ZNIEFF 430020431
LA LOUE A MONTBARREY

(n° régional : 37443008)

Commentaires généraux

DESCRIPTION

En aval d'Arc-et-Senans et de Cramans, l'élargissement du lit majeur marque le début de la basse vallée de la Loue. La rivière présente encore un tracé sinueux et de nombreuses annexes hydrauliques. Toutefois, la chenalisation et l'endiguement massif subis jusque dans les années 1970 ont largement favorisé la simplification de la mosaïque fluviale (perte de quatre kilomètres de linéaire, déconnection de soixante bras secondaires et enrochement de 94 % des berges). L’accélération de la circulation de l’eau a provoqué une incision du lit de l’ordre d’un à deux mètres et un abaissement de la nappe alluviale. Depuis lors, les annexes hydrauliques se trouvent perchées et subissent un atterrissement accéléré.

Malgré ces profonds bouleversements, la Loue présente encore une remarquable diversité d'habitats au niveau de Montbarrey : les groupements aquatiques, amphibies et rivulaires sont développés au sein des îles, des grèves et des eaux vives, mais surtout dans les vastes complexes impénétrables qui persistent sur une partie de son lit majeur. De nombreux groupements des eaux claires et propres sont recensés : communautés à hottonie des marais (plante protégée dans la région) et à myriophylle verticillé, voiles de lentille d’eau à trois lobes et groupements à ache nodiflore, ainsi que des tapis de Characées (algues vertes évoluées). En dépit de leur typicité et de leur très bonne représentation sur la basse vallée de la Loue, la plupart des groupements végétaux intéressants demeurent fragiles. L'atterrissement naturel des annexes isolées du cours actuel constitue une menace à moyen terme pour la conservation de toutes les communautés aquatiques et amphibies des eaux stagnantes du secteur. Il faut souligner que la fonctionnalité optimale des mosaïques de milieux qui font la richesse de ce territoire s'exprime essentiellement dans les grands complexes composés de prairies de fauche et de pâtures. Ces secteurs marqués par une micro-topographie résultant de la dynamique fluviale passée sont particulièrement riches sur le plan de la diversité et la fréquence des espèces remarquables y est plus élevée que dans d'autres sites ayant subi des modifications. Par conséquent, la fragmentation et l'isolement croissants des habitats humides au sein d'espaces cultivés conduisent à l'appauvrissement de la diversité biologique et à la disparition d'espèces remarquables.

La basse vallée de la Loue constitue néanmoins un territoire propice à la colonisation par des végétaux invasifs, du fait de l'intensité des perturbations naturelles (crues décapantes) et artificielles (déplacements massifs de matériaux alluvionnaires lors des aménagements). Les espèces les plus problématiques sont l’élodée du Canada dans les eaux stagnantes, la renouée du Japon, le topinambour et la balsamine de l’Himalaya dans les mégaphorbiaies, ou encore l’érable negundo dans les saulaies arborées.

STATUT DE PROTECTION

Aucune protection réglementaire de l’espace n’a été mise en place. En revanche, la présence d’une plante protégée confère indirectement un statut de protection au milieu : la législation interdit en effet de porter atteinte aux espèces et aux milieux qui les supportent (arrêté ministériel du 22/06/92).

OBJECTIFS DE PRESERVATION

Les habitats existants demeurant fragiles, leur préservation passe par différentes mesures : outre une amélioration de la qualité et du volume de la ressource en eau, il convient d’abandonner la conversion de forêts alluviales en peupleraies, le remblaiement de mortes et de remettre en cause l'intensification agricole de certains secteurs tout en rétablissant des pratiques extensives sur d'autres sites. En parallèle, la restauration d’une dynamique alluviale active, impliquant une reprise de l'action érosive de la Loue, est essentielle pour entretenir les milieux actuels et en créer de nouveaux. Enfin, il convient d’instaurer une veille sur les espèces invasives, afin que les habitats générés ne soient pas rapidement envahis par ces néophytes.

 

Prospection 2018

A l’analyse de la flore, on constate une nette régression des habitats les plus humides. On assiste à un atterrissement et un assèchement des mortes et par voie de conséquence, une baisse importante de la biodiversité, même si certaines espèces patrimoniales subsistent.
L’hottonie des marais (Hottonia palustris) n’a pas été revue en 2018 par contre, le « Champ des Creux » abrite une grosse population de laîche faux-souchet (Carex pseudocyperus).
La lentille à trois lobes (Lemna trisulca) est présente. L’œnanthe fistuleuse (Œnanthe fistulosa) n’a pas été revue.
L’orpin rougeâtre (Sedum rubens) se développe le long des accotements routiers, notamment au niveau des substrats sableux secs situés entre la route et la vélo-route.
Le brome seigle (Bromus secalinus) est présent en bordure des champs cultivés.
Deux bryophytes patrimoniales sont régulièrement présentes sur le tronc des saules en situation bien inondable : il s’agit de Cryphaea heteromalla et d’Orthotrichum pulchellum.
La myriophylle verticillée (Myriophyllum verticillatum) a été observée en 2018 au sud des « Vieux Cauchots ».
Le bugle petit-pin (Ajuga chamaepytis) n’a pas été revu.

Commentaires sur la délimitation
Aucune information disponible