ZNIEFF 930012385
PINÈDE À PIN À CROCHETS DES COSTIÈRES DU MONT VENTOUX

(n° régional : 84102101)

Commentaires généraux

Description de la zone


Sur la croupe sud occidentale du mont Ventoux, de la route des Combes au Clapier de l’Ermite se manifeste un site grandiose, très austère et d’un accès difficile. Situé entre 1 400 m et 1 800 m, il comprend les Rochers de Cachillan, la Costière, le Petit Clos et le Clapier de l’Ermite.
On est ici en présence d’un substrat formé d’un calcaire compact à faciès urgonien qui date du Barrémien et qui a été à l’origine de la mise en place d’un modelé karstique où prédomine un lapiaz souvent très prononcé en raison des contraintes climatiques extrêmes et en particulier à la faveur d’un enneigement prolongé qui se manifeste sur des pentes parfois assez fortes. La roche qui apparaît presque toujours à nu ne laisse que peu de place à la formation de véritables sols. Seules, les profondeurs du lapiaz accumulent les éléments de décomposition du karst permettant ainsi à une végétation herbacée réduite de survivre. Ailleurs les ligneux y prennent vite des allures rabougries, tortueuses ou prostrées.
Ce secteur n’a jamais fait l’objet d’une exploitation forestière, même à une époque où le reste du mont Ventoux était surexploité et pratiquement dépouillé de toute sa couverture sylvatique. Même le pastoralisme devait être exclu de ce site trop dangereux pour le bétail. C’est la raison pour laquelle une pinède à pin à crochets indigène relictuelle a pu s’y maintenir.
Entièrement situé dans l’étage oroméditerranéen, le pin à crochets a atteint ici un niveau de maturité tout à fait intéressant, unique dans l’ensemble du massif. Pourtant, cette essence semble toujours se comporter en pionnière et possède encore un fort pouvoir de colonisation qui menace d’ailleurs le devenir des formations à genévrier nain et les groupements édaphiques de la partie sommitale.

Flore et habitats naturels


La pinède à pin à crochets climacique occupe la presque totalité de cette zone très originale. En raison des contraintes climatiques et édaphiques extrêmes, toute la biodiversité se concentre en position d’abri, dans les profondeurs du lapiaz, avec en particulier Potentilla nivalis (potentille des neiges). Parfois, le karst fait place à des pelouses sur lesquelles s’installent Paronychia kapela subsp. serpyllifolia (paronyque imbriquée, de Provence) et Silene petrarchae (silène de Pétrarque), endémique du mont Ventoux et de la montagne de Chabre. Localisée sur les crêtes ventées de la partie sommitale du mont Ventoux, elle arrive à se maintenir ici, à des altitudes plus basses et dans un contexte écologique moins favorable. Ce karst qui se développe entièrement en versant sud est brutalement interrompu en versant nord par une paroi rocheuse de quelques mètres colonisée par la formation à Potentilla caulescens (potentille caulescente).

Faune


Cette pinède abrite au moins 2 espèces animales d’intérêt patrimonial, toutes deux remarquables. Il s’agit de l’Autour des palombes dont un couple niche dans cette forêt et du Venturon montagnard.

Commentaires sur la délimitation

Répartition et agencement des habitats : la pinède à pin à crochets indigène occupe la quasi totalité de cette zone, permettant ainsi de définir les contours de cette ZNIEFF.

Cette démarche se justifie par le fait que l’on est en présence d’une pinède très mature, très différente des autres pinèdes à pin à crochets, en particulier celles qui ont été plantées.

La climatologie ainsi que les contraintes du milieu physique (présence d’un karst) confortent la définition du pourtour de la zone. Celle-ci ne retient pas les secteurs situés en dehors de ce karst à lapiaz ainsi que les reboisements en pin à crochets.

De même, lorsque la pinède à pin à crochets indigène perd son identité avec présence d’autres essences (pin sylvestre, etc.), elle n’a pas été retenue dans la définition de la zonation.