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DESCRIPTION
A l'est de Morez, un bel ensemble de tourbières s'étend le long de l'anticlinal dit " de la Joux Devant ". Au nord-ouest de Villard-sur-Bienne, celui-ci est entaillé par la discrète combe de Laume. Cette dépression humide, imperméabilisée par les dépôts morainiques laissés par le retrait des glaciers quaternaires, est longue de 1,5 kilomètre et large d'une centaine de mètres. Elle est prolongée au sud par une petite dépression linéaire et étroite, le Pré Barbouillon.
Dans le Massif du Jura, en altitude, les facteurs climatiques sont propices à l'installation de tourbières. A partir de cuvettes imperméabilisées remplies d'eau, les tourbières se forment et évoluent lentement depuis environ 12 000 ans : colonisation de l'eau libre (tremblants), bas-marais alcalin, puis tourbière bombée (haut-marais acide), et enfin assèchement et installation des ligneux. Il est rare que la tourbière colonise tout le bas-marais alcalin, on parle alors de tourbière mixte. Un marais de transition très humide et riche en espèces se développe fréquemment au contact du bas-marais alcalin et du haut-marais.
Ce site, entouré de prairies humides fauchées, présente tous les stades d'évolution des tourbières et une grande valeur patrimoniale liée à son cortège floristique : 74 espèces de plantes à fleurs sont dénombrées, dont deux protégées au plan national. Cette végétation originale est typique des tourbières jurassiennes.
Les mégaphorbiaies, formations de hautes herbes à reine des prés, aconit napel, renoncule à feuilles d'aconit ou renouée bistorte, sont favorables aux insectes floricoles. Formant une mosaïque avec des cariçaies et des bouquets de saules, ces milieux constituent des lieux de nidification privilégiés pour le tarier des prés et la rousserolle verderolle. Le haut-marais actif est caractérisé par des coussins de sphaignes abritant l'andromède, espèce protégée en France. Il prend la forme d'une lande sèche à callune et myrtilles, traduisant un assèchement de surface. Au sud, des tremblants tourbeux constituent la végétation cicatricielle d'anciennes fosses de détourbage. Composés d'une végétation étroitement intriquée (trèfle d'eau, potentille des marais, mousses...), ils forment un véritable tapis flottant et instable, propice à l'installation du rossolis à feuilles rondes, plante carnivore protégée, de la parnassie des marais ou de la violette des marais. Des formations ligneuses, boulaies tourbeuses et pessières sur tourbe, abondantes, se développent en anneau plus ou moins discontinu autour du haut-marais.
Dans la combe de Laume, un bas-marais alcalin, peu tourbeux, bordé par une belle mégaphorbiaie, est lié à la présence de sources. Il prend le plus souvent l'aspect de prés très humides dominés par le groupement à laîche de Davall. Sa principale richesse botanique est la grassette commune, autre plante carnivore protégée.
STATUT DE PROTECTION
La présence d'espèces végétales et d'insectes protégés confère indirectement un statut de protection au milieu : la législation interdit en effet de porter atteinte aux espèces et aux milieux qui les supportent (arrêtés ministériels des 20/01/82, 22/06/92 et 23/04/07).
OBJECTIFS DE PRESERVATION
Le Pré Barbouillon montre une tendance évolutive vers la boulaie pubescente sur tourbe à myrtille des marais, stade terminal des tourbières dégradées. Le haut-marais actif régresse, s'assèche en surface et se ferme progressivement. Son intérêt réside surtout comme une juxtaposition d'écosystèmes originaux. N'ayant jamais subi de pressions anthropiques fortes, la combe de Laume, quant à elle, a gardé une certaine authenticité.
La gestion doit viser à préserver la diversité des habitats et leur intrication. Il s'agit de conserver l'éco-complexe et de maintenir les stades dynamiques : combattre l'enfrichement, stopper les plantations d'épicéas, promouvoir le maintien de pratiques agricoles extensives sur les prairies humides et, éventuellement, relancer les processus dynamiques par la réouverture de certaines fosses de détourbage.
