ZNIEFF 250006481
HAVRE DE REGNEVILLE

(n° regional: 00090000)

General comments

Le havre de Régneville est, par sa superficie, le plus important du Cotentin. Il est isolé de la mer par une vaste flèche sableuse orientée vers le sud : la pointe d'Agon.

Lieu de très haute productivité animale et végétale, ce havre assure avec les autres havres de la côte, les bases nutritionnelles des réseaux alimentaires littoraux tant continentaux que maritimes.

Au-delà de sa qualité paysagère originale, il abrite des formes de vie qui lui confèrent une valeur écologique et biologique particulière, attestée par la présence de nombreuses espèces animales et végétales d'intérêt patrimonial.

FLORE

La diversité des milieux est à l'origine de l'extraordinaire richesse floristique du site. Bon nombre d'espèces végétales d'intérêt patrimonial y ont été recensées, dont certaines sont protégées au niveau national (**) ou régional (*).

Résultant de phénomènes hydrosédimentaires complexes, les pointes sableuses d'Agon et de Montmartin regroupent des formations très diversifiées de dunes mobiles et fixées renfermant notamment le Chou marin (Crambe maritima**), l'Elyme des sables (Leymus arenarius**), l'Herbe à l'esquinancie (Asperula cynanchica), le Muscari à toupet (Muscari comosum), l'Ophrys abeille (Ophrys apifera), l'Œillet de France (Dianthus gallicus**), le Bec-de-grue maritime (Erodium maritimum*), le grand Salsifis (Tragopogon dubius), la Centaurée rude (Centaurea aspera) -qui développe ici l'une des plus belles stations régionales connues-.

Sur le domaine public maritime, les prés salés sont très riches et présentent les successions typiques des communautés atlantiques de plantes adaptées aux milieux salés, allant des zones peu végétalisées des vasières inondées à chaque marée (slikke), jusqu'au sommet de l'herbu (haut-schorre) à plus faible influence saline. Parmi les espèces les plus remarquables, citons la Frankénie lisse (Frankenia laevis*), l'Orge maritime (Hordeum maritimum*) et le Vulpin bulbeux (Alopecurus bulbosus*), le Statice oreille d'ours (Limonium lychnidifolium)... C'est sur ces mêmes prés salés que l'on rencontre la Bostryche queue de scorpion (Bostrychia scorpioides), petite algue vivant accrochée sur les tiges d'Obione (Halimione portulacoides), l'Elyme des sables (Elymus arenarius**), et l'Hyménolobe couché (Hymenolobus procumbens*).

En amont du pont de la Roque, d'intéressants escarpements siliceux avec des traces carbonatées résultant du contact avec le petit synclinal de calcaires primaires de Montmartin, abritent la rare Potentille printanière (Potentilla neumanniana).

FAUNE

Les relevés arachnologiques et entomologiques réalisés sur les secteurs dunaires et les prés salés ont permis de qualifier la valeur de ces deux milieux à cet égard. C'est dans les premiers que l'on a recensé plusieurs espèces rares et remarquables.

Citons tout d'abord une espèce rare d'araignée inféodée aux zones sableuses en bordure de schorres : Xerolycosa miniata. Ce havre constitue pour cette espèce l'unique station connue du Massif armoricain.

En matière d'insectes, Les Orthoptères sont nombreux dans cette zone. On y observe deux espèces rares : le Conocéphale des roseaux (Conocephalus dorsalis) et l'Oedipode turquoise (Oedipoda coerulescens).

Parmi les Hémiptères Hétéroptères, nous retiendrons une espèce en limite nord de répartition en Normandie : Carpocoris mediterranea atlanticus.

Les Névroptères comptent un représentant peu commun dans ces milieux : Euroleon nostra.

Ces secteurs dunaires renferment enfin l'unique station française d'un Hyménoptère, Crabro loewi.

Les vastes étendues de prés salés renferment, elles aussi, une entomofaune spécifique qui compte également quelques raretés, dont l'Hétéroptère Conostethus salinus, découvert pour la première fois en France dans ce havre, en 1992.

La mare infradunaire de la pointe d'Agon constitue un lieu de ponte pour le Crapaud calamite (Bufo calamita), dont des rassemblements très bruyants se font entendre la nuit en période de reproduction.

Zone de contact entre la mer, la rivière et le bocage, l'estuaire de la Sienne constitue à la fois une zone d'hivernage, d'escale migratoire, de reproduction et d'estivage pour de nombreuses espèces d'oiseaux qui y trouvent les espaces nécessaires à leur sécurité et surtout la nourriture.

En période hivernale, le peuplement est très important. Parmi les principales espèces, citons la Bernache cravant à ventre pâle (Branta bernicla hrota), sous-espèce groenlandaise et nord américaine pour laquelle cet estuaire constitue le premier site français d'hivernage, et le Pluvier argenté (Pluvialis squatarola), dont les effectifs respectifs (deux cent cinquante individus en moyenne) atteignent le seuil d'importance internationale défini par la convention Ramsar.

L'estuaire représente le deuxième site normand pour l'hivernage de l'Huîtrier-pie (Haematopus ostralegus), avec près de deux mille individus en moyenne, et un site d'importance nationale pour la Barge rousse (Limosa lapponica), avec deux cents individus en moyenne.

A ces espèces, s'ajoutent également le grand Cormoran (Phalacrocorax carbo) qui utilise l'estuaire comme reposoir de pleine mer et comme zone de pêche dans les chenaux de la Sienne, le Courlis cendré (Numenius arquata), la Bernache cravant à ventre sombre (Branta bernicla), le grand Gravelot (Charadrius hiaticula), pour lequel on a recensé jusqu'à huit cents individus, le Hibou des marais (Asio flammeus), le Busard Saint-Martin (Circus cyaneus), le Faucon émerillon (Falco columbarius), le Martin-pêcheur (Alcedo atthis), l'Aigrette garzette (Egretta garzetta) dont un dortoir existe au nord du havre.

En mer, on observe l'hivernage d'espèces plus maritimes telles l'Eider à duvet (Somateria mollissima), le Plongeon arctique (Gavia arctica), ou encore le Harle bièvre (Mergus merganser), fréquentant moins l'intérieur de l'estuaire que la portion de côte longeant la pointe d'Agon à l'ouest.

Enfin, notons le recensement au passage de la Sterne caugek (Sterna sandvicensis), la plus abondante ici, et de la Sterne pierregarin (Sterna hirundo).

En période de nidification, les secteurs dunaires sont le refuge du Gravelot à collier interrompu (Charadrius alexandrinus), de la Pie-grièche écorcheur (Lanius collurio), du Traquet motteux (Oenanthe oenanthe), de la Huppe fasciée (Upupa epops)... Durant cette même période, les herbus accueillent la Bergeronnette flavéole (Motacilla flava flavissima) et le Bruant des roseaux (Emberiza schoeniclus).

Comments on the delimitation

Habitats littoraux variés (prés salés, dunes, estran, ...) fonctionnant en inter-relation et abritant de nombreuses espèces végétales et animales d'intérêt patrimonial.