ZNIEFF 430020267
LA VIEILLE LOUE, LES ETRAPEUX ET LE POTEAU

(n° regional: 37443007)

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DESCRIPTION

La basse vallée de la Loue s'étend sur un linéaire d'environ 40 kilomètres d'est en ouest, entre Rennes-sur-Loue et Parcey, juste en amont de la confluence avec le Doubs. Elle est encadrée par deux plateaux boisés dont la forêt de Chaux au nord. Dans cette vallée au relief peu marqué, le cours d'eau méandre sur des alluvions récentes recouvrant sables et cailloutis du Pliocène.

Autrefois très diversifié, avec des chenaux et milieux annexes multiples, le lit de la Loue est actuellement à chenal unique sinueux. Les nombreux aménagements subis jusque dans les années 1970 ont largement favorisé la simplification de la mosaïque fluviale. L'accélération de la circulation de l'eau a provoqué une incision du lit de 2 à 3 mètres et un abaissement de la nappe alluviale sous-jacente. Les milieux humides annexes, mortes et bras-morts, se trouvent perchés et subissent depuis un atterrissement accéléré.

Ecologiquement très diversifiés, plus ou moins amphibies, les milieux situés dans le lit majeur subissent des perturbations cycliques lors des crues. Ils abritent un cortège d'espèces strictement inféodées à ces conditions, se répartissant selon le degré d'inondabilité.

En rive droite de la Loue, cette zone est constituée d'un ancien bras principal, la Vieille Loue, et de méandres fossiles présentant de belles formes géomorphologiques. Si la morte des Etrapeux n'est alimentée en eau que de façon exceptionnelle lors des crues, la Vieille loue bénéficie d'une alimentation phréatique et d'une connexion temporaire avec la Loue par l'amont. L'environnement est constitué de prairies, de cultures et d'une saulaie arborescente à saule blanc. Différents groupements de végétation se rencontrent : prairies humides, roselières à baldingère faux-roseau, groupements amphibies à cresson amphibie, menthe aquatique et berle dressée, groupements aquatiques à potamots et renoncules aquatiques. La présence de la germandrée des marais, en régression, et de l'hottonie des marais, espèce protégée, ajoute à l'intérêt floristique du site. Sur le plan piscicole, la basse vallée de la Loue se situe dans la zone de transition entre région salmonicole et cyprinicole, Les annexes hydrauliques constituent des refuges en période de crue et des zones de fraie pour le brochet. Quatre espèces d'amphibiens sont recensées. En liaison avec la diversité des milieux, la basse vallée de la Loue présente de fortes potentialités sur le plan ornithologique, avec des espèces liées aux boisements alluviaux, aux fourrés hygrophiles, aux roselières, mais aussi aux prairies et milieux agricoles. Elle constitue également un axe lors des migrations.

STATUT DE PROTECTION

Aucune protection réglementaire de l'espace n'a été mise en place. En revanche, la présence de plantes, d'amphibiens et de poissons protégés confère indirectement un statut de protection au milieu : la législation interdit en effet de porter atteinte aux espèces et aux milieux qui les supportent (arrêtés des 08/12/88, 22/06/92 et19/11/07).

OBJECTIFS DE PRESERVATION

L'assèchement des annexes a pour conséquence une modification de l'occupation du sol, qu'elle soit " naturelle " (enfrichement) ou provoquée (conquête de nouveaux espaces, surtout au profit de cultures intensives ou de plantations de peupliers). Il s'ensuit notamment une baisse de biodiversité et un impact paysager. Les fonctions d'expansion des crues, de soutien du débit en période d'étiage et d'épuration des annexes sont réduites. De plus, la relative altération de la qualité de l'eau de la Loue est un facteur aggravant pour les communautés d'invertébrés et piscicoles notamment.

Une politique cohérente de restauration physique doit être menée à l'échelle du bassin versant et de l'hydrosystème dans son ensemble : recréer un espace de liberté pour la Loue, assurer la pérennité des systèmes latéraux et reconquérir la qualité de l'eau. C'est l'objet du contrat de rivière en cours.

Mener une action d’information auprès des usagers de ces espaces (agriculteurs, promeneurs, pêcheurs…) afin de réhabiliter l’image de ces milieux riches et prévenir les dégradations volontaires.

 Prospection 2018 :

A l’analyse de la flore, on constate une nette régression des habitats les plus humides. On assiste à un atterrissement et un assèchement des mortes et par voie de conséquence, une baisse importante de la biodiversité, même si certaines espèces patrimoniales subsistent.
Le butome en ombelle (Butomus umbellatus) n’a pas été revu en 2018. Il semble que cette espèce aie tout bonnement disparu de l’ensemble des mortes prospectées dans ce secteur de la Loue. L’hottonie des marais (Hottonia palustris) a été revue au niveau de « la grande Morte ».
De belles populations de laîche faux-souchet (Carex pseudocyperus) subsistent au niveau « des Etrapeux ».
La lentille à trois lobes (Lemna trisulca) est présente, ainsi que l’œnanthe fistuleuse (Œnanthe fistulosa). L’anse « des Etrapeux » abrite une population très développée de germandrée d’eau (Teucrium scordium).
Cryphaea heteromalla est régulièrement présentes sur le tronc des saules en situation bien inondable.
La myriophylle verticillée (Myriophyllum verticillatum) n’a pas été observée en 2018.

De façon générale pour l’ensemble des mortes prospectées, les menaces observées sont très nombreuses et il y a encore fort à faire pour réhabiliter ce type de milieu :
- dépôts divers : balles de foin pourries, gravats, pneus, sanitaires réformés …
- eutrophisation due aux engrais et amendements en provenance des ruissellement issus des prés et champs voisins ;
- Les arbres sont souvent très dépérissants. Il s’agit en particulier du frêne avec la chalarose, mais ce phénomène s’observe aussi sur les saules blancs adultes. Les conditions de vie pour ces arbres deviennent très difficiles. En effet, en période d’inondation, l’eau est bien là, mais en période d’étiage, l’endiguement de la Loue a provoqué l’enfoncement de la nappe dans le substrat qui est souvent très sableux et ils se trouvent alors de plus en plus confrontés à des périodes de sécheresse sévères;
- avec l’atterrissement et l’assèchement, les mortes sont victimes de l’envahissement du milieu par les saules, qui forment une couverture dense ne laissant plus la lumière parvenir au sol. La végétation herbacées sous ces saulaies est très pauvre;
- accès des mortes au bétail, aux sangliers qui piétinent les sols .
De plus, ces milieux tamponnés sont le siège du développement parfois explosif d’espèces végétales invasives, l’eau jouant un rôle de vecteur privilégié.

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