ZNIEFF 730011099
Massifs du Luchonnais et du Larboust

(n° régional : Z2PZ0023)

Commentaires généraux

Ce vaste territoire de 16300 ha, situé à l’extrême sud de la Haute-Garonne, regroupe les bassins versants de la partie amont de la Pique, de la vallée du Lis et de la vallée d’Oô. Sur plus de 2 500 m de dénivelé, il réunit des milieux de haute montagne du Luchonnais et du Larboust qui appartiennent à la zone axiale des Pyrénées, également dénommée « haute chaîne primaire ».

S’y rencontrent des formations métamorphiques, magmatiques et sédimentaires.

Dans la moitié sud, de hautes vallées glaciaires marquent le paysage de leur empreinte. Elles sont limitées au sud et à l’est par une chaîne de sommets dépassant les 3 000 m qui comprend le pic de Maupas, le pic des Crabioules, le pic Perdiguère, le pic des Gourgs blancs et le pic des Spijoles.

Ces hauteurs recèlent une grande diversité de milieux ouverts de haute montagne. On y observe divers habitats de pelouses alpines et subalpines de substrats acides, des combes à neige, des landes alpines et boréales, ainsi que des névés et des glaciers permanents. L’univers minéral y est omniprésent à travers des éboulis plus ou moins grossiers, de gros blocs, des rochers, d’imposantes falaises... À ce niveau, les types géologiques dominants sont les schistes ardoisiers de l’Ordovicien, auxquels succède le granite ; ils induisent une végétation de type acidophile.

De nombreux lacs sont présents (d’ouest en est : lac Glacé, lac du Portillon, lac Vert, lac Bleu, lac de la Montagnette, etc.).

Dans la moitié nord, de vastes surfaces forestières recouvrent de fortes pentes avec des chênaies-hêtraies en soulane inférieure, des hêtraies-sapinières et des sapinières à l’étage montagnard. Localement, de petits boisements de Pin à crochets apparaissent aux environs de 2 000 m d’altitude (au-dessus de la cascade d’Oô, à proximité du lac Vert, etc).

Des formations de pelouses et de landes, localisées dans les zones intermédiaires et les estives, sont gérées par les activités pastorales. Sur de petites surfaces, des milieux humides, des tourbières et des bas-marais ont été recensés.

La géologie est plus diversifiée dans cet ensemble. En vallée d’Oô et à l’est de la Pique, différents types sédimentaires du Paléozoïque se succèdent, dont des roches calcaires et des schistes carburés, ce qui explique la présence ponctuelle d’une flore calcicole et de ses habitats naturels correspondants.

On rencontre une très grande diversité en habitats naturels de l’étage collinéen à l’étage alpin. Dans le cadre de la mise en place du réseau Natura 2000 sur une partie de ce territoire, 76 habitats élémentaires ont été recensés dont 37 d’intérêt communautaire et 10 d’intérêt communautaire prioritaire.

La faune et la flore sont particulièrement riches.

Près d'une centaine de plantes déterminantes ont été répertoriées. Le Cranson des Pyrénées (Cochlearia pyrenaica), protégé en Midi-Pyrénées, et le Rossolis à feuilles rondes (Drosera rotundifolia), protégé en France, s’observent respectivement aux abords des cours d’eau du Larboust et dans les habitats tourbeux. Quatre stations de la Linaigrette de Scheuchzer (Eriophorum scheuchzeri), protégée au niveau régional, ont été vues à proximité de ruisselets du val d’Arrouge, tandis que quelques pieds persistent en bordure du petit lac de la Coume de l’Abesque. Ce sont actuellement les seules stations connues en Haute-Garonne.

La Coralline (Corallorhiza trifida) et l’Épipogon sans feuilles (Epipogium aphyllum), deux orchidées forestières rares et protégées respectivement en Midi-Pyrénées et à l’échelon national, émergent sur substrat frais à humide à l’étage montagnard. Dans un contexte écologique similaire, le Polystic de Braun (Polystichum braunii), une fougère protégée en France, se développe en sous-bois de la forêt domaniale de Bagnères-de-Luchon.

Plus haut, l’Andromède bleue (Phyllodoce caerulea), une petite éricacée rare en Midi-Pyrénées et protégée en France, s’épanouit dans des landes psychrophiles et des pelouses rocailleuses.

La Saxifrage intermédiaire (Saxifraga media), protégée en région Midi-Pyrénées, est mentionnée sur rochers calcaires, tandis que l’Androsace des Pyrénées (Androsace pyrenaica), l’Androsace de Vandelli (Androsace vandellii) et le Woodsia alpin (Woodsia alpina), protégés à l’échelon national, ainsi que l’Androsace ciliée (Androsace ciliata) et la Saxifrage d’Irat (Saxifraga pubescens subsp. iratina), protégées à l’échelon régional, croissent sur substrats siliceux.

En outre, d’autres stations de plantes présentent un fort enjeu de conservation.

La Grassette des Alpes (Pinguicula alpina) s’épanouit sur les rochers humides du cap des Hittes à proximité de la station de Peyragudes. Il s’agirait de l’unique population répertoriée en Haute-Garonne. La Swertie pérenne (Swertia perennis), la Renoncule des glaciers (Ranunculus glacialis), le Pigamont fétide (Thalictrum foetidum), la Véronique nummulaire (Veronica nummularia), la Petite astrance (Astrantia minor), l’Épilobe à feuilles verticillées (Epilobium alpestre) et l’Alsine à feuilles de Céraiste (Minuartia cerastiifolia, protégée en Midi-Pyrénées) sont également des taxons très rares pour ce département.

Les zones humides et les forêts situées dans des secteurs confinés, ombragés et humides sont propices aux bryophytes. 8 mousses déterminantes ont été recensées, parmi lesquelles 2 taxons patrimoniaux : la Buxbaumie verte (Buxbaumia viridis), protégée par la directive « Habitats » et la convention de Berne, se rencontre sur des bois pourrissants, et Scopelophila ligulata recouvre certains rochers siliceux contenant du cuivre ou des métaux lourds.

De forts enjeux concernent plusieurs groupes faunistiques.

20 oiseaux patrimoniaux se reproduisent sur la zone. Aussi, une grande partie du territoire de cette ZNIEFF a également été désignée au titre de la directive « Oiseaux » du 2 avril 1979 en tant que zone de protection spéciale (ZPS n° FR7312009).

Un fort enjeu concerne les galliformes de montagne (Lagopède alpin, Grand Tétras, Perdrix grise de montagne) dont les effectifs sont fragilisés, en particulier ceux du Grand Tétras qui ne cessent de décroître en Haute-Garonne tout comme sur l’ensemble des Pyrénées.

La richesse en rapaces est également de premier ordre avec l’Aigle royal, le Faucon pèlerin, le Circaète Jean-le-Blanc, ainsi que la Chouette de Tengmalm et le Hibou grand-duc.

La présence de plusieurs couples de Pic à dos blanc (Dendrocopus leucotos) confirme la grande richesse de l’avifaune.

Quant aux mammifères, le Desman des Pyrénées et la Loutre fréquente les cours d’eau.

Par ailleurs, un enjeu concernant les chauves-souris a été mis en évidence dans le cadre de la mise en œuvre de la directive « Habitats - Faune - Flore ».

Enfin ce massif constitue une zone de présence historique de l’Ours brun jusqu’à la disparition d’un dernier noyau autochtone au début des années 1990. Depuis les opérations de réintroduction (1996-2006), cette zone est régulièrement fréquentée par quelques individus (corridors de passage, sites vitaux).

Des populations du Lézard pyrénéen de De Bonnal (Iberolacerta bonnali), inféodées à des milieux rocheux tels qu’éboulis, moraines, cônes de déjection torrentiels et champs d’alluvions glaciaires, sont anciennement mentionnées.

Plusieurs papillons patrimoniaux sont présents : le Nacré subalpin (Boloria pales) observé dans le val d’Arrouge, le Damier de la Succise (Euphydryas aurinia) inféodé à certaines zones humides, ainsi que la Gorgone (Lasiommata petropolina) et l’Apollon (Parnassius apollo pyrenaica). Mais c’est surtout la présence de la Grande Coronide (Satyrus ferula), sur ce site et à proximité, qui revêt un intérêt biogéographique. Ces populations luchonnaises sont isolées des autres populations de Midi-Pyrénées que l’on rencontre dans le département du Lot.

La Decticelle des Pyrénées (Metrioptera buyssoni), une sauterelle liée aux landes montagnardes, tout comme le Gomphocère pyrénéen (Gomphoceridius brevipennis) et la Miramelle des Pyrénées (Cophopodisma pyrenaica), deux criquets communs à partir de 2 000 m d’altitude, sont endémiques des Pyrénées.

Ces milieux de haute montagne jouent un rôle important sur le débit et la régularité des cours d’eau en aval. L’eau, qui traverse des milieux naturels, est de bonne qualité. Cependant, dans la haute vallée d’Oô et la haute vallée de la Pique, ce réseau est en partie perturbé par des aménagements hydrauliques et hydroélectriques. Désormais, des prélèvements supplémentaires sont réalisés aux abords des stations de ski pour alimenter les canons à neige artificielle.

L’élevage extensif, encore présent, contribue au maintien des espaces ouverts. Les forêts développées sur des versants escarpés permettent de limiter les phénomènes d’érosion.

Les multiples biotopes en présence, dont une majorité d’accès difficile, ce qui implique un impact limité des activités humaines, permettent à de nombreuses espèces patrimoniales de trouver des conditions favorables à leur développement.

Commentaires sur la délimitation

Ce site présente une cohérence fonctionnelle puisqu’il englobe les bassins versants de la Pique (partie amont), de la vallée du Lis et de la vallée d’Oô.

Il réunit des milieux de haute montagne du Luchonnais et du Larboust appartenant à la zone axiale des Pyrénées ou « haute chaîne primaire ».

Une forte diversité de milieux naturels prévaut, de l’étage montagnard jusqu’aux crêtes alpines de la frontière franco-espagnole, ce qui induit de grandes richesses écologiques, faunistiques et floristiques.

Sur toute la partie sud du contour, la limite correspond à la crête frontière. Au nord-est, la limite de la ZNIEFF correspond au vallon de Burbe. Puis, elle passe à mi-versant de la forêt domaniale de Bagnères-de-Luchon et englobe les versants forestiers nord du cap de Pouy et de la zone des Granges de Labach. Au nord-ouest, le cap des Pales, situé au sud du domaine skiable des stations des Agudes et de Peyragudes, a été retenu (présence de données déterminantes). En revanche, les zones les plus perturbées des stations de ski, comprenant aussi celles du site de Bagnères-de-Luchon, ont été exclues.