ZNIEFF 730011048
Massifs d'Arbas, Paloumère et Cornudère

(n° regional: Z2PZ0307)

General comments

Le massif forestier et karstique d’Arbas est situé dans le piémont central pyrénéen, principalement à l’étage montagnard. Environ cinq sixièmes des surfaces se trouvent du côté de la Haute-Garonne. Elles sont majoritairement en ombrée. Les affleurements calcaires imposants (rochers de Pène Nère et de Pène Blanque) et les secteurs escarpés difficiles d’accès (vallon de Planque, coume d’Ouarnède, secteur du gouffre de la Henne-Morte…) présentent une grande variété de situations confinées, ombragées et d’influence montagnarde. Ce site karstique possède un réseau souterrain de renommée internationale. Le réseau Félix Trombe, avec ses 90 km de galeries réparties sur quatre niveaux, est le plus long et le plus complexe de France. Il comporte de nombreux gouffres, cavités et trous souffleurs. En surface, sur des secteurs limités, on rencontre, çà et là, des dalles rocheuses, des lambeaux de pelouses basophiles, des rochers, des parois rocheuses et des manteaux arbustifs préforestiers dominés par le buis. La sapinière apparaît localement sur de petites surfaces (col de Hougas, versants nord de Paloumère et de Planque…), tandis que l’on observe un peuplement original de Pin à crochets situé à basse altitude (1 400 m), ainsi qu’un bois d’If (Taxus baccata) au Pas de l’Âne. Toutefois, la hêtraie est omniprésente. Elle recouvre la majorité des pentes abruptes du site. D’est en ouest, du pic de l’Aube au Tuc de Graue, la ligne de crête dépasse parfois les 1 500 m d’altitude. À partir du Tuc de Tucol et vers l’est, celle-ci correspond à la frontière administrative entre les départements de la Haute-Garonne et de l’Ariège. Sur ces hauteurs et à proximité de Paloumère s’ouvrent les estives composées de landes, de pelouses et, très localement, de zones humides (mouillères, bas-marais alcalins et acides de Paloumère, plaquage tourbeux avec Callune et Myrtille du plan de Liet). Au sud, le sixième restant des surfaces de ce territoire se trouve en soulane. Il englobe les estives et les forêts domaniales de Bellongue nord et de Portet-d’Aspet localisées au-dessus de 1 000 m d’altitude. À l’ouest et au sud-ouest, la limite inférieure du site se situe entre 700 et 1 000 m d’altitude.

La grande diversité en biotopes explique les nombreuses richesses écologiques, faunistiques et floristiques de ce territoire.

Les falaises calcaires abritent des plantes déterminantes ou rares : Déthawie à feuilles fines (Dethawia splendens), Buplèvre à feuilles anguleuses (Bupleurum angulosum), Potentille à feuilles d’alchémille (Potentilla alchemilloides alchemilloides), Saxifrage de Burser (Saxifraga aretioides), Silène à quatre dents (Silene pusilla), Paronique en tête (Paronychia capitata), Saxifrage bleue (Saxifraga caesia), une plante peu commune en Haute-Garonne mais non déterminante. La Saxifrage à longues feuilles (Saxifraga longifolia) et l’Ancolie des Pyrénées (Aquilegia pyrenaica), deux plantes rares, ont été également citées sur ce territoire. La Scrofulaire des Pyrénées (Scrophularia pyrenaica), endémique des Pyrénées et protégée en France, se développe aussi à proximité des falaises. Des pelouses psychrophiles à Carex sempervirens (36.4112) apparaissent dans des secteurs calcaires, humides et ombragés. Sur des sols forestiers riches en humus et en litière situés à la base des falaises, dans des secteurs ombragés et frais, se développe le Cérinthe des Pyrénées (Cerinthe glabra subsp. pyrenaica), une espèce protégée en Midi-Pyrénées mais commune dans cette zone. À proximité des gouffres, on observe des mégaphorbiaies pyrénéo-ibériques (37.83) et une station du Cystoptéris des montagnes (Cystopteris montana), une fougère protégée en France. La Fétuque d’Auquier (Festuca auquieri), la Fritillaire des Pyrénées (Fritillaria nigra), la Benoîte des Pyrénées (Geum pyrenaicum), le Panicaut de Bourgat (Eryngium bourgatii), le Vélar des Pyrénées (Erysimum seipkae), l’Edelweiss (Leontopodium alpinum), la Violette des Pyrénées (Viola pyrenaica), l’Ibéris toujours vert (Iberis sempervirens, non déterminant) croissent au niveau de dalles calcaires, de pelouses basophiles ou de bancs calcaires avec des poches argileuses décalcifiées. La faune souterraine est exceptionnelle, abondante et diversifiée avec de nombreuses espèces cavernicoles ou ayant trouvé refuge aussi bien sur les parois que dans les rivières souterraines. Le réseau souterrain Félix Trombe abrite 9 coléoptères déterminants dont Aphaenops tiresias, Aphaenops orpheus, Aphaenops crypticola, Aphaenops bucephalus, Aphaenops cerberus, Aphaenops parallelus et Hydraphaenops elhersi, protégés en France, Plagnolia vandeli, un planaire, Moitessieria simoniana, un mollusque hydrobiidae protégé sur le territoire national, Stenasellus virei hussoni, un crustacé isopode stygobie (qui vit uniquement dans les eaux souterraines), des crustacés copépodes inféodés aux eaux souterraines dont Speocyclops anomalus, Salentinella petiti, Parasalentinella rouchi, Nitocrella gracilis, Elaphoidella infernalis, Ceuthonectes gallicus et Delaya leruthi, un annélide oligochète. Cochlostoma nouleti et Cochlostoma obscurum obscurum, deux mollusques terrestres, vivent également, en surface, à proximité des affleurements calcaires. Des oiseaux rupicoles patrimoniaux dont le Faucon pèlerin et le Chocard à bec jaune trouvent sur la zone un biotope favorable à leur reproduction. De même, l’Isard se reproduit et passe la période hivernale dans les secteurs karstiques de ce site.

Les habitats forestiers comportent des plantes remarquables : l’Épipogon sans feuilles (Epipogium aphyllum), une orchidée protégée en France, la Céphalanthère rouge (Cephalanthera rubra), l’Épipactis à petites feuilles (Epipactis microphylla), l’Œillet barbu (Dianthus barbatus), le Gaillet des bois (Galium sylvaticum), la Pyrole verdâtre (Pyrola chlorantha), l’Épilobe à feuilles verticillées (Epilobium alpestre), rare en Haute-Garonne. À proximité des ruisseaux ou dans des secteurs ombragés confinés, la Valériane des Pyrénées (Valeriana pyrenaica) se développe. Si la fonge des habitats forestiers est susceptible d’être riche, la seule donnée disponible concerne Hygrocybe konradii, un champignon déterminant des pelouses calcaires et des prairies. Les mouillères et les habitats tourbeux localisés sur les estives, ainsi que les ruisselets et les habitats forestiers montagnards situés dans des ambiances humides et confinées, sont des milieux très favorables aux bryophytes : Bryum schleicheri, Fissidens grandifrons, Homalothecium philippeanum, Hookeria lucens, Riccardia palmata, Trichocolea tomentella, et à trois sphaignes : Sphagnum teres, Sphagnum girgensohnii et Sphagnum capillifolium. Parmi les bombements colorés formés par cette dernière sphaigne croît le Rossolis à feuilles rondes (Drosera rotundifolia), une petite plante carnivore protégée en France. Au niveau des mouillères de ce territoire, on note des bas-marais acides ou basiques dans lesquels se développent les plantes non déterminantes suivantes : Carex davalliana, Tofieldia calyculata, Selaginella selaginoides, Pinguicula grandiflora, Trichophorum cespitosum, etc. Cependant, la donnée floristique la plus remarquable concerne le Troscart des marais (Triglochin palustre), une espèce discrète, rare et protégée en région Midi-Pyrénées. Quant à la faune des habitats forestiers, des landes et des pelouses, l’enjeu majeur concerne les galliformes de montagne. La Perdrix grise de montagne et une petite population du Grand Tétras ont été recensées. Les effectifs de cette dernière espèce ne cessent de régresser sur l’ensemble de la chaîne des Pyrénées. Pour la petite population du massif de l’Arbas, on note également une évolution défavorable de son habitat (fermeture de la hêtraie, pénétration humaine forte). Deux papillons protégés en France sont liés aux habitats forestiers ou préforestiers : la Bacchante (Lopinga achine) et le Semi-apollon (Parnassius mnemosyne vernetanus), qui vole à proximité de Corydalis solida, sa plante hôte, qui se développe en sous-bois de la hêtraie. Ce site est riche en orthoptères avec des endémiques tels que l’Éphippigère gasconne (Platystolus monticolus), le Criquet de Saulcy (Chorthippus binotatus saulcyi moralesi), qui vit sur des pelouses rocailleuses, la Decticelle des Pyrénées (Metrioptera buyssoni), qui préfére des formations de landes, et le Barbitiste ventru (Polysarcus denticauda), une sauterelle rare dont la répartition est mal connue en Haute-Garonne. Notons également la présence de la Rosalie des Alpes (Rosalia alpina), un magnifique coléoptère saproxylique protégé en France. Les ruisselets et ruisseaux des versants nord, aux eaux limpides, froides et bien oxygénées, hébergent 2 espèces endémiques remarquables : l’Euprocte des Pyrénées (Euproctus asper) et le Desman des Pyrénées (Galemys pyrenaicus).

La grande diversité des biotopes de ce territoire est favorable à la reproduction et au développement de nombreuses espèces rares et patrimoniales. Les versants forestiers pentus permettent de limiter les phénomènes d’érosion. La qualité des aquifères de ce territoire karstique s’explique par des activités humaines réduites.

Comments on the delimitation

Le massif forestier et karstique d’Arbas est situé dans le piémont central pyrénéen, principalement à l’étage montagnard. Environ cinq sixièmes des surfaces se trouvent du côté de la Haute-Garonne. Elles sont majoritairement en ombrée. Ces versants exposés au nord s’étalent sur des pentes raides de l’étage collinéen jusqu’aux crêtes, plus au sud, qui dépassent 1 500 m d’altitude. La ligne de crête, entre le Tuc de Haurades et le Tuc de Graue, s’étend d’ouest en est. Vers l’est, à partir du Tuc de Tucol, elle correspond à la frontière administrative entre les départements de la Haute-Garonne et de l’Ariège. Le sixième restant des surfaces se trouve en soulane. Il englobe les forêts domaniales de Bellongue nord et de Portet-d’Aspet, à partir de 1 000 m d’altitude. À l’ouest et au sud-ouest, la limite inférieure du site se situe entre 700 et 1 000 m d’altitude. Ce territoire particulièrement accidenté, riche en affleurements calcaires et en secteurs escarpés, est également pourvu d’estives gérées par le pastoralisme. Sur une partie importante du périmètre, la limite correspond à un compromis entre l’espace utilisé par les galliformes patrimoniaux et les limites physiques que constituent les routes et pistes forestières. L’ensemble des unités écologiques (forêts, rochers, pelouses et landes) renferment de nombreuses espèces déterminantes. Les milieux et bas de versants, lorsqu’ils sont moins riches en données déterminantes mais restent bien préservés, font l’objet de la ZNIEFF de type 2 « Massif de l’Arbas ».