ZNIEFF 430010415
ETANGS DU SUNDGAU

(n° regional: 47455000)

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Avec la montagne vosgienne et les vallées alluviales, les étangs constituent le trait dominant du Territoire de Belfort. Nombreux (1500 à 2000 dont 600 d'une taille supérieure à 5 ares), ils couvrent une superficie de l'ordre de 1200 ha. Ils tirent leur origine de causes climatiques et édaphiques : abondance des ruisseaux autorisant leur alimentation par captage, forte pluviométrie, faible pente des terrains et caractère imperméable du sous-sol (le sol du Sundgau est constitué essentiellement par des alluvions anciennes d'origine vosgienne et rhénane et par des alluvions récentes dans les vallées), médiocrité de la qualité agronomique de certaines terres. Les raisons sont également historiques et économiques : nés à l'époque romaine les étangs ont vu leur importance s'accroître dès le Moyen-Age en raison du développement des moulins à eau et de la consommation croissante du poisson qui devint une des bases de l'alimentation et cet essor prend fin au XVIIIème siècle. Quelques uns sont naturels mais la plupart d'entre eux sont artificiels. Ils sont répartis en deux zones principales, la partie vosgienne et le Sundgau qui se prolonge vers l'Alsace en constituant une grande région piscicole.

Dans le Sundgau, la superficie totale des étangs est de l'ordre de 530 ha occupant 2,4% de la superficie ; elle est moindre sur le site (environ 350 ha). Leur superficie est faible : inférieure à 50 ares dans 55 % des cas, les étangs de plus d'un ha ne représentant que 30 % des cas. La forêt couvre la plus grande surface (de l'ordre de 55 % du territoire). Le contexte forestier limite généralement le développement de la végétation périphérique des plans d'eau disposée en ceintures aquatique, amphibie et terrestre hygrophile. En fonction des caractéristiques chimiques des eaux et de leur niveau de trophie (richesse en éléments nutritifs) et de la nature des groupements végétaux, on peut distinguer 3 types de situations :

- Les étangs oligo-mésotrophes à nitelles, pauvres en éléments nutritif et à pH acide (inférieur à 6.4). Ils hébergent, entre autres, la nitelle flexueuse, le scirpe épingle et l'élatine à six étamines. Dans cette catégorie et parmi les plus remarquables figurent les étangs Carré, de la Grosse Taille et Sire Claude, ce dernier recélant la seule station connue de nitelle gracile du département et la marsilée à quatre feuilles, strictement protégée en Europe. L'étang de la Grille mérite une mention particulière car il abrite deux espèces menacées à l'échelle nationale : la marsilée à quatre feuilles et l'élatine a trois étamines

- Les étangs méso-eutrophes à Potamogeton trichoides (potamot capillaire), plutôt basiques (pH compris entre 7 et 7.5) et moyennement riches en éléments nutritifs, sont colonisés par le potamot à feuilles capillaires, le rubanier rameux et la petite douve. Dans cette catégorie et parmi les plus remarquables figure l'étang au Prince.

- Les étangs mésotrophes présentent une position intermédiaire entre les étangs à nitelle et ceux a Potamogeton trichoides. Parmi les plus remarquables, il convient de signaler les étangs Chièvre et le Gros Etang, ce dernier abritant deux espèces protégées au niveau régional, la litorelle des marais et la naïade mineure. Pour cette dernière, il s'agit des deux dernières stations du Territoire-de-Belfort.

On observe également une diversité des groupements forestiers hygrophiles et milieux associés : aulnaie-frênaie, aulnaie sur sols marécageux, saulaie arbustive, roselière, mégaphorbiaie, cariçaie,...avec quelquefois, pour chacun d'eux, une belle surface (étang de Foussemagne, Faverois, Grandvillars,...). L'intérêt est moindre dans les autres forêts si ce n'est l'étendue des massifs et leur fort impact dans les échanges faunistiques : chênaie-charmaie-(hêtraie) neutrophile à acidicline, chênaie-hêtraie-(charmaie) mésoacidicline à acidiphile avec, dans tous les cas, les formes mésophiles et hygroclines.

Depuis longtemps, le Sundgau est connu pour son avifaune et, dans ce secteur, les espèces observées lors de la nidification, en migration ou à l'hivernage sont à la fois nombreuses et peu communes : faucon pélerin, pygargue à queue blanche, balbuzard pêcheur, bondrée apivore, milans noir et royal, busards des roseaux et saint Martin, chevêche d'Athéna, blongios nain, butor étoilé, bihoreau gris, héron pourpré, grande aigrette, fuligule milouin, cigognes blanche et noire, râle d'eau, marouette ponctuée, différents limicoles, pics noir, mar et cendré, torcol fourmilier, pies grièches grise et écorcheur.

Pour ce qui concerne les batraciens, les étangs forestiers constituent des lieux de reproduction privilégiés pour des espèces comme la grenouille rousse ; ils abritent également une espèce peu commune : la rainette verte. Cette dernière, protégée en France, est très exigeante par rapport à la structure du milieu. La végétation riveraine, herbacée et arbustive, doit être bien développée et ensoleillée. En outre, le maintien durable de la rainette verte est étroitement lié à l'existence de réseaux de milieux où les populations, au renouvellement rapide, sont interconnectées.

Enfin, ce commentaire sur la faune ne pourrait être clos sans mentionner les insectes pour lesquels l'intérêt de la zone est pour le moins exceptionnel. La forte représentation des milieux aquatiques et hygrophiles ainsi que leur diversité autorisent, en effet, le développement d'un cortège de libellules très riche comptant plusieurs espèces remarquables : leste dryade, leste verdoyant, agrion nain, cordulie à deux taches ... Les papillons de jour ne sont pas en reste avec deux espèces protégées : le damier de la succise et le cuivré des marais ainsi que deux espèces liées aux lisières humides, le grand sylvain et le petit mars changeant.

Objectifs de gestion

- promotion de la traditionnelle exploitation piscicole extensive et cyclique des étangs les plus typés et les plus riches,

- utilisation raisonnée de fertilisants et d'apports organiques sur les secteurs agricoles situés en périphérie immédiate,

- maîtrise de la qualité des eaux des ruisseaux et biefs d'alimentation.

- maintien des ceintures de végétation des étangs ;

-harmonisation des pratiques agricoles avec la qualité des milieux grâce au maintien de la vocation herbagère des prairies et en évitant leur drainage ;

- garantie de la vocation feuillue des peuplements forestiers et maintien d'une hétérogénéité de structure par la diversité des traitements ;

- gestion respectueuse des caractéristiques écologiques des zones forestières humides et des éventuels secteurs de grand intérêt omithologique (grands échassiers).

- restauration des habitats naturels des populations animales et végétales de très grand intérêt.

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