ZNIEFF 540007590
Platrières de Nantillé

(n° régional : 00000569)

Commentaires généraux

Pelouses marnicoles à fortes fluctuations saisonnières d'hydromorphie; mares temporaires et permanentes (d'origine artificielle), fruticée calcicole et accrûs de frênaie-ormaie.

INTERET BOTANIQUE :

- sur le plan floristique : riche cortège d'espèces liées aux pelouses méso à hygrophiles sur marnes avec divers taxons laté-méditerranéen, en disjonction d'aire : Canche moyenne (Deschampsia media), qui possède ici une de ses plus importantes stations régionales (6 localités en Poitou-Charentes), Jonc strié (Juncus striatus - protégé régional). Intérêt également des mares temporaires avec la Gratiole officinale (Gratiola officinalis), la Renoncule à feuilles d'Ophioglosse (Ranunculus ophioglossifolius), toutes deux protégées nationales, et la Germandrée des marais (Teucrium scordium). Ces milieux abritent également un cortège de Charophytes intéressant.

Les frênaies mésohygrophiles accueillent une importante population de Fritillaire pintade (Fritillaria meleagris).

- sur le plan phytocénotique : la Canche moyenne participe à l'association végétale à Potentille rampante et Canche intermédiaire (Potentillo reptantis - Deschampsietum mediae, race occidentale), très rare en Poitou-Charentes. Elle occupe des terres riches en particules très fines (plâtres), à bonne rétention en eau en hiver, pouvant s'assécher fortement en été.

INTERET FAUNISTIQUE :

- Plusieurs insectes patrimoniaux fréquentent le site :

Parmi les espèces paludicoles, la Courtilière commune (Gryllotalpa gryllotalpa) évolue au sein des pelouses marnicoles inondées en hiver. Elle se trouve en syntopie avec le Grillon noirâtre (Melanogryllus desertus), espèce découverte récemment dans le département (non déterminante), en limite septentrionale de répartition et pour laquelle les Platrières constituent l'un des rares habitats régionaux non cultivés.

Présence de plusieurs espèces xérothermophiles dont certaines déterminantes : Ascalaphe ambré (Libelloides longicornis), Phanéroptère commun (Phaneroptera falcata) et, surtout, la zygène Jordanita notata dont le site héberge la seule station connue à ce jour dans l'ouest de la France, à l'exception des populations littorales. Centaurea decipiens s.l., relativement abondante sur les pelouses, constituerait alors la plante hôte la plus vraisemblable pour ce taxon, utilisant Centaurea aspera sur le littoral atlantique.

Concernant les Odonates, notons la présence d'une belle population de Leste des bois (Lestes dryas), dont l'intégrité semble moins menacée que celle des espèces de milieux permanents (où les densités d'écrevisses sont largement supérieures).

- Intérêt pour les amphibiens, malgré l'importante pression exercée par l'Ecrevisse de Louisiane et la Perche arc-en-ciel sur l'ensemble des milieux aquatiques. Alors qu'une importante population de Triton marbré (Triturus marmoratus) était connue des Platrières jusqu'en 1999, aucun Urodèle n'a été détecté au cours des inventaires menés par Nature Environnement 17 en 2018. Le constat est le même pour la Rainette verte (Hyla arborea), détectée jusqu'en 2012 en syntopie avec la Rainette méridionale. En 2018, seule la Rainette méridionale (Hyla meridionalis), non déterminante, semble encore présente en effectif restreint. Le Pélodyte ponctué (Pelodytes punctatus) semble fréquenter le site de façon ponctuelle et privilégier des milieux connexes pour sa reproduction. Si les milieux potentiels de reproduction sont variés (prairies inondables, fossés de drainage, bois mouillés, mares temporaires, mares permanentes, ornières, ruisseau), les mares temporaires sont aujourd'hui les plus favorables, hébergeant peu d'Ecrevisses et aucun poisson prédateur.

 

Commentaires sur la délimitation

Le périmètre englobe la totalité des parcelles de la dépression encore occupées par la végétation naturelle (mares, pelouses, fruticées, bosquets); tous les milieux périphériques sont fortement anthropisés (cultures céréalières, vignes, prairies améliorées).

En 2018, le périmètre a été élargi de manière à intégrer l'ensemble des pelouses et des boisements (Frênaie, Chênaie Charmaie) attenants. Ces derniers présentent un intérêt non négligeable, notamment pour les amphibiens en hiver. Par ailleurs, l'extension au sud-est comprend une station originale de Fritillaire pintade en sous-bois clair et humide.

Les contours ont été affinés de manière à exclure des lambeaux de parcelles cultivées.