ZNIEFF 250020012
MARAIS DE BLONVILLE ET DE VILLERS

(n° régional : 00000120)

Commentaires généraux

Il s'agit d'un ensemble assez homogène de prairies plus ou moins humides, relativement anthropisé sur les marges, et dont le substrat géologique est constitué d'alluvions modernes reposant sur des marnes calcaires du Bradfordien supérieur (Jurassique).

FLORE

La principale richesse de ce marais réside dans ses canaux et fossés qui, malgré un curage printanier de la plupart d'entre eux, présentent un grand nombre d'espèces d'intérêt patrimonial dont certaines sont protégées en Basse-Normandie (*).

Citons le Myriophylle verticillé (Myriophyllum verticillatum*), le Callitriche à crochets (Callitriche hamulata), le Callitriche à angles obtus (Callitriche obtusangula), le Callitriche à fruits plats (Callitriche platycarpa), le Potamot de Berchtold (Potamogeton berchtoldii), le Potamot filiforme (Potamogeton trichoides), la Lentille d'eau bossue (Lemna gibba), la Lentille d'eau sans racine (Wolffia arrhiza), la Lentille d'eau à trois sillons (Lemna trisulca), la Lentille d'eau minuscule (Lemna minuscula).

Ont également été recensés, en différents points du marais : Le Vulpin bulbeux (Alopecurus bulbosus*), l'Orchis à fleurs lâches (Orchis laxiflora), le Plantain d'eau à feuilles lancéolées (Alisma lanceolatum), la Laîche faux-souchet (Carex pseudocyperus), la Petite centaurée délicate (Centaurium pulchellum), le Gaillet fangeux (Galium uliginosum), le Jonc à tiges comprimées (Juncus compressus), la Gesse sans vrille (Lathyrus nissolia), la Queue de souris (Myosurus minimus), l'Onagre à feuilles de saule (Oenothera salicifolia), la Pétasite hybride (Petasites hybridus), le Plantain intermédiaire (Plantago major ssp intermedia), la Scirpe sétacé (Scirpus setaceus), le Pigamon jaune (Thalictrum flavum), la Zannichellie des marais (Zannichellia palustris).

Enfin, il convient de signaler les formations rudérales situées en marge du marais et résultant de leur contact direct avec les zones urbanisées et du littoral puisqu'elles abritent trois espèces rares : le Brome des toits (Bromus tectorum*), le Polypogon de Montpellier (Polypogon monspeliensis*), et la Vulpie ambiguë (Vulpia ciliata ssp. ambigua). Mentionnons également des espèces assez rares à rares telles que l'Anthrisque des dunes (Anthriscus caucalis), l'Arroche de Babington (Atriplex glabriuscula), le Brome de Ferron (Bromus hordeaceus ssp ferronii), la Laîche divisée (Carex divisa), le Chiendent pied-de-poule (Cynodon dactylon), le Cynoglosse officinale (Cynoglossum officinale), le Diplotaxe des murs (Diplotaxis muralis), l'Euphorbe maritime (Euphorbia paralias), la Glaucière jaune (Glaucium flavum), le Lotier à feuilles ténues (Lotus corniculatus ssp tenuifolius), l'Oenanthe de Lachenal (Oenanthe lachenalii), la Sagine maritime (Sagina maritima) et la Silène conique (Silene conica), l'Ail à tête ronde (Allium sphaerocephalon), la Céraiste à pétales courts (Cerastium brachypetalum), la Petite linaire (Chaenorrhinum minus), le Chénopode rouge (Chenopodium rubrum), l'Epipactis à larges feuilles (Epipactis helleborine), le Géranium fluet (Geranium pusillum), le Liondent des rochers (Leontodon taraxacoides), la Linaire couchée (Linaria supina), le Buglosse des champs (Lycopsis arvensis), le Pavot hybride (Papaver hybridum), le Mélilot élevé (Melilotus altissimus), le Poirier sauvage (Pyrus pyraster) et la Rose stylée (Rosa stylosa). L'Elyme des sables (Elymus arenarius) -espèce protégée nationalement- est également présent sur un secteur dunaire embryonnaire de la plage de Blonville.

FAUNE

En matière d'oiseaux, la présence de formations végétales à grandes hélophytes est très favorable à de nombreuses espèces de passereaux paludicoles qui y nichent. Citons la Bouscarle de Cetti (Cettia cetti), le Bruant des roseaux (Emberiza schoeniclus), la Locustelle tachetée (Locustella naevia), le Phragmite des joncs (Acrocephalus schoenobaenus), la Rousserolle effarvatte (Acrocephalus scirpaceus), et la Rousserolle verderolle (Acrocephalus palustris). S'y ajoutent d'autres oiseaux nicheurs rares et assez rares tels que la Bergeronnette printanière (Motacilla flava flava), la Cisticole des joncs (Cisticola juncidis), la Fauvette babillarde (Sylvia curruca), la Fauvette grisette (Sylvia communis), le Grèbe huppé (Podiceps cristatus), la Mésange nonnette (Parus palustris), le Petit Gravelot (Charadrius dubius), la Sarcelle d'été (Anas querquedula), le Traquet pâtre (Saxicola torquata) le Vanneau huppé (Vanellus vanellus), et des espèces potentiellement nicheuses telles que le Canard souchet (Anas clypeata), la Huppe fasciée (Upupa epops), le Loriot d'Europe (Oriolus oriolus), le Martin-pêcheur d'Europe (Alcedo atthis), le Pouillot fitis (Phylloscopus trochilus) et la tourterelle des bois (Streptopelia turtur).

Il est aussi à noter la présence de nombreuses espèces d'oiseaux en période internuptiale.

Mentionnons le Plongeon catmarin (Gavia stellata), le Grèbe à cou noir (Podiceps nigricollis), le Grand cormoran (Phalacrocorax carbo), l'Aigrette garzette (Egretta garzetta), la Cigogne blanche (Ciconia ciconia), la Spatule blanche (Platalea leucorodia), l'Oie cendrée (Anser anser), l'Oie des moissons (Anser fabalis), le Canard chipeau (Anas strepera), le Canard pilet (Anas acuta), le Canard souchet (Anas clypeata), la Sarcelle d'été (Anas querquedula), la Sarcelle d'hiver (Anas crecca), le Tardone de Belon (Tardorna tadorna), le Harle bièvre (Mergus merganser), le Harle piette (Mergus albellus), le Fuligule milouin (Aythya ferina), le Fuligule milouinan (Aythya marila) et le Fuligule morillon (Aythya fuligula). Parmi les rapaces diurnes, le Milan noir (Milvus migrans), le Bondrée apivore (Pernis apivorus), le Busard des roseaux (Circus aeruginosus), le Busard Saint-Martin (Circus cyaneus), le Faucon hobereau (Falco subbuteo) et le Faucon émerillon (Falco columbarius).

A ceux-ci s'ajoutent la Perdrix grise (Perdrix perdrix), le Râle d'eau (Rallus aquaticus), la Becassine sourde (Lymnocryptes minimus), la Barge à queue noire (Limosa limosa), le Chevalier arlequin (Tringa erythropus), le Chevalier aboyeur (Tringa nebularia), le Chevalier culblanc (Tringa ochropus), le Chevalier guinette (Actitis hypoleucos), le Chevalier sylvain (Tringa glaneola), le Bécasseau sanderling (Calidris minuta), le Combattant varié (Philomactus pugnax), l'Echasse blanche (Himantopus himantopus), le Labbe parasite (Stercorarius parasiticus), la Mouette mélanocéphale (Larus melancephalus), la Mouette pigmée (Larus minutus), la Guifette noire (Chlidonias niger), le Pic noir (Dryocopus maritimus), le Torcol fourmilier (Jynx torquilla), l'Hirondelle des rivages (Riparia riparia), le Pipit spioncelle (Anthus spinoletta), la Pie-grièche écorcheur (Lanius collurio), le Roitelet huppé (Regulus regulus), le Traquet tarier (Saxicola rubetra), le Traquet motteux (Oenanthe oenanthe), la Mésange à moustache (Panurus biarmicus), la Bruant zizi (Emberiza cirlus) et le Tarin des aulnes (Carduelis spinus).

Les prairies humides et les secteurs d'eau libre sont favorables à la présence de la Couleuvre à collier (Natrix natrix) mais aussi au rare Triton ponctué (Triturus vulgaris).

L'étude de l'entomofaune révèle la présence d'espèces remarquables.

Citons parmi les papillons diurnes le Machaon (Papilio machaon) -assez rare en Basse-Normandie- et l'Azuré porte-queue (Lampides boeticus), plus rare encore. L'Hespérie de l'alcée (Carcharodus alceae) est une espèce plutôt abondante sur ce site, elle se maintient sur le littoral mais s'est beaucoup raréfiée. Le Bel-argus (Polyommatus bellargus) est une espèce propre à la Normandie, mais aussi le Gazé (Aporia crataegi) et le Soufré (Colias hyale) rare dans nos régions. Le Flambé (Iphiclides podalirius) est un grand papilionidé que l'on retrouve sur ce site mais pas dans la Manche. Certains Nymphalidés sont peu communs dans notre région tels que le Petit mars changeant (Apatura ilia) et le Grand mars changeant (Apatura iris), d'autres ont beaucoup régressé comme la Grande Tortue (Nymphalis polychloros).

En papillons nocturnes, citons parmi les Phalènes l'Acidalie des pâturages (Scopula immutata) et l'Ennomos rongée (Ennomos erosaria), rares en Basse Normandie. Chez les Noctuelles, nous retrouvons des espèces rares telles qu'Apamea ophiogramma, Macrochilo cribrumalis, Simyra albovenosa, Lygephila pastinum, Aporophila lutulenta, Schrankia taenialis, Le Double oméga (Diloba caeruleocephala) et la Noctuelle marginée (Pyrrhia umbra). Parmi les Saturnidae, nous citerons le Grand paon de nuit (Saturnia pyri) ; parmi les Notodontidae, le Hausse-Queue grise (Clostera anastomosis ; et parmi les Arctiidae, Utetheisa pulchella.

Dans l'Ordre des Coléoptères, nous retrouvons parmi les coccinelles peu répandues Chilocorus renipustulatus et Hippodamia variegata. Parmi les Charançons, cinq espèces sont inféodées au marais et possèdent à ce titre une certaine valeur patrimoniale ; nous citerons Mononychus punctumalbum, Nanophyes marmoratus, et Ischnomera sanguinicollis -rarement signalée dans la région-.

En Diptères, nous retrouvons trois espèces de la famille des Stratiomyidae, propres aux zones humides, qui sont au minimum assez rares et risquent de décliner : Beris vallata, Nemotelus pantherinus, Stratiomyis chamaeleon.

Notons la présence en Hyménoptères, parmi les Symphyta, de quinze espèces dont certaines sont considérées comme rares au niveau national : Aneugmenus coronatus, Arge enodis, Birka cinereipes, Brachythops flavens, Dolerus anticus, Dolerus megapterus, Dolerus triplicatus, Entomostethus gagathinus, Pristiphora brevis, Tenthredo omissa, et surtout Pristiphora brevis, dans le marais, qui constitue la troisième localité française et dont la plante hôte est le Pigamon jaune (Thalictrum flavum), espèce elle-même assez rare en Basse-Normandie. Parmi les Sphecidae, les espèces localement menacées de disparition sont celles qui nidifient dans le sol ou les talus sableux ou encore dans les dunes mobiles. Nous citerons le Philanthe (Philanthus triangulum), Bembix rostrata et Mellinus arvensis. Parmi les abeilles et notamment les abeilles sociales, notons la présence du très rare bourdon Bombus sylvarum. On trouve également des espèces plus rares telles que Macrophya rufipes, espèce à tendance méridionale rare dans le nord-ouest, Dolerus ferrugatus, espèce commune mais qui présente ici une forme de coloration entièrement noire chez le mâle. Notons également quatre espèces rares au niveau national : Brachythops flavens, Dolerus megapterus, Dolerus anticus, Dolerus triplicatus.

Le site est riche aussi en Odonates avec pas moins de vingt sept espèces recencées. Les moins représentées étant le Cordulégaste (Corulegaster boltonii), le rare Gomphe vulgaire (Gomplus vulgatissimus). L'observation unique du Sympétrum jaune d'or (Sympetrum flaveolum), reste une donnée exceptionnelle en Basse Normandie. Un peu moins rare, le Sympétrum de Fonscolombe (Sympetrum fonscolombii), libellule vagabonde qui quitte chaque année ses zones de reproduction méridionales et se laisse porter par les vents jusqu'en Angleterre.

Nous retrouvons aussi les Demoiselles telles que l'Agrion délicat (Coenagrion tenellum) -espèce rare en dehors des Landes de Lessay et les Collines normandes- ainsi que l'Agrion joli (Coenagrion pulchellum), surtout connu dans les marais de Carentan.

Chez les Anisoptères, certaines espèces peu communes ont été rencontrées : la Libellule fauve (Libellula fulva) et la Cordulie bronzée (Cordulia aenea).

Chez les Orthoptères, il est possible de rencontrer le Criquet vert-échine (Chorthippus dorsatus dorsatus) -une espèce assez répandue dans le Calvados mais absente d'une partie de la Normandie-. Sur le versant marin, la végétation rare et clairsemée ne facilite pas la survie de ces insectes. Notons néanmoins l'arrivée d'un pionnier, le Grillon d'Italie (Oecanthus pellucens), dont la présence signe, généralement, un réchauffement climatique.

Enfin, ce site est fréquenté par quelques espèces de chiroptères dont trois d'intérêt patrimonial : le Grand Rhinolophe (Rhinolophus ferrumequinum), le Grand Murin (Myotis myotis) et la Pipistrelle de Nathusius (Pipistrellus nathusii).

Commentaires sur la délimitation

Zone humide correspondant à un marais arrière-littoral abritant des espèces d'intérêt patrimonial dont certaines sont protégées à l'échelon régional. Il est limité en périphérie par des secteurs fortement urbanisés.