ZNIEFF 730030268
Pelouses, landes et bois des Pechs Bédel et Abudel et de la Combe Mirgouillère

(n° regional: Z1PZ0356)

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Située dans le sud-ouest du département du Lot, à la limite entre le Quercy blanc et les causses marneux qui bordent au sud la vallée du Lot, la zone est constituée d’un ensemble de pechs et de combes au sous-sol formé d’une part de marno-calcaires et de calcaires jurassico-crétacés ou oligocènes, d’autre part d’argiles rubéfiées d’âge éocène (tertiaire inférieur) résultant de l’évolution latéritique, sous climat tropical humide, de dépôts fluviatiles venus du Massif central. Des formations boisées couvrent environ la moitié de la zone. Il s’agit en grande majorité de forêts naturelles (essentiellement chênaies pubescentes calcicoles, ponctuellement chênaie acidiphile) et, pour une part relativement modeste, de plantations de résineux (Pins noir et maritime). Les pelouses sèches calcaires, majoritairement développées aux expositions chaudes, y occupent encore une place importante. D’étendue limitée, les formations arbustives se partagent entre fourrés calcicoles et landes acides à bruyères. Les cultures (céréales et prairies temporaires en fond de combe, vignes en sommet de pech) n’occupent qu’une surface restreinte.

Le site présente un intérêt botanique notable, lié à la présence de plusieurs habitats et espèces végétales remarquables. Les pelouses calcaires vivaces moyennement sèches (alliance du Mesobromion) et très sèches (Xerobromion) y occupent une place importante. Les plus étendues sont des pelouses nettement xériques (à tendance aride), essentiellement exposées au sud, qui se rapportent au Xerobromion du Quercy, notamment à l’association du Staehelino dubiae-Teucrietum chamaedryos. De nette tonalité méridionale, elles hébergent des plantes subméditerranéennes ou méditerranéennes remarquables comme l’Armoise blanche (Artemisia alba), la Leuzée conifère (Leuzea conifera) et la Globulaire commune (Globularia vulgaris). Parmi les pelouses du Mesobromion, les plus originales sont des formations à Seslérie bleue (Sesleria caerulea), développées sur les versants exposés au nord. Caractérisées par la fréquence de la Catananche bleue (Catananche caerulea), l’abondance du Cardoncelle mou (Carduncellus mitissimus) et, souvent, de la Phalangère rameuse (Anthericum ramosum), elles se rattachent à la sous-alliance du Seslerio caeruleae-Mesobromenion erecti, et plus précisément à l’association du Catanancho caeruleae-Seslerietum caeruleae. En l’absence actuelle de pacage des zones de pelouses, les communautés calciphiles à annuelles méridionales du Thero-Brachypodion sont très localisées et essentiellement liées à une action régressive anthropique sur la végétation de pelouse vivace (bords de chemins et zones de stationnement arides soumis à une fréquentation humaine régulière mais modérée). Elles sont représentées par un groupement à Brachypode à deux épis (Brachypodium distachyum) et Lin strict (Linum strictum), qui ne semble pas héberger de plantes rares, mais contribue néanmoins à la diversité botanique du site. Sur substrat marno-calcaire, parmi les ligneux participant à la dynamique de colonisation arbustive des pelouses sèches, figurent le Dorycnium hirsute (Dorycnium hirsutum) et la Bruyère à balais (Erica scoparia), ou Brande, qui possèdent des aires réduites dans le Lot. Localement, à la faveur d’un substrat nettement acide (argiles rubéfiées), la Brande devient particulièrement abondante et forme, aux côtés de la Bruyère cendrée (Erica cinerea) et de la Callune (Calluna vulgaris), une véritable lande sèche acidiphile, qui peut être rattachée à la catégorie des landes aquitano-ligériennes à Ajonc nain et Bruyère à balais, type d’habitat rare au niveau départemental. Dans les rares trouées de cette lande se développent ponctuellement des pelouses à annuelles silicicoles (alliance du Thero-Airion). Celles-ci hébergent occasionnellement, dans les stations présentant une certaine humidité temporaire, un petit jonc annuel peu commun en France et en Midi-Pyrénées : le Jonc capité (Juncus capitatus).

Le site possède également un intérêt faunistique notable. Il accueille la nidification du Circaète Jean-le-Blanc, grand rapace peu commun et vulnérable au dérangement, qui se nourrit essentiellement de serpents et recherche les secteurs boisés tranquilles pour se reproduire. Les données entomologiques restent encore fragmentaires. Plusieurs espèces d’insectes remarquables ont cependant été recensées. En premier lieu sont à citer deux papillons protégés au niveau national, l’Azuré du serpolet (Maculinea arion) et le Damier de la succise (Euphydryas aurinia). Largement répandu dans le Lot, surtout sur calcaire, le premier fréquente les lisières, les bords de chemins et les pelouses mésophiles en voie d’embroussaillement où croît sa plante hôte (plante nourricière de la chenille), l’Origan. Plus localisé et souvent en régression, le second occupe également sur le site des pelouses ou des friches herbacées mésophiles, où il pond sur la Succise des prés ou la Scabieuse colombaire. Parmi les orthoptères recensés figurent trois espèces méridionales à répartition plus ou moins restreinte en Midi-Pyrénées : la Decticelle des friches (Pholidoptera femorata), sauterelle que l’on peut trouver dans les pelouses sèches, mais qui atteint ses plus fortes densités départementales dans les prairies fraîches, et deux criquets électivement liés aux sols pierreux plus ou moins nus, l’Œdipode rouge (Oedipoda germanica germanica) et le Criquet des garrigues (Omocestus raymondi raymondi). Enfin, le site est une zone de chasse et de repos pour diverses libellules qui pondent dans les cours d’eau les plus proches, notamment le Gomphe à crochets (Onychogomphus uncatus), qui affectionne les eaux vives bien oxygénées, et la Cordulie à corps fin (Oxygastra curtisii), protégée aux niveaux national et européen, qui préfère les eaux lentes et dont les individus observés sur le site se reproduisent très probablement dans le cours du Lot. Des prospections faunistiques complémentaires permettraient sans doute de recenser d’autres espèces remarquables. Ainsi, il est probable que les adrets rocailleux du site hébergent le Lézard ocellé, grand lézard méditerranéen menacé au niveau national et nettement localisé en Midi-Pyrénées, qui est connu dans des milieux similaires à environ 3,5 km au sud de la zone.

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La délimitation est essentiellement basée sur la répartition des espèces et des habitats déterminants. Au sud, le périmètre englobe les bas des adrets calcaires qui hébergent des pelouses xérothermophiles, mais évite les zones anthropisées (habitat humain et cultures). Le fond de la vallée du ruisseau de Saint-Matré, largement cultivé, sert de limite ouest. Les limites nord et nord-est s’appuient sur la répartition des pelouses calcaires du versant nord de la combe Mirgouillère et du versant nord-est du pech Bédel, ainsi que sur celle des landes et bois acides à Brande (Bruyère à balais) situés à l’ouest de Labarthe.