ZNIEFF 240006243
LANDES ET ENSEMBLE HUMIDE DE LA FORET DE PREUILLY

(n° régional : 00000525)

Commentaires généraux

Cette ZNIEFF s'étend principalement sur les communes d'Azay-le-Ferron, Obterre et Charnizay, à cheval sur l’Indre et l’Indre-et-Loire.

Cette ZNIEFF est découpée en quatre noyaux répartis sur trois grands secteurs du massifs, qui ciblent particulièrement les brandes à Erica scoparia, des étangs essentiellement en contexte de sols acides et diverses enclaves calcaires contribuant à la diversité des milieux.

Le secteur nord-est dans le Bois de la Folie, s’avère le plus intéressant concernant les landes fraiches, car elles s'étendent encore sur de grandes surfaces et sont globalement en assez bon état de conservation. La chênaie acide qui les borde est ponctuée de quelques mares, dont l'une d'elles accueille une population de Trèfle d'eau (Menyanthes trifoliata), extrêmement rare dans l'Indre-et-Loire, protégée en région et signalée comme espèce en danger critique d'extinction d'après la liste rouge régionale. Certaines dépressions et fossés au sein d'allées présentent de petites population de Flûteau nageant (Luronium natans), espèce de la Directive Habitat-Faune-Flore, protégée en France et inscrite en tant qu'espèce vulnérable sur la liste rouge régionale.

Dans le secteur sud, au niveau du bois de Vinceuil, l'intérêt écologique se concentre essentiellement dans le vallon du Gué de la Vie, pour la faune comme pour la flore. La chaine d'étangs à l’ouest de ce vallon, et la mare de la Rolle sont favorables à de belles populations d'odonates. La mare abrite d’ailleurs l'une des plus importantes populations de Leucorrhine à large queue (Leuchorrinia caudalis) de la région, avec 1500 à 2000 émergences par an. Aussi, malgré les plantations alentours et la fermeture progressive par les ligneux, il subsiste un écosystème particulier dans ce secteur reposant majoritairement sur des sols à pH acide : un bas-marais alcalin (D4.11), alimenté par des eaux prenant source dans la roche mère calcaire. Il s'y développe des espèces remarquables, telles que le Choin noirâtre (Schoenus nigricans) et l'Orchis incarnat (Dactylorhiza incarnata), protégées en région, ainsi que le Carex puce (Carex pulicaris), toutes trois inscrites en tant qu'espèces vulnérables d'après la liste rouge régionale. Ce faciès alcalin est en contact avec une tourbière acide à Rossolis à feuilles rondes (Drosera rotundifolia) accompagnée de Bruyère à quatre angles (Erica tetralix) et de sphaignes. Dans la zone écotonale, les sphaignes se mêlent au Choin noirâtre. Plusieurs zones de suintements aux abords de cette chaine d'étangs accueillent des plantes des tourbières acides, notamment la Grassette du Portugal (Pinguicula lusitanica) et la Linaigrette à feuilles étroites (Eriophorum angustifolium).

Enfin, le secteur ouest est scindé en deux. Le noyau le plus occidental accueille quelques couples nicheurs d'Engoulevent d'Europe (Caprimulgus europaeus). Il est en effet composé d'habitats leur étant favorables (boisements clairsemés, grandes clairières et landes). Dans ce secteur, trois étangs présentent un fort intérêt pour les espèces qu'ils abritent :

- l’Étang Neuf, où s'exprime une population de Jonc hétérophylle (Juncus heterophyllus), espèce très rare et protégée en région Centre ;

- l'étang de la Loge à Gono, qui abrite une belle population de Fluteau nageant ;

- l'Étang Vaillant, retenu pour la présence de populations d'odonates déterminants et de la Châtaigne d'eau (Trapa natans), plante vulnérable d'après la liste rouge régionale.

 

Au total, plus d'une dizaine d'habitats déterminants ont été identifiés dans cette ZNIEFF. Elle héberge près d'une soixantaine de plantes déterminantes, dont une vingtaine est protégée en région. Les plus intéressantes s'observent dans le bas-marais alcalin et au sein des étangs. Concernant la faune, plus d'une trentaine d'espèces déterminantes a été recensée à ce jour, dont la plupart sont des insectes. On retiendra de cette ZNIEFF, sa population exceptionnelle de Leucorrhine à large queue et des milieux propices à la reproduction de l'Engoulevent d'Europe et de la Cistude d'Europe (Emys orbicularis).

Ce massif est reconnu pour sa richesse floristique depuis le début du XXe siècle, grâce aux inventaires de M. Aristobile repris dans le catalogue d'E.-H. Tourlet (1908). Il a été l'un des premiers sites de la région à avoir bénéficié d'une description de ses associations végétales. René Gaume détaille dans deux tomes parues en 1924, la flore ainsi que les bryophytes pour chaque végétation observée dans ce massif.

Les prospections récentes ont permis d'actualiser une grande partie des mentions anciennes de la flore patrimoniale. Dans la publication de R. Gaume, certaines bryophytes recensées figurent dans la liste rouge régionale actuelle. Les plus intéressantes étaient principalement observées dans les divers habitats du vallon du Gué de la Vie qu'il serait intéressant de prospecter de nouveau pour moderniser les données concernant ce groupe. Un inventaire des fonges pourrait également y être mené.

Grâce à plusieurs campagnes de prospection de la faune (notamment odonates et avifaune), de forts enjeux ont également pu être identifiés. Il semble ainsi être opportun d'inventorier les autres groupes faunistiques (amphibiens, poissons, mammifère, mollusques) et de prospecter des groupes encore peu étudiés dans ce zonage, tels que les reptiles.

Commentaires sur la délimitation

Cette zone polynucléaire se découpe en trois grands secteurs : est, ouest (scindé en un grand et un petit noyau) et sud. Les limites de cette ZNIEFF sont généralement calées d'après les orthophotoplans de 2011, sur les chemins ou les limites des boisements pour une meilleure lisibilité.

À la suite de plusieurs inventaires, cette ZNIEFF a été modernisée en 2015-2016. Le contour de première génération a ainsi été modifié pour tenir compte de la fermeture du milieu et des nouvelles données (notamment faunistiques, mais aussi su la flore et les habitats).

Le secteur ouest a été fortement modifié. Son contour actuel contient les étangs d'intérêt (étang Neuf, Vaillant et de la Loge à Gono), les landes fraiches en meilleur état et les milieux les plus propices à l'avifaune.

Concernant le noyau sud, une extension a été créée pour inclure les étangs du vallon du Gué de la Vie dans le bois de Vinceuil, ainsi que la mare de la Rolle. Ce contour est calé principalement sur l'hydrographie du milieu, estimé d'après le Scan 25 et affiné sur les limites des végétations lorsqu'elles s'observent. Le contour est élargi au nord pour inclure les zones de déplacement de Cistude d'Europe (entre le dernier étang au nord et la mare de la Rolle en passant par une mare forestière). Au niveau des deux étangs sud et du cordon d'aulnaie, les limites bordent au mieux les végétations humides.

La partie orientale a été étendue pour intégrer une parcelle forestière du parc de la Haute-Touche, notamment la mare à Trèfle d'eau, les quelques fossés à Fluteau nageant et une parcelle en partie occupée de landes fraiches.