A l’instar de la Liane, le Wimereux est un bassin côtier qui présente un intérêt majeur autant pour les espèces holobiotiques que pour les migrateurs amphihalins. Les 6 km concernés par le projet de classement en ZNIEFF propose une diversité de faciès intéressante qui permet à l’espèce repère truite fario de réaliser les grandes étapes de son cycle biologique. En présentant des habitats de reproduction et de croissance pour les juvéniles à moins de 30km de l’estuaire, le secteur concerné par le projet de ZNIEFF présente un intérêt particulier pour les salmonidés amphihalins dont l’effort migratoire reste limité, comparativement aux bassins de l’Authie et de la Canche, au regard de la proximité des zones de reproduction avec les secteurs de grossissement maritimes.
L’anguille est classée sur la liste rouge des espèces menacées de l’UICN comme étant en voie critique d’extinction. La disparition des habitats favorables à sa croissance est une des causes de raréfaction du stock. En tant qu’espèce ubiquiste et territoriale, la diversité d’habitats et leur qualité représente un des paramètres déterminant les densités d’individus qu’ils soient « résidents, c’est à dire en s’établissant sur une aire données sur plusieurs années ou bien nomades, en divaguant d’un habitat à un autre (Feunteun et al., 2003). De plus, en disposant d’un spectre trophique relativement large (poissons, invertébrés) et en étant classé comme « charognard », l’anguille joue un rôle de régulateur au sein du réseau trophique.
Sensible à la pollution, le chabot est en net déclin dans de nombreuses rivières (Bruslé et Quignard, 2001). La préservation des zones de production identifiées sur le projet de ZNIEFF constitue une garantie au maintien d’une population stable. En effet, les zones de radier et de plat courant, à fond caillouteux constituent à la fois des zones de reproduction mais également de croissance au regard du préférendum trophique de l’espèce. Le chabot est considéré comme étant une des principale espèce d’accompagnement de la truite fario sur les cours d’eau de type salmonicole, au même titre que le vairon. C’est un maillon trophique essentiel au sein de la chaine alimentaire « salmonicole » qui reste relativement restreinte et fragile à l’échelle régionale (3 maillons). La préservation de chaque espèce indigène est donc essentielle.
En tant qu’espèce « parapluie », la truite fario a fait l’objet d’une attention particulière lors de l’élaboration des documents cadre de gestion piscicole (PDPG59 et 62). Il s’avère que la dégradation de la qualité des cours d’eau limite le renouvellement des stocks de cette espèce bioindicatrice qui risque de disparaître à court terme si aucune action de restauration n’est entreprise (Jourdan, 2005, Lefebvre, 2007). La diversité et la fonctionnalité des séquences identifiées sur le périmètre du projet de ZNIEFF doit permettre d’assurer la réalisation des grandes étapes du cycle biologique de l’espèce à savoir la reproduction, l’éclosion et la croissance des individus.
La présence de plats lentiques à l’échelle d’un hydrosystème lotique constitue une configuration physique favorable à la présence et au développement de la lamproie de planer, espèce non migratrice qui présente un cycle biologique atypique. L’enjeu de conservation est important puisque la lamproie de planer est une des rares espèces indigènes (à l’exception de certains macroinvertébrés) à être inféodée durablement aux habitats sablo-vaseux notamment durant sa phase juvéniles (larves amocètes). La préservation d’une alternance de zones lentiques et lotiques favorise donc la biodiversité de l’écosystème « salmonicole » dont la lamproie de planer fait partie intégrante.
La truite de mer est un migrateur amphihalin qui peut être considéré comme étant un bioindicateur pertinent de l’équilibre de l’hydrosystème. En effet, la présence de cette espèce sur un milieu reflète un bon état en matière de continuité écologique, de fonctionnalité des zones de reproduction, de fonctionnement des premiers maillons du réseau trophique et de la qualité de l’eau. A l’instar des autres espèces amphihalines, la truite de mer est menacée par les activités anthropiques mais dans une moindre mesure. A L’heure actuelle et en l’absence d’indicateurs pertinents, le stock de truites de mer ne peut faire l’objet d’estimation fiable.
A l’instar des sous bassins de la Canche, la fonctionnalité biologique du linéaire est fortement pénalisée par l’érosion des sols agricoles et le lessivage des surfaces imperméabilisées qui concernent plus de 40% de déficit d’accueil et de production pour l’espèces repère truite fario. En effet, les flux massifs de particules fines (minérales et organiques) vers le lit mineur des cours d’eau induisent le colmatage du fond des cours d’eau. Le potentiel d’accueil et de production de ce tronçon du Wimereux reste intéressant pour un cours d’eau présentant une telle typologie de substrat (argilo-marneux) puisqu’en l’absence de perturbation anthropique, le milieu serait capable de produire annuellement environ 600 truites fario et d’en accueillir environ 300 individus ce qui permet de considérer ce secteur comme un milieu pépinière du bassin du Wimereux.
En l’absence d’ouvrage hydrauliques pénalisant, les deux propositions de classement en ZNIEFF permettrait de connecter les deux ZNIEFF déjà existantes à l’échelle du bassin du Wimereux.
Le périmètre de la ZNIEFF reprend les contours du réservoir biologique désigné pour son intérêt piscicole reprenant une zone de frayère à salmonidés (Truite fario).