Le marais et la tourbière situés sur l’amont du Moulin du Roho constituent une zone humide d’intérêt
majeur pour le Morbihan et la Bretagne. Son niveau d’intérêt national dans l’Inventaire des tourbières de
Bretagne de 1985 (source n° 52) est complètement confirmé.
Le marais du Roho est l’ancien étang du Moulin du Roho dont l’édification avec sa digue remonte au
Moyen-âge. Il occupe un vallon principal, étroit dans sa partie aval avec des versants pentus porteurs de
landes sèches plus ou moins densément boisées avec localement des affleurements rocheux ; plus large
et ouvert dans sa moitié amont, où le ruisseau amont du Moulin neuf venant du Sud conflue avec le
ruisseau Ouest du Moulin de Ste-Anne générant lui-même un espace marécageux sur ses bords. Sur la
bordure Est du marais, deux petits ruisseaux participent également à son alimentation, l’un, réduit,
alimente un étang privé d’agrément artificiel positionné au ras du marais, l’autre plus important s’étend
le long du vallon de la Planchette (entre les landes boisées des Credan et de la Corodais) et alimente
auparavant l’étang de la Platière, plus ancien.
Le Ruisseau du Roho sortant du site traverse d’autres marais (inscrits en ZNIEFF) et gagne la Vilaine.
L’ancien étang du Roho ne présente pratiquement plus d’espaces importants en eau libre, mais d’assez
nombreuses mares à l’eau fluente bordant le réseau de ruisseaux sont intéressantes pour les hydrophytes
et les odonates. Pratiquement tous les cours d’eau d’alimentation de la zone humide sont à pH neutre.
Magnocariçaies et roselières ont envahi l’étang transformé en marais, et le boisement naturel par les
saules, bouleaux et aulnes domine fortement aujourd’hui. Cette saulaie très marécageuse au fond souvent
instable est difficilement pénétrable et présente des dangers. Ce marais est particulièrement diversifié
floristiquement et comporte des espèces rarissimes comme la laîche filiforme (Carex lasiocarpa), ou le
rubanier nain (Sparganium minimum) pour lequel ce site est unique en Bretagne actuellement. Le flûteau
nageant (Luronium natans) protégé au plan national et d’intérêt communautaire est présent en marge sur
les ruisseaux du site ; la grande douve (Ranunculus lingua) également protégée est aussi signalée.
D’importants peuplements de la fougère des marais (Thelypteris palustris) et du piment royal (Myrica
gale) sont présents. Des boulaies tourbeuses à sphaignes (certaines peu communes) existent localement
sur les marges.
Un processus d’acidification a permis au centre du marais l’édification d’une lentille tourbeuse à
sphaignes à caractère ombrotrophe (alimentation par l’eau de pluie), sa communauté végétale
caractéristique à éricacées et linaigrette engainée (Eriophorum vaginatum), plante protégée en Bretagne,
est bien présente (le cortège est complet avec la présence de la sphaigne de Magellan, rare toutefois).
Plusieurs autres plantes caractéristiques des tourbières acides sont aussi présentes, dont le rossolis à
feuilles rondes (Drosera rotundifolia) protégé en France.
La lande sèche fragmentaire des coteaux en pinède claire, avec des micro-pelouses ouvertes et quelques
affleurements rocheux formant falaise par endroits (rive gauche à l’aval), comporte l’hélianthème en
ombelle (Halimium umbellatum) plante rare ne se trouvant en Bretagne que dans le pays de Redon et les
coteaux de la Vilaine.
Les odonates ont été bien répertoriés sur la zone (environ 25 espèces contactées en 1997, source n° 57),
l’Agrion délicat - Ceriagrion tenellum y est abondant, l’Agrion mignon - Coenagrion scitulum y a été
également observé plus récemment (espèces déterminantes car figurant sur des listes rouges européennes
ou françaises). D’autres libellules plus rares en Bretagne ont été contactées mais leur reproduction dans
le site reste à établir.
Le site est aussi fréquenté par des rapaces, dont plusieurs espèces remarquables, probablement nicheurs
dans les environs immédiats. Le Busard des roseaux a été signalé nicheur dans le site en 1998 (secteur
du ruisseau de Ste-Anne).
Le département du Morbihan a réalisé des acquisitions au titre de la taxe départementale des espaces
naturels sensibles (TDENS) dans le marais du Roho et ses abords boisés (Bois de la Corodais
notamment, dont la gestion est confiée à l’ONF). Dans l’espace en ZNIEFF il possède environ 16
hectares répartis sur plusieurs unités discontinues, dont la plus grande en rive droite de l’aval du marais,
incluant une bonne partie de la tourbière à sphaignes. Une importante étude écologique diagnostic a été
menée sur le site (source n° 57) incluant aussi le marais du Bézo sur l’aval (également en ZNIEFF). Elle
propose des aménagements et des pistes de gestion concernant certains habitats du site (contrôle de la
fréquentation avec accès très limité au marais, réouverture de landes, travaux sur la tourbière).
S’ils devaient être entrepris, les travaux d’ouverture préconisés concernant la tourbière ne devraient
concerner que l’abattage et l’exportation des ligneux situés en bordure de la lentille ou séparant des
unités en lande tourbeuse (si possible en dévitalisant de manière écologique les souches pouvant rejeter).
La réalisation d’étrépages au sein de la zone tourbeuse à sphaignes est à déconseiller dans ce contexte
fortement boisé.
De manière plus générale, tous travaux envisagés dans cette zone humide remarquable doivent être
précédés d’une analyse particulièrement fine de la flore protégée et menacée afin de la préserver.
Le périmètre de la zone Natura 2000 des Marais de Vilaine inclus ce site, mais devra si possible intégrer
l’amont du ruisseau de Ste-Anne repéré dans cette ZNIEFF. La mise en oeuvre de la conservation des
habitats et des espèces de ce site devrait se réaliser dans le cadre des programmes Natura 2000.
Un réseau de sentiers communaux balisé (sentier de découverte de St Dolay, accompagné d’un livret
descriptif) passe à proximité du marais (coteaux Est et environ du moulin du Roho).
Espèces présentes mais non listées:
Plactycnemis pennipes
Plactycnemis acutipennis
Le périmètre de la ZNIEFF de la tourbière, marais et lande du
Moulin du Roho a été étendu sur une partie des cours d’eau et
zones humides amont qui alimentent le marais, ainsi que sur les
versants boisés ou en landes bordant directement le vallon
principal, pour tenir compte des espèces ou habitats
remarquables connus à présent. Un étang d’agrément plus
artificiel est retenu dans la zone pour des raisons fonctionnelles
et faunistiques.