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COMMENTAIRE GENERAL
Les tourbières de la Combe de Laisia s’étendent au sud du hameau « Les Granges », sur le territoire communal des Molunes, dans le sud-est du département du Jura. Recouvrant presque 10 hectares, elles s’intègrent à une vaste combe qui s’étire selon une orientation nord-est - sud-ouest, suivant en cela les formations tendres des marnes argoviennes (Jurassique supérieur). En quelques localités, ces formations géologiques anciennes sont recouvertes de matériaux glaciaires issus de l’épisode très froid survenu il y a environ 10000 ans. Les tourbières de Laisia en constituent un exemple. Situées à une altitude de près de 1200 mètres, elles subissent des conditions climatiques assez rudes comme c’est le cas dans cette partie du massif jurassien. Ces facteurs environnementaux, topographiques, géologiques et climatiques, sont à l’origine de l’installation d’écosystèmes particuliers : les tourbières.
La valeur patrimoniale du site des deux petites tourbières de la Combe de Laisia, malgré une surface assez restreinte et la discontinuité entre les deux localités, est importante ; tous les stades d’évolution d’une tourbière sont représentés, bien que de façon inégale.
Un bas marais constitue la première étape de la formation de la tourbière. Très rapidement, il laisse la place à des tremblants tourbeux, dont le cortège floristique accueille une plante protégée au niveau national : le rossolis à feuilles rondes. La phase suivante est marquée par l’élaboration de la tourbière haute ou bombée, formée principalement de sphaignes - dont la sphaigne de Magellan - et qui constituent un habitat intéressant pour la discrète andromède à feuilles de polium, protégée également. Mais l’abondance de tapis de polytrics et de nombreux lichens qui s’établissent entre les touffes de callune traduit un assèchement progressif de la tourbière et donc la fin de son évolution.
Malgré cela, le stade ultime de la formation de cet écosystème remarquable, la forêt sur tourbe, représentée ici par une pessière à bouleau pubescent, occupe la majeure partie du site tourbeux. Son cortège floristique n’est pas banal puisqu’il héberge, parmi les pieds de myrtilles, le lycopode à rameaux d’un an et la pyrole intermédiaire.
Alentour se sont établies des prairies humides à molinie. Si elles participent à la transition entre la tourbière et les prairies plus mésophiles, elles n’agissent pas seules. Elles sont en effet plus ou moins imbriquées avec des mégaphorbiaies, formations herbacées à plantes à grand développement, colonisant des sols riches et humides. Longtemps fleuries et d’abondance, ces communautés constituent un garde-manger pour bon nombre d’insectes floricoles. À Laisia, l’épilobe de Durieu trouve là un biotope tout à fait favorable. Cette espèce, protégée au niveau national, n’est pas fréquente puisque seulement deux stations sont connues dans la région.
Les prairies humides à trolle et molinie s’étendent aux abords de la tourbière. Souvent enrichies en éléments azotés, apportés par le bétail, elles offrent tout de même les conditions qu’exige l’épilobe à feuilles d’alsine, également protégé et rare en Franche-Comté.
STATUT DE PROTECTION
La présence de plusieurs espèces végétales, citées dans les arrêtés ministériels du 31.08.1995 et du 22.06.1992 assure directement la protection de ce site puisque tout acte de destruction à l’encontre de cette espèce et de son biotope est interdit. Ce site bénéficie également d’un statut de zone spéciale de conservation vis-à-vis de la Directive Habitats et de zone de protection spéciale (Directive Oiseaux).
OBJECTIFS DE PRESERVATION
Globalement bien conservé, le site des tourbières de la Combe de Laisia est remarquable, malgré un début d’assèchement. Afin d’assurer la pérennité de ce site, il serait souhaitable d’éviter toute opération de drainage afin de limiter les déséquilibres hydriques, mais également d’éviter le pâturage sur la tourbière ou la fréquentation du public. Enfin, l’apport de fertilisants dans les prairies bordant la tourbière est à proscrire, l’équilibre ici étant assez fragile.
