ZNIEFF 730030509
Ensemble de coteaux du Lauragais

(n° régional : Z2PZ2055)

Commentaires généraux

La ZNIEFF « ensemble de coteaux du Lauragais » est située sur des roches calcaires d’origine lacustre, et rassemble un nombre important de coteaux calcaires secs exposés au sud. Leur géomorphologie et leur exposition font qu’ils sont soumis à une influence pseudoméditerranéenne assez forte pour la région. Ces aspects, combinés à leur bon état de conservation général, en font des coteaux particulièrement intéressants pour la flore. Entre ces derniers se trouve une mosaïque d’habitats composée de boisements, notamment des boisements de chênes pubescents, mais aussi de ruisseaux bordés de prairies plus humides, et également de cultures extensives et intensives, etc.

L’intérêt fort de la flore sur cette ZNIEFF est surtout lié à tous les sommets de coteaux, les affleurements calcaires et les micro-éboulis de pente. Localement, ce calcaire est mis à nu du fait de la présence d’anciennes carrières. Les milieux les plus remarquables sont les pelouses écorchées où le calcaire dur affleure souvent. On rencontre plusieurs autres habitats déterminants, souvent contigus : landes à genévriers (31.882), garrigues à Helianthemum et Fumana (32.4D), pelouses médio-européennes du Xerobromion (34.332), ainsi que des fruticées de stations rocailleuses à Cotoneaster et Amélanchier (31.8123) et des lisières xérothermophiles (34.41).

Le cortège des pelouses sèches calcaires typiques de ces coteaux à influence méditerranéenne est composé de : l’Égilope ovale (Aegilops ovata), l’Aster à feuilles d’osyris (Aster linosyris), l’Ail rose (Allium roseum), le Brachypode à deux épis (Brachypodium distachyon), la Carline en corymbe (Carlina corymbosa), la Catananche bleue (Catananche caerulea), le Cirse acaule (Cirsium acaule), la Lavande à larges feuilles (Lavandula latifolia), la Mâche à fruits velus (Valerianella eriocarpa) ou encore l’Hélianthème à feuilles de saule (Helianthemum salicifolium), qui est une espèce assez rare en Haute-Garonne. C’est aussi sur ces pelouses que nous trouvons un bel ensemble d’orchidées. Notons la présence en plusieurs stations (sur pelouses sèches, mais aussi sur les bords de routes) d’une orchidée protégée au niveau national : l’Orchis odorant (Anacamptis coriophora subsp. fragrans). Les stations d’Ophrys du Gers (Ophrys aegirtica) sont nombreuses, et offrent un grand nombre d’individus. Nous trouvons également dans ce secteur un nombre important d’espèces rares qui affectionnent les affleurements rocheux, en particulier calcaires : le Micrope dressé (Bombycilaena erecta) et l’Ibéris penné (Iberis pinnata), qui ne sont connus que dans deux ou trois stations en Haute-Garonne, la Leuzée conifère (Leuzea conifera), espèce protégée dans le département. Trois espèces encore plus rares sont présentes sur ces milieux (seule station connue pour l’instant en Haute-Garonne) : le Trèfle fausse bardane (Trifolium lappaceum), la Sarriette des montagnes (Satureja montana) et le Buplèvre du mont Baldo (Bupleurum baldense). En parallèle avec ces milieux secs, le bord direct de certains ruisseaux offre un joli complexe de prairies humides en hiver et mésophiles en été. Sur ces prairies se trouve une flore intéressante puisque la Jacinthe romaine (Bellevalia romana), espèce protégée au niveau national, a été trouvée. Notons aussi la présence du Cirse tubéreux (Cirsium tuberosum), protégé dans le département, et de la petite fougère Ophioglossum vulgatum. Le cortège floristique est donc conséquent. Celui-ci compte également d’autres plantes déterminantes peu communes (voire rares) en Haute-Garonne comme la Trigonelle de Montpellier (Trigonella monspeliaca), la Germandrée des montagnes (Teucrium montanum), la Germandrée botryde (Teucrium botrys), très rare en Haute-Garonne et surtout dans le Lauragais, la Luzerne raide (Medicago rigidula), l’Euphorbe dentée (Euphorbia serrata), la Vipérine des Pyrénées (Echium asperrimum) ou encore l´Anémone coronaire (Anemone coronaria), protégée au niveau national. Entre les lignes de coteaux à pelouses ou écorchements, des bas-fonds, des boisements et des parcelles agricoles forment des corridors. Bien que l’agriculture dans le Lauragais soit assez intensive, le sol calcaire étant très près de la surface, le travail des labours est souvent beaucoup moins destructeur qu’ailleurs. Il n’est donc pas rare de trouver de belles populations de plantes messicoles dans ces zones de transition. En outre, les parties cultivées de cette ZNIEFF présentent souvent des limites diffuses avec les pelouses. Sur une bonne partie des bordures se côtoient des espèces liées aux deux milieux. De nombreuses plantes messicoles ont été recensées, avec notamment de remarquables stations de Nigelle de France (Nigella gallica) dont l’une d’entre elles comprend plusieurs centaines de pieds. Cette espèce est protégée au niveau national. Nous trouvons aussi de très belles stations d’Adonis d’automne (Adonis annua), d’Euphorbe en faux (Euphorbia falcata), et tout un cortège plus classique avec la Renoncule des champs (Ranunculus arvensis) ou la Spéculaire miroir-de-Vénus (Legousia speculum-veneris). Notons également la présence de la Passerine annuelle (Thymelaea passerina, certainement la sous-espèce gussonei), qui est une plante assez rare dans le département. Les milieux ouverts et peu dégradés sont également susceptibles d’abriter de nombreuses espèces déterminantes d’insectes. De fortes potentialités existent également concernant les rapaces (Circaète Jean-le-Blanc souvent vu en vol) et d’autres oiseaux, ainsi que pour les reptiles (possibilité de Seps strié). Des inventaires complémentaires ciblés sur ces groupes seraient vraisemblablement une source importante de compléments de données. Des mares présentes ici et là dans la ZNIEFF, formées notamment sur le site d’anciennes carrières d’exploitation de calcaire, pourraient quant à elles héberger certains amphibiens patrimoniaux.

D’un point de vue fonctionnel, certains boisements jouxtant les habitats d’intérêt naturel jouent un rôle important dans la protection de ces milieux, en filtrant les intrants issus des cultures intensives périphériques.

Commentaires sur la délimitation

Cette ZNIEFF de type 2, située sur des roches calcaires d’origine lacustre, rassemble une mosaïque d’habitats dans un ensemble assez cohérent. Les endroits où ces roches calcaires affleurent donnent lieu à un grand nombre de stations naturalistes intéressantes qui font, pour les plus riches et les plus étudiées, l’objet de ZNIEFF de type 1. Celles-ci sont reliées entre elles par des corridors variés (ruisseaux, vallons, champs...). La matrice agricole est composée de cultures extensives riches en messicoles, mais également d’un certain nombre de parcelles intensives.