ZNIEFF 430220032
ETANG DES BOULES

À Cunelières, l'étang des Boules se situe dans la région naturelle du Sungdau, caractérisée par un relief mollement vallonné et par un sous-sol composé d'alluvions recouverte par des limons. La combinaison de ces deux facteurs a permis la création de très nombreux étangs situés en chaîne au sein de massifs forestiers, formant un paysage tout à fait singulier pour le Territoire de Belfort.
 
L'étang des Boules est un petit plan d'eau semi-forestier assez rudéralisé. Malgré tout, il s'agit d'un bel ensemble aquatique bordé de ceintures végétales assez développées grâce à des berges peu pentues. Les rives et la queue de l'étang sont colonisées par plusieurs groupements d'hélophytes ou d'hydrophytes flottantes ou immergées, répartis en fonction du degré d'engorgement des sols et du niveau de l'eau. On distingue les formations aquatiques, représentées par des potamaies, des nupharaies et des formations à lentille d'eau. Les groupements palustres occupent surtout la queue de l'étang, sous la forme de cariçaies ou roselières à typhas ou phragmites. Ce sont des lieux de nidification privilégiés pour de nombreux oiseaux aquatiques. Par ailleurs, les assecs périodiques en cas de sécheresse estivale ou de vidange sont favorables à des formations herbacées très originales inféodées aux vases exondées. Enfin, des formations arborescentes à base de saule, d'aulne et de frêne se développent sur le pourtour de l'étang.
 
Si l'intérêt botanique de cet étang est à noter avec ses formations aquatiques à potamot capillaire, une espèce peu commune dans le Territoire de Belfort, la richesse et la diversité de son peuplement d'amphibiens est beaucoup plus remarquable. Neuf espèces bénéficient en effet des berges en pente douce du sud de l'étang. Cette configuration des rives et leur végétalisation permettent notamment la présence de la rainette verte et du triton crêté, deux amphibiens strictement protégés en Europe et d'intérêt communautaire pour la seconde espèce. En outre, la conservation de ces deux amphibiens est considérée comme prioritaire en Franche-Comté du fait de la faiblesse des effectifs comtois (triton crêté) et de leur concentration dans certains secteurs (Sundgau, Bresse, vallée de l'Ognon - rainette verte). Le maintien durable de la rainette verte sur l'étang des Boules et plus largement dans le Sundgau est étroitement lié à l'existence de réseaux de milieux où les populations au renouvellement rapide sont interconnectées. L'entretien régulier des berges (tonte), l'introduction de poissons carnassiers dans les étangs et la régression des prairies et des buissons au profit de cultures intensives sont des facteurs extrêmement défavorables pour les amphibiens. C'est également le cas pour les insectes, les libellules inventoriées pouvant être qualifiées de communes. Enfin, il faut retenir la présence de rousserolle turdoïde dont l'unique lieu de reproduction du Territoire de Belfort se situe sur ce petit étang augmentant considérablement l'intérêt patrimonial de ce site. Le maintien de cette espèce réside dans la préservation d'une roselière dense et de surface suffisamment importante.
 
STATUT DE PROTECTION
Aucune protection réglementaire de l'espace n'a été mise en place. En revanche, sept espèces d'amphibiens présentes sur le site et leur milieu de vie sont protégés au niveau national par l'arrêté ministériel du 19.11.07.
 
OBJECTIFS DE PRÉSERVATION
L'étang proprement dit n'est pas menacé puisque l'entretien pratiqué reste limité. Cependant ses environs immédiats ont subi une série d'atteintes susceptibles de remettre en cause son intérêt, en particulier vis à vis des amphibiens : prairies favorables à leur développement abandonnées au profit de cultures, routes entraînant une mortalité importante lors des lors des migrations printanières et automnales, entretien régulier des berges nuisant à la survie des jeunes et des insectes, atteintes à la qualité des eaux. Les mesures préconisées pour conserver l'intérêt de l'étang des Boules reposent sur :
- le maintien d'une gestion du plan d'eau, respectueuse des pentes douces et de la végétation riveraine favorables aux amphibiens ;
- la conservation, voire l'extension, de la bande herbeuse séparant l'étang des cultures afin de lui faire assurer un rôle de "bande sanitaire" ;
- la réalisation d'une étude d'incidence de la circulation routière sur la migration des amphibiens en vue d'étudier la nécessité d'une mise en place de dispositifs de franchissement.
 
ÉTAT DE CONSERVATION GÉNÉRAL DU SITE (2014)
 
Le petit étang des boules apparaît être en bon état de conservation. La queue de l'étang est riche en végétation aquatique, ce qui rend ce milieu intéressant pour les amphibiens et les libellules.
Aucune espèce déterminante signalée n'a été observée sur le site. Cependant, la Rainette verte a été entendue non loin de l'étang des boules, à l'étang des Cratsch, situé à environ 1 km au Nord. En revanche, l'habitat favorable à cette espèce est également présent sur le site, au niveau de la queue de l'étang, l'espèce est donc encore susceptible d'être présente sur ce site ou de le recoloniser depuis les points d'eau alentour.
 
Seuls la Grenouille verte et le Crapaud commun ont été observés. La Grenouille rousse est probablement encore présente mais sa période d'activité est plus précoce, ce qui pourrait expliquer l'absence d'observation lors de la visite.
 
Les cultures (maïs et blé cette année) sont proches de l'étang, elles arrivent à quelques mètres seulement du bord.

extension des zones humides autours de l'étang