DESCRIPTION
Dans le Haut-Jura plissé, la région naturelle du Grandvaux correspond à une vaste étendue déprimée et marquée par l’érosion et les accumulations glaciaires. Ce secteur comprend un remarquable ensemble de milieux humides (lacs, tourbières et prairies humides) auquel sont juxtaposées des pelouses et prairies montagnardes.
A l’ouest de Saint-Laurent-en-Grandvaux, la zone de la Grande Pâture, des Pâtures de Léchet et de la Dévia est composée de trois entités assez vastes dont les caractéristiques écologiques sont comparables. Elles sont établies sur des versants exposés de l’est au sud-est, en lisière forestière, sur un relief plus ou moins bosselé et accidenté. Le substrat calcaire du Jurassique supérieur est très filtrant. Le milieu est composé de pelouses et prairies maigres pâturées entrecoupées de nombreux affleurements rocheux : apparaissant sous forme de dalles, de rochers ou même de lapiaz, ils sont colonisés par des groupements pionniers riches en orpins et en thym serpolet. L’ensemble, ponctué de buissons, de bosquets et d’arbres isolés reste très ouvert. Certains secteurs présentent une allure de pré-bois très clair. La pâture de Léchet, de taille plus réduite, est plus enclavée que les deux autres zones.
Divers facteurs sont favorables à l’expression de groupements de pelouses dans ce secteur : sols superficiels à squelettiques, relative pauvreté en éléments nutritifs, réserves en eau limitées (et ce, bien que la pluviométrie soit assez importante), ensoleillement important. Les groupements herbacés (prairies mésophiles à gentiane jaune, pelouses méso-xérophiles) se répartissent surtout selon l’épaisseur du sol, qui est très variable. Ces conditions contraignantes entraînent la sélection d’une flore diversifiée, riche en espèces patrimoniales et comprenant de nombreux éléments d’affinité méditerranéenne. On notera la présence de la violette des rochers, très peu commune en Franche-Comté.
Ces milieux très ouverts et fleuris sont particulièrement favorables à des cortèges d’insectes spécialisés, notamment en ce qui concerne les papillons de jour. Deux de ces zones accueillent en effet l’apollon, espèce rare et particulièrement menacée, protégée au plan national et reconnue d’intérêt européen. Ce papillon d’affinité montagnarde est peu commun dans le massif jurassien. Ses chenilles se nourrissent de feuilles d’orpin, uniquement par temps ensoleillé. Le cortège de papillons comprend aussi plusieurs espèces en régression, strictement liées aux milieux herbacés secs et ras, comme la virgule et les hespéries des potentilles et du faux-buis.
STATUT DE PROTECTION
Cette zone est incluse dans le réseau Natura 2000 du « Grandvaux ». En outre, la présence d’un insecte protégé confère indirectement un statut de protection au milieu : la législation interdit en effet de porter atteinte aux espèces et aux milieux qui les supportent (arrêté ministériel du 23/04/07).
OBJECTIFS DE PRESERVATION
D’une manière générale, les pelouses sèches subissent une régression alarmante et deviennent des milieux relictuels, d’où l’intérêt de leur préservation. L’état de conservation actuel de l’ensemble du site est favorable. Les différentes zones qui le composent font l'objet d'un pâturage bovin extensif. La poursuite de ces pratiques agropastorales, qui permet de préserver une strate herbacée riche et attractive pour les papillons de jour, est donc à encourager. Toutefois, la dynamique naturelle d’évolution des pelouses sèches tend vers une colonisation du milieu par les arbustes. L’enfrichement serait défavorable aux espèces liées à ce type de milieu très ouvert, comme l'apollon, qui a besoin d'un taux de recouvrement très faible (moins de 10 %). Il convient donc de surveiller l’évolution du degré de fermeture du milieu et d’envisager le cas échéant des opérations de débroussaillage localisées. Il est à noter que la Pâture de la Dévia jouxte une carrière de roche massive, dont les remblais tendent à empiéter sur les pelouses sèches.