La montagne d’Angèle est une belle et grande montagne qui se remarque de loin par sa forme massive, plus particulièrement lorsque l’on remonte la vallée du Roubion. Son sommet dépasse 1600 m d’altitude, ce qui en fait la seconde plus haute montagne de "Drôme provençale" après la Servelle. Elle marque en quelque sorte le centre des montagnes de la Drôme, que l’on peut s'amuser à repérer depuis sa crête, ainsi que la ligne de partage des eaux de deux grands bassins hydrographiques drômois : celui de la Drôme au nord (par la vallée de la Roanne) ; celui de l’Aygues au sud. Depuis le Merlu, la crête se prolonge droit vers l’est par une grande paroi rocheuse exposée plein nord. Dessous, les fortes pentes plongent vers le village de Gumiane dans un ensemble de barres rocheuses, d’éboulis, de boisements de hêtres et de pelouses escarpées, où des plaques de neige peuvent persister au printemps. Sur le versant sud de cette crête sommitale, la montagne d’Angèle dessine un grand pâturage aux pentes relativement douces, qui plongent ensuite progressivement vers le plateau de Villeperdrix pour y capter ses influences méditerranéennes. Elle se présente ainsi comme un grand espace montagnard aux limites du climat méditerranéen, et fortement contrasté selon les versants. Une végétation typiquement méditerranéenne se développe ainsi autour du village de Villeperdrix, et remonte jusqu'à la base de la montagne. Dans les parties basses de la montagne, les falaises les plus chaudes hébergent des espèces remarquables. Citons plus spécialement la Fétuque de Breistroffer, rare graminée française inscrite au "livre rouge" de la flore menacée de France, le Grand Ephèdre ou la Raiponce de Charmeil. La richesse botanique de la montagne d'Angèle se mesure également à la présence de quelques espèces végétales endémiques, c'est-à-dire limitées à un territoire géographique plus ou moins restreint. Ainsi, l'Androsace de Chaix, qui fleurit discrètement dans les bois de hêtres, est une espèce endémique des Alpes provençales. La Saxifrage du Dauphiné, qui se développe en coussinets, est limitée à trois départements français (Isère, Hautes-Alpes et Drôme). Quant au Cotonéaster du Dauphiné, c'est une espèce des montagnes ouest-méditerranéennes dont la répartition demeure mal connue, présent dans les Baronnies, le Diois (Drôme) et le Gapençais (Hautes-Alpes). En altitude, les landes et pâturages chauds de l'adret permettent ainsi l'installation d'un ensemble d'espèces méridionales, comme le Bruant fou et le Bruant ortolan, le Pipit rousseline, la Fauvette orphée ou la Fauvette pitchou. Tout au long de la crête, les vastes pâturages herbeux et rocailleux sont parsemés de Tulipe méridionale, de Renoncule à feuilles de graminées ou de pulsatiles, et d'espèces plus rares comme l'Œillet de Grenoble, le Bugrane strié, le Genêt de Villar. Ces milieux ouverts résonnent sous le chant de belles populations d'Alouette des champs. Ce sont des terrains de chasse réguliers de l'Aigle royal ou du Faucon crécerelle. Les secteurs plus pierreux sont propices à l'observation du Traquet motteux, du Rouge-queue noir ou du discret Merle de roche.