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COMMENTAIRE GENERAL
Vaste dépression marquée par les glaciations du début du Quaternaire, au pied du Mont Noir, le Grandvaux est remarquable par ses complexes de milieux humides et de lacs. Les conditions, dans cette région, aussi bien au niveau climatique que topographique ou géologique, en font un site exceptionnel à plus d’un titre. Dans cette région du Jura et à cette altitude, les conditions climatiques sont particulièrement rudes : précipitations abondantes et fréquentes, température moyenne basse, absence de périodes sèches de longue durée, gelées fréquentes et durables. En outre, la situation de dépression, encadrée par des escarpements plus ou moins marqués de calcaires et de marnes du Crétacé, renforce encore les conditions propices à la présence quasi permanente de l’eau. En effet, le fond est rendu imperméable par le substrat sur lequel se sont entassées des alluvions glaciaires. L’ensemble de ces conditions favorise l’installation de milieux originaux : les tourbières.
C’est le cas dans plusieurs localités du Grandvaux et plus particulièrement ici, sur la commune de Lac des Rouges Truites. Le petit lac est entouré d’un bas marais alcalin où l’on observe un cortège végétal typique avec par exemple l’airelle des marais, la canneberge…, qui représente la première phase de la formation d’une tourbière. Un radeau flottant, ponctué de gouilles, assure la transition avec une tourbière bombée, phase ultime de l’évolution de ces milieux. Cet ensemble tourbeux accueille des communautés végétales exceptionnelles, en nette régression actuellement en France : groupement à scheuchzérie des marais, à laîche des bourbiers ou encore à linaigrettes et laîches à utricules velus. Les abords du lac, vers le sud-est, comptent de belles prairies paratourbeuses à molinie et à linaigrettes. Lorsque l’hydromorphie diminue dans les sols, s’établissent alors des prairies humides, qui ajoutent encore à cet éventail de milieux naturels. Entre les deux, magnocariçaies, roselières et mégaphorbiaies attestent de l’abandon de certaines pratiques.
L’intérêt patrimonial de ce site est encore renforcé par la présence de plus de douze espèces végétales menacées et/ou protégées, parmi lesquelles l’œillet superbe, l’andromède à feuilles de polium, le choin ferrugineux, la scheuchzérie des marais, le rossolis à feuilles rondes, la laîche étoile des marais, la laîche des bourbiers, le troscart des marais, la canche aquatique, l’héléocharis à cinq fleurs, la méesie des marais (bryophyte)… ainsi que le nénuphar nain et le rubanier nain présents dans les eaux du lac.
Cette belle mosaïque d’habitats voit son intérêt renforcé par la présence de nombreuses espèces d’odonates et de papillons, dont certaines sont plus ou moins menacées (leucorrhine douteuse, agrion hasté, cordulie arctique, nacré de la canneberge, fadet des tourbières, azuré de la croisette, solitaire, cuivré de la bistorte, fadet de la mélique, cuivré écarlate…). Le ruisseau du lac, qui sert d’exutoire au lac des Rouges Truites, constitue un biotope favorable à l’écrevisse à pieds blancs, protégée par arrêté préfectoral.
STATUT DE PROTECTION
La présence de plusieurs espèces végétales et animales, citées dans les arrêtés ministériels du 31.08.1995 (articles 1 et 2) et du 22.06.1992 pour les plantes, du 23.04.2007 pour les insectes ainsi que l’arrêté préfectoral de protection de biotope (01.07.2009) concernant l’écrevisse à pattes blanches, assure directement la protection de ce site puisque tout acte de destruction à l’encontre de ces espèces et de leur biotope est interdit.
OBJECTIFS DE PRESERVATION
Le site du Lac des Rouges Truites a connu, par le passé, des activités d’exploitation de la tourbe dont il subsiste quelques traces. Aujourd’hui, ce sont les captages d’eau, les drainages ainsi que certaines activités sportives qui sont à l’origine de nuisances. Afin de conserver au site tout son intérêt patrimonial, il conviendra de prendre quelques mesures comme le contrôle de la qualité physico-chimique et biologique des eaux et de préserver la qualité des habitats naturels.
