ZNIEFF 820031874
Le Rif Tort sous la Cime du Rachas

(n° régional : 38220005)

Commentaires généraux

La région du Haut Oisans, au cœur des Grandes Alpes dauphinoises, s’articule autour de la partie haute de la vallée de la Romanche et de ses deux affluents principaux : le Ferrand et le Vénéon. Etablie dans la partie sud-est du département de l’Isère, la vallée de la Romanche s’insère profondément à l’intérieur du massif alpin, prenant sa source sur la partie orientale du Massif de la Meije. C’est une ambiance fortement minérale de haute montagne glaciaire et rocheuse qui prédomine ici. Protégé par des reliefs importants de hautes crêtes, le Haut Oisans est soumis à un climat de type montagnard continental intra-alpin. Le climat est sévère avec des hivers froids et rigoureux et un été relativement sec et chaud. La belle saison est relativement courte avec des saisons intermédiaires peu marquées : le printemps est bref et brutal et l’automne cède rapidement la place à l’hiver. Le site décrit correspond pour l’essentiel à la partie iséroise du bassin versant supérieur du Rif Tort. Il inclut également les pentes en rive droite du ruisseau de Rachas jusqu’au Col des Trente Combes au nord. Il est inclus dans le site classé du Plateau d’Emparis. Il s’agit d’un vaste plateau creusé d’une ample cuvette au relief doux et aux pentes molles. Son substrat géologique associe des terrains calcaires et marno-calcaires (schistes du Lias, calcaires du Jurassique moyen, dolomies triasiques) et des formations récentes (dépôts glaciaires würmiens et éboulis). Le centre de la cuvette est également tapissé de dépôts tourbeux étendus. Ces substrats relativement meubles ont engendré avec l’érosion glaciaire des pentes douces et mamelonnées. Il faut également mentionner la présence de sols cryoturbés (soumis à une importante action du gel) tels que les sols polygonaux et “ tufurs ”, analogues à des formations des régions arctiques. Le site est compris dans les étages de végétation subalpin supérieur et alpin, entre les altitudes de 2200 m et près de 2500 m. Une forte ambiance pastorale se dégage de prime abord du paysage, qui associe une mosaïque de prairies subalpines à Fétuque paniculée, de pâturages à Nard raide et de pelouses alpines de différents types. Des formations végétales rases de combes à neige à saules nains (Saule herbacé, Saule réticulé, Saule à feuilles tronquées) peuvent être observées dans les creux où l’enneigement est persistant. Des landes subalpines d’éricacées, des landines froides d’altitude, des rocailles avec végétation pionnière et des associations végétales des éboulis calcaires et des escarpements rocheux complètent cette palette de milieux naturels. Mais l’intérêt principal du site résulte sans conteste de la présence d’un vaste complexe de zones humides tourbeuses et semi-tourbeuses, essentiellement concentrées dans la cuvette du Rif Tort, mais qui diffuse également le long des petits ruisseaux affluents de celui-ci. Ce complexe de milieux humides associe des milieux fontinaux de sources et ruisselets, des ruisseaux d’eau claire avec en particulier les splendides méandres du Rif Tort, des lacs-mares et des “ bas-marais ” (marais tout ou partie alimentés par la nappe phréatique) d’altitude artico-alpins. Les bas-marais pionniers artico-alpins à Laîche bicolore, d’une très grande valeur naturaliste, sont présents d’une façon diffuse sur l’ensemble de la Cuvette du Rif Tort, en bordure des ruisseaux et des sources. Ces milieux rares dans les Alpes sont une relique des grandes glaciations quaternaires. Ces dernières ont permis à la flore arctique d’entamer une longue migration vers le sud et de coloniser alors l’Europe moyenne, puis ensuite de reculer au nord et à l’intérieure des grands massifs alpins lors du réchauffement climatique. Parmi les autres habitats naturels remarquables également présents, il faut noter la présence de bas-marais alcalins à Laîche de Davall, particulièrement riches en espèces végétales, de fourrés de saules arbustifs à Saule arbrisseau, de mégaphorbiaies (groupements végétaux à hautes herbes) et prairies fraîches, et d’herbiers aquatiques et palustres à Rubanier à feuilles étroites qui occupent localement de petits lacs-mares. Le site possède une très importante richesse floristique, puisqu’il comprend au moins vingt-quatre espèces végétales remarquables. Celles-ci témoignent de la diversité des milieux naturels. Ainsi le Vulpin fauve, la Laîche bicolore, la Hiérochloé boréale, le Jonc à trois glumes, la Grassette à éperon grêle ou le Potamot filiforme sont représentatifs des habitats humides. Les éboulis calcaires d’altitude hébergent des plantes rares ou peu fréquentes comme la Campanule du Mont-Cenis, la Saussurée couchée ou encore la Renoncule à feuilles de parnassie. La Laîche des bruyères, la Laîche des rochers, la Gentiane orbiculaire, le Silène à fleurs de joie ou l’Astragale épineuse sont représentatifs des différents types de pelouses et de formations herbacées locales. Plusieurs espèces aux fleurs spectaculaires ou emblématiques sont également à signaler telles que l’Edelweiss, le Lis orangé et la Tulipe méridionale. La faune comprend plusieurs espèces animales représentatives ou typiques des grands massifs alpins. Ce sont en particulier le Chocard à bec jaune, le Crave à bec rouge (inféodé aux alpages où il vient s’alimenter d’orthoptères et d’autres invertébrés), la Perdrix bartavelle, le Tétras lyre (espèce remarquable fragile et emblématique des Alpes), le Lagopède alpin (gallinacé d’origine arctique, relique de l’époque glaciaire qui a sévi dans les Alpes, qui recherche les reliefs de croupes et de crêtes fréquemment enneigées et balayées par les vents), la Niverolle des neiges ou encore l’Accenteur alpin. Le site fait également partie du territoire de chasse de l’un des couples d’Aigles royaux établis dans la vallée. Plusieurs autres espèces animales remarquables font également des incursions épisodiques sur le site. C’est le cas en particulier du Gypaète barbu, grand rapace nécrophage qui se nourrit des carcasses d’animaux morts en montagne, du Loup ou encore du Bouquetin des Alpes. Parmi les reptiles, il faut remarquer notamment la présence du Lézard vivipare, relique glaciaire en limite sud de son aire de répartition dans les Alpes et qui est liée aux pelouses, prairies et landes humides, tourbières et bords de ruisseaux. Chez les insectes, il faut mentionner la présence de l’Apollon, papillon alpin remarquable en régression et dont la protection est considérée comme un enjeu européen. Il fréquente les rocailles et pelouses sèches rocailleuses, où abondent les crassulacées et les saxifragacées. Le Petit apollon, quant à lui, fréquente les tourbières et bas-marais ; il s’agit ici de l’une des ses rares stations dans le département de l’Isère.

Commentaires sur la délimitation
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