ZNIEFF 420030413
Lande à Lycopodes du Hochfeld au Hohwald

(n° régional : 1677081)

Commentaires généraux

La Lande du Hochfeld, dite aussi « Chaume-des-Veaux » s’étage de 945 m à 1070 m environ, sa pente moyenne est de 22%, d’orientation est, et dépasse localement 50%.

Le climat est à la charnière du montagnard moyen et du montagnard supérieur combinant une pluviométrie importante (de l’ordre de 1491mm/an) et une température moyenne annuelle de 5,8°C (station du Champ du feu). L’altération du granite produit une arène riche en quartz sur laquelle se développent des sols bruns acides assez sableux où se développent naturellement une hêtraie d’altitude. Autour de 1962, l’ouverture de deux pistes de ski impliqua le défrichement et le décapage des horizons supérieurs. L’épaisseur variable du décapage (en fonction de la microtopographie) a conduit à l’apparition de divers sols plus ou moins squelettiques, non évolués et peu humifères, propices à l’installation d’une lande très rase, dominée par la Callune, riche en bryophytes et en lichens et contenant des lycopodes rarissimes. Ce site permet la « réunion peu commune de sept Lycopodiacées », soit tous les lycopodes de France à l’exclusion du Lycopode aplati (Diphasiastrum complanatum), du Lycopode d’Issler (Diphasiastrum issleri) et du Lycopode inondé (Lycopodiella inundata) (Jérôme C., 1993).

Outre les trois espèces relativement communes dans les Vosges moyennes le Lycopode sélagine (Huperzia selago), le Lycopode à rameaux annuels (Lycopodium annotinum) et le Lycopode en massue (Lycopodium clavatum), quatre taxons du genre Diphasiastrum sont nettement plus rares et méritent une description particulière.

Deux « bonnes espèces », sur les trois connues en France, sont présentes : le Lycopode alpin (Diphasiastrum alpinum) et le Lycopode petit-cyprès (Diphasiastrum tristachyum). La troisième, le Lycopode aplati a été observé dans le Haut-Rhin il y a un siècle environ et n’a plus été revu en France depuis (sa station la plus proche se trouve en Allemagne à 20 km de la frontière). Par ailleurs, deux taxons d’origine hybridogène sur les trois connus sont présents : le Lycopode de Zeiller (Diphasiastrum zeilleri), issu du croisement du Lycopode aplati (actuellement absent du site) et du Lycopode petit-cyprès, et le Lycopode de Oellgaard (Diphasiastrum oellgaardii) issu du croisement du Lycopode alpin et du Lycopode petit-cyprès. Pour ce dernier, la lande du Hochfed est le locus classicus, c'est-à-dire le lieu de prélèvement de l'holotype en 1996 (échantillon original ayant servi à nommer le taxon) (Bœuf R., 2001 a).

Trois hypothèses ont été avancées pour expliquer cette richesse exceptionnelle en Lycopodiacées : l’origine anthropique (implantation volontaire), l’origine exogène (colonisation du terrain décapé par anémochorie et /ou zoochorie à partir de zones refuges où toutes ces espèces se seraient maintenues) et enfin l’origine endogène (réactivation d’une banque de spores, connus pour conserver très longtemps leur pouvoir germinatif ou de gamétophytes qui peuvent aussi végéter très longtemps dans le sol).

Cette dernière hypothèse est à l’heure actuelle la plus vraisemblable: des formes de résistances seraient restées en dormance depuis l’époque asylvatique (en tout cas avant que la forêt ne colonise ce site). Ces conditions permettent le maintien d’autres plantes remarquables typiques des landes montagnardes : la Myrtille des marais (Vaccinium uliginosum), l’Arnica (Arnica montana), Senecio hercynicus, l’Epervière des prés (Hieracium pratense), plante euro-sibérienne qui traverse le Rhin pour trouver dans les Vosges ses seules stations de France (Ochsenbein, G., 1963 [1965]) ainsi que la Pédiculaire des bois (Pedicularis sylvatica) et quelques pieds de Petite pyrole (Pyrola minor)(Bœuf R., 2001 b).

Enfin la faune des landes profite aussi du site avec notamment le Lézard vivipare (Zootoca vivipara) et le Pipit des prés (Anthus pratensis).

Commentaires sur la délimitation

Le périmètre est conçu pour englober un ensemble cohérent d’habitats d’espèces remarquables, inféodées aux landes montagnardes.

La ZNIEFF est dessinée à partir des données disponibles concernant ce groupe d’espèces, sur un pas de temps déterminé (2001-2012), des connaissances bibliographiques concernant leurs exigences vitales (qualitativement et en termes de surfaces) et à partir des connaissances des habitats biologiques en présence.

Le périmètre est centré sur les espaces ouverts formés par les pistes de ski mais intègre aussi les lisières (pour leur intérêt écologique) et le boisement central (pour conserver un aspect d'ensemble). Les contours de la ZNIEFF suivent des limites géographiques repérables sur le terrain: route et lisières forestières.