ZNIEFF 430020103
PLAINE DE LA SAÔNE DE GRAY À RIGNY

(n° régional : 39182023)

Commentaires généraux

DESCRIPTION

La vaste plaine alluviale de la Saône représente un territoire bien particulier en raison de son inondabilité. En Haute-Saône, où la dynamique fluviale reste active, la Saône présente un profil caractéristique des rivières de plaine, avec de nombreux méandres serpentant dans un lit majeur étendu. Les crues successives ont façonné le paysage au fil du temps et imposé l’occupation des sols. Les prairies inondables, constituant des complexes fonctionnels bien typiques, sont ainsi associées à diverses annexes alluviales et bras morts.

 

En amont de Gray, une vaste plaine, l’une des plus étendues de la vallée, est occupée en majeure partie par des formations herbacées hygrophiles. Des zones boisées subsistent au nord-est et l’ensemble est enrichi de quelques haies, buissons et arbres isolés et d’une palette d’habitats aquatiques : ruisseaux (dont la Morthe), fossés et mares.

 

Dans la continuité du couloir rhodanien, la vallée de la Saône constitue un axe majeur pour les oiseaux migrateurs. Cet espace herbacé est ainsi très attractif pour des centaines de vanneaux huppés, de combattants variés et de bécassines des marais en étape migratoire. Plusieurs espèces menacées y nichent, comme le courlis cendré, le vanneau huppé, le tarier des prés, le pipit farlouse et la rousserole turdoïde, ainsi que la pie-grièche grise, l’un des passereaux les plus en danger dans la région.

 

Le peuplement d'amphibiens, d'intérêt majeur, comprend le triton ponctué, le sonneur à ventre jaune et la grenouille agile. La présence du cuivré des marais, papillon protégé, est confirmée sur ce site. En outre, les habitats aquatiques hébergent des libellules remarquables comme l’agrion de Mercure (également protégé), l’orthétrum bleuissant et le gomphe très commun. Enfin, plusieurs chauves-souris vulnérables, qui se reproduisent à proximité, viennent chasser dans ces prairies.

 

La composition floristique des prairies reflète leur position topographique et le mode d’exploitation, les formes fauchées étant les plus riches. Le bourrelet de rive sableux est occupé par une végétation à colchique et fromental, d’intérêt européen. Un groupement longuement inondable à œnanthe fistuleuse et laîche des renards, abritant la stellaire des marais (protégée dans la région), puis une prairie de niveau topographique moyen à séneçon aquatique et brome en grappe lui font suite. La gratiole officinale, protégée en France, n’a pas été revue récemment. Malgré leur caractère relictuel, les boisements de la Grande Basse, de type ormaie-frênaie des grands fleuves, présentent un grand intérêt patrimonial. Une série de fossés, ruisseaux et zones humides constituent une frayère à brochet occasionnelle, rehaussant ainsi l’intérêt écologique de cet ensemble.

 

En aval du site, le Tunnel souterrain du Dregeon est situé à l'entrée de la ville de Gray (ouest). Ce tunnel recevant les eaux de la rivière du Dregeon et les eaux pluviales de la ville de Gray débute après l'immeuble situé près du boulevard pour aboutir au barrage sur la Saône près du pont. Une colonie de mise-bas de chauves-souris est présente, accrochée à des poutres en bois. Deux espèces de chauves-souris ont été observées depuis1993 : le grand murin et le minioptère de Schreibers. Site hivernal d'une vingtaine d'individus (uniquement grand murin), le site accueille durant la période estivale (de mai à septembre) une importante colonie de mise-bas d'environ 450 femelles (essentiellement grand murin) qui viennent donner naissance à leur unique petit et l'élever. Les chauves-souris sont susceptibles de chasser dans un rayon de 20 à 30 kilomètres autour de la ville de Gray. L'intérêt du tunnel souterrain du Dregeon est départemental (indice chiroptérologique de 40).

 

STATUT DE PROTECTION

La zone est incluse dans le site Natura 2000 « Vallée de la Saône ». En outre, elle héberge des espèces inscrites dans les arrêtés ministériels des 20/01/82, 8/12/88, 22/06/92, 23/04/07, 19/11/07 et 29/10/09, ce qui confère indirectement un statut de protection au milieu : la législation interdit en effet de porter atteinte aux espèces et aux milieux qui les supportent.

 

OBJECTIFS DE PRESERVATION

Ce vaste ensemble de zones humides joue le rôle d’un espace tampon dans la plaine alluviale, assurant des fonctions d’amélioration de la qualité de l’eau, de régulation du débit et de limitation de l’érosion.

La gestion traditionnelle a contribué à créer une mosaïque d’habitats semi-naturels riches et diversifiés. La préservation durable de cette zone est liée au bon fonctionnement hydrologique et à l’intégrité des milieux, dans le cadre plus général du Contrat de Vallée Inondable, dont une nouvelle phase est en cours d’élaboration. Il convient donc de conserver :

- la fonctionnalité des systèmes latéraux (pas de drainage, de remblaiement ni de recalibrage) ;

- les prairies inondables (trop souvent converties en cultures ou peupleraies, comme sur cette zone assez morcelée) et la végétation riveraine ;

- les pratiques agricoles extensives (limitation des intrants, retard de fauche).

 

Le tunnel du Dregeon peut être amené à subir des aménagements et travaux (assainissement, nettoyage, remplacement des poutres en bois, etc.). Du fait de la présence des chauves-souris, espèces protégées et menacées, la Commission de Protection des Eaux recommande de prendre conseil auprès de son organisme. Enfin, pour préserver la tranquillité de la colonie, il est recommandé d'éviter les visites durant la période de juin à août (mise-bas et élevage des jeunes).

Commentaires sur la délimitation
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