ZNIEFF 430220001
FORETS ET RUISSEAUX DU PIEMONT VOSGIEN

(n° regional: 50150000)

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Cet ensemble du piémont vosgien forme la partie septentrionale du Territoire de Belfort et se situe au sud-est du Ballon d'Alsace. Cette zone montagneuse est constituée par des formations gréseuses relevées à la faveur du rajeunissement des Vosges (éruption des ballons constituant les hautes Vosges) alternant avec des roches d'origine volcanique. Du nord vers le sud, des terrains d'altitude décroissante et de plus en plus récents complètent cette série.

Dans ce secteur, les massifs forestiers sont abondamment développés en situations topographiques variées, l'exposition étant à l'origine d'un large éventail de groupements végétaux.

A l'étage collinéen, (entre 400 et 700 m environ), l'influence de l'exposition se fait déjà sentir. Si le chêne abonde sur les versants sud à ouest en compagnie du hêtre, il disparaît en revanche complètement dans des conditions plus fraîches :

- sur les versants bien exposés, dans les zones de rupture de pente et sur les petites crêtes, la hêtraie-chênaie acidiphile (Fago-Quercetum) domine. Elle est relayée, en bas de versant, par des groupements où le charme est encore faiblement représenté. Il s'agit alors d'une chênaie-hêtraie-charmaie acidicline à mésoacidiphile ;

- les versants en exposition froide sont le domaine de la hêtraie-sapinière (Abieti-Fagetum). La strate dominante est presque monospécifique (hêtre) et le tapis herbacé très peu recouvrant.

- dans les vallons encaissés se développe une aulnaie-frênaie où la laîche penchée est particulièrement abondante. Elle est accompagnée de la fougère femelle, du géranium herbe à Robert...

- dans les zones de replat où les suintements sont très abondants, les sols hydromorphes accueillent une forme d'aulnaie marécageuse marquée par une strate herbacée assez exubérante ;

- les versants très raides sont garnis de nombreux éboulis qui présentent souvent une végétation très clairsemée d'espèces vivaces.

A l'étage montagnard (entre 650 et 1 100 m environ), les conditions de topographie, d'exposition et de microclimat ont une influence prépondérante :

- dans la partie supérieure des versants bien exposés, dans les zones de rupture de pente de ces mêmes versants, la hêtraie claire à luzule (Luzulo-Fagetum) domine avec un tapis herbacé particulièrement riche. Le chêne existe encore sous forme de pieds isolés ou à l'état de semis ;

- dans la même situation topographique, mais en exposition froide, la hêtraie pure, quasi exclusive, forme différentes associations selon l'état du sol et la pente (Abieti-Fagetum, Mercurialo-Abietum, Milio-Fagetum, Luzulo-Fagetum);

- dans les secteurs d'altitude élevée (aux environs de 1100m), une érablaie à sorbier des oiseleurs se développe très localement ;

- dans les zones de ravins, un groupement à frêne commun, érable sycomore et quelques pieds d'aulne tend à prendre le relais, quelle que soit l'exposition. La lunaire vivace apparaît sporadiquement ;

- certains vallons présentent des accidents morphologiques, des replats où s'installe des sortes de mouilles à sol très hydromorphe. L'aulne glutineux est alors l'essence dominante en compagnie du frêne commun, plus rare, pour former des aulnaies-frênaies ;

- un autre groupement, assez ponctuel, est formé d'un "pré-bois", groupement forestier très clair où les arbres sont de taille modeste et peu représentés. Ce groupement colonise des pentes raides en situation bien exposée. Le hêtre est toujours l'essence dominante, accompagné du bouleau, de l'érable sycomore, de l'alisier blanc, du frêne, du sorbier des oiseleurs, du tilleul à grandes feuilles, du chêne sessile et du noisetier. Le tapis herbacé, très recouvrant et diversifié, est dominé par la canche flexueuse accompagnée de la myrtille, du solidage verge d'or, du prénanthe pourpre, du genêt à balai...

- les versants très pentus sont quelquefois barrés par une dalle rocheuse verticale plus ou moins importante. Cette barrière rocheuse alimente un éboulis souvent dénudé ou colonisé par une végétation très clairsemée par endroit.

Les groupements forestiers décrits ci-dessus sont bien représentés sur ce secteur de piémont vosgien, de façon plus ou moins localisée. Il faut cependant noter que de très vastes surfaces sont enrésinées artificiellement et un très grand nombre de plantations sont encore très jeune.

La crête ne reste que localement le domaine des chaumes colonisées par des pelouses subalpines à nard raide (Tremontkopf, Baerenkopf). En effet et de manière générale, les groupements forestiers ont largement progressé sur les têtes et les crêtes par suite de l'abandon du pâturage et des enrésinements.

Dévalant les pentes, trois vallées, la Rosemontoise, la Madeleine et le Saint Nicolas, entaillent cette partie de la retombée des Vosges. Des prairies mésophiles, de faible extension latérale, occupent les versants. Elles sont installées sur des sols pauvres et sont fortement menacées par l'abandon du pâturage ou du boisement volontaire des sommets. De ce fait, le grand tétras, espèce inféodée aux forêts claires dans lesquelles sont ménagées des clairières, a considérablement régressé d'autant que des enrésinements ont été poursuivis.

La faible perméabilité du substratum favorise l'existence d'un réseau hydrographique dense, alimenté par des précipitations abondantes. La Rosemontoise est issue de nombreuses gouttes qui prennent leur source aux environs de 1 000 m d'altitude dans la partie sud des monts de Giromagny (forêt de la Milandre). Dès l'élargissement de la vallée (Vescemont, Rougegoutte), de nombreux canaux sillonnent le lit majeur, témoins de l'importance passée de l'irrigation et de l'utilisation actuelle pour les nombreux étangs. La Madeleine prend sa source à une altitude de 780 m sur la commune de La Madeleine-Val-des Anges et rejoint le Saint-Nicolas après un parcours de 25 km. Le Saint Nicolas prend sa source sur la commune du même nom, à 650 m d'altitude, et rejoint la Madeleine à Bretagne, pour former la Bourbeuse. La situation actuelle de la qualité des eaux oscille entre les classes 1A (normale) et 1B (pollution légère) avec des valeurs d'indice biologique global variant de 16 à 19/20. L'objectif est la classe 1A sur l'ensemble du réseau. Ce secteur du Piémont vosgien présente un très haut intérêt patrimonial et plusieurs populations d'écrevisse à pieds blancs sont parmi les plus riches du réseau hydrographique franc-comtois. Les petits systèmes latéraux d'eau vive représentent d'importants territoires de fraye pour la truite et le chabot très bien représentés sur tout le secteur. La végétation riveraine est bien typée ; elle est constituée de cordons continus d'aulnes, généralement bien entretenus, à l'extérieur d'intéressants groupements à pétasites et faux roseaux qui fixent les champs de galets et de graviers.

Par suite d'une déprise agricole très marquée, l'ensemble des milieux ouverts est particulièrement menacé par l'extension spontanée ou provoquée des boisements.

OBJECTIFS DE GESTION

Les massifs forestiers couvrent une vaste superficie mais leur intérêt a régressé avec l'enrésinement. La jeunesse d'un grand nombre de plantations réduit considérablement les mesures de gestion écologique à élaborer sur ce secteur, à court et moyen terme. Un des objectifs de la gestion ordinaire devra porter sur la restauration de la diversité de l'ensemble en définissant l'échelle du mélange d'essences en accord avec les potentialités des sols. La réouverture de certains monts situés sur les lignes de crête peut être également envisagée compte tenu de leur importance pour la faune. Par ailleurs, les formations particulières que constituent les éboulis et leurs associations végétales, les secteurs rocheux, les prés-bois, les groupements sur sols humides doivent bénéficier d'une gestion particulière.

L'espace riverain, magnifiquement représenté dans les hauts de vallée, est particulièrement sensible aux interventions mécaniques. Il est fréquemment artificialisé de façon désordonnée en de nombreux points des réseaux hydrographiques. Rejets d'étangs et de carrières sont également à l'origine d'importantes modifications des habitats aquatiques sur des sites particulièrement sensibles à l'impact thermique, au lessivage des sols et aux flux de matières en suspension. L'existence d'ouvrages insuffisamment entretenus crée des conditions de déplacement difficile, notamment pour la truite, à l'occasion de sa remontée vers les frayères. Ce manque d'entretien nuit également à la stabilité du lit des cours d'eau. Les mesures visant la réduction des nuisances observées concernent :

- la réduction des rejets domestiques, touristiques et industriels,

- une gestion raisonnée des épandages, un entretien ménagé de la végétation riveraine,

- la mise en place d'un programme raisonné de protection des berges,

- la préservation des équilibres morpho-dynamiques d'eau vive,

- l'éradication des populations d'écrevisse signal (Pascifastacus leniusculus) dans la Madeleine afin de préserver les populations autochtones d'écrevisse à pieds blancs.

Enfin, les efforts pour assurer la sauvegarde des milieux ouverts (chaumes et vallées) doivent être poursuivis ; leur importance est en effet vitale en terme de maintien des activités pastorales, de la qualité du paysage et de diversité des milieux.

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