ZNIEFF 730012125
Massifs calcaires et tourbières du Mont Ceint et du Mont Béas

(n° regional: Z2PZ0421)

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Ce site, d’une superficie de près de 3 000 ha, se situe entre les hautes vallées du Couserans (commune d’Aulus-les-Bains et d’Ercé), le Haut-Massatois (commune du Port) et la vallée du Vicdessos (communes d’Auzat, de Vicdessos et de Suc-et-Sentenac), au cœur du Parc naturel régional des Pyrénées ariégeoises ; il englobe le site Natura 2000 des « mont Ceint, mont Béas, tourbière de Bernadouze ». Il se trouve au niveau d’une étroite bande de calcaires datant du secondaire qui traverse ici les montagnes ariégeoises d’ouest en est. Des affleurements épars de roches rares d’origine mantellique, la lherzolite et l’ophite, apparaissent. Ils sont surtout connus aux étangs de Lhers. Seul le versant sud de la combe de Jutze présente des affleurements de granite. Le site englobe les flancs et le sommet du mont Béas, le mont Ceint, ses versants et ses crêtes, ainsi que le remarquable plateau d’altitude de l’étang de Lhers qui se situe entre ces deux montagnes. Entre 730 et 2 080 m d’altitude, depuis l’étage collinéen jusqu’à l’étage subalpin, il comprend toute la diversité de milieux et la beauté des paysages d’une zone de montagne calcaire, depuis les versants chauds des bas de vallées exposés au sud, jusqu’aux zones quasi alpines des versants nord, à proximité des sommets, en passant par les étonnants plateaux calcaires et milieux tourbeux du Port de Lhers. La diversité du site se trouve encore enrichie par sa situation à la transition entre le climat atlantique qui se fait encore ressentir au niveau d’Aulus, et le climat méditerranéen déjà présent à Auzat. Ainsi il existe un fort contraste entre les habitats des versants chauds des vallées qui accueillent des espèces d’influence méditerranéenne comme le Nerprun alaterne (Rhamnus alaternus) ou le Pistachier térébinthe (Pistacia therebinthus), et les habitats de haute montagne.

Parmi les habitats remarquables, nous pouvons noter ceux liés aux versants chauds calcaires tels que les pelouses à annuelles du Trachynion distachyae, qui accueillent de nombreuses espèces originales, ainsi que les pelouses des dalles calcaires de l’Alysso alyssoidis-Sedion albi. Sur les falaises du Saxifragion mediae poussent de nombreuses espèces endémiques des Pyrénées comme l’Aspérule des Pyrénées (Asperula pyrenaica) ou l’Ancolie des Pyrénées (Aquilegia pyrenaica). Le site accueille des hêtraies sèches sur calcaire du Cephalanthero rubrae-Fagion sylvaticae, ainsi qu’une des rares forêts de Pin de montagne (Pinus uncinata) pyrénéennes sur calcaire qui ait échappé aux déboisements. Enfin, et surtout, les milieux tourbeux situés aux alentours de l’étang de Lhers sont d’une richesse exceptionnelle, et comportent des habitats particulièrement rares et fragiles comme les mares dystrophes, les buttes de sphaignes colorées ou les petites dépressions à Rhynchosphora alba. Outre leur intérêt en tant qu’habitats et habitats d’espèces, ces milieux jouent un rôle important d’un point de vue fonctionnel. Ils participent, en effet, à la régulation de la ressource en eau en limitant les effets de crue notamment.

Ainsi, la flore est exceptionnellement riche. On peut citer des espèces patrimoniales liées aux pelouses calcaires de montagne, telles que la Bartsie en épi (Nothobartsia spicata) ou le Géranium cendré (Geranium cinereum), espèces protégées au niveau national. L’Érodium glanduleux (Erodium glandulosum), espèce protégée dans la région Midi-Pyrénées, est présent au niveau d’affleurements rocheux relativement secs du site. La Potentille arbustive (Potentilla fruticosa) et l’Orchis odorant (Gymnadenia odoratissima) sont des espèces également protégées au niveau régional, liées notamment aux milieux humides calcaires. La Gagée jaune (Gagea lutea), protégée nationale, se trouve aussi sur le site. Les tourbières accueillent des espèces très rares dans la région, protégées au niveau national, comme la Scheuchzérie des tourbières (Scheuchzeria palustris), ou la Petite utriculaire (Utricularia minor). Le Rossolis à feuilles rondes (Drosera rotundifolia), protégé nationalement, est aussi présent sur ces milieux. Concernant la faune, deux espèces endémiques des Pyrénées – le discret Desman des Pyrénées ainsi que l’Euprocte des Pyrénées – occupent les cours d’eau. Le site accueille la Perdrix grise de montagne (Perdix perdix hispanicus), ainsi que le Grand Tétras (Tetrao urogallus), présent dans les milieux forestiers, et le Lagopède alpin (Lagopus mutus) au niveau des crêtes et des sommets. Ces trois espèces font partie de l’annexe I de la directive « Oiseaux ». Nous pouvons citer parmi les papillons la sous-espèce pyrénéenne du Semi-apollon (Parnassius mnemosyne vernetanus), protégé nationalement, ainsi que la sous-espèce pyrénéenne du Candide (Colias phicomone oberthueri). Les grottes du site accueillent un insecte cavernicole déterminant : l’Hydraphaenops mouriesi.

Le site est marqué par une activité de pastoralisme encore importante, toutefois en voie de ralentissement dans les parties les plus difficiles d’accès. Le passage de la route au cœur du site contribue à la vulnérabilité des milieux humides remarquables des abords de l’étang de Lhers.

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Ce site est compris entre les hautes vallées du Couserans à l’ouest (communes d’Aulus-les-Bains et d’Ercé), le Haut-Massatois au nord (commune du Port) et la vallée du Vicdessos à l’est (communes d’Auzat, de Vicdessos et de Suc-et-Sentenac). Les limites du site suivent des frontières à la fois géologiques et géographiques. En effet, son contour suit au nord les limites géologiques des affleurements calcaires, et s’appuie sur le tracé de la RD8f et de la RD18, qui longe le ruisseau d’Arbu ; au sud et à l’est, les limites empruntent les fonds de vallées, respectivement des ruisseaux de Saleix et du Garbet, et du ruisseau de Ribaut. À l’ouest, les contours suivent les flancs du mont Béas.