. Il conviendra par contre veiller à ce qu’aucun embroussaillement n’intervienne sur les bords de la piste cyclable au risque de voir disparaître le Muscari à toupet.

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