ZNIEFF 930012646
VALLONS DU LAUZANIER, DE PARASSAC ET DE COURROUIT

(n° regional: 04100108)

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Description
Localisé dans la partie nord est du département des Alpes de Haute Provence, dans la petite région naturelle de l’Ubaye, le site est établi sur les communes de Larche et Jausiers. Il occupe une série de vallons disposés sur les versants orientés nord des Trois Evêchés et de la Crête de Parassas, à l’ouest du Col de Larche.
Sur sa partie nord, l’essentiel du substrat géologique du site est constitué par des flyschs à Helminthoïdes de la nappe du Parpaillon et, sur sa partie sud, par des grès d’Annot d’âge Oligocène et des calcaires Néocrétacés plus durs qui constituent les plus hautes crêtes. Des dépôts récents de matériaux associant des éboulis, cônes de déjection, alluvions torrentielles et moraines recouvrent localement les roches en place, notamment en pied de versant et en fond de vallons.
Positionné dans la zone biogéographique intra alpine, le site est soumis à un climat de haute montagne, aux contrastes thermiques marqués et longuement enneigé.
Étendu entre 1650 m et 3000 m d'altitude, il s'inscrit dans les étages de végétation subalpin, alpin et nival.
La végétation du site est essentiellement composée de boisements clairs de Mélèze (Larix decidua), de prairies et landes subalpines, de pelouses alpines, de formations rases des combes à neige, d’éboulis et de milieux rocheux.
Un complexe exceptionnel d’habitats humides associant des sources, ruisseaux, torrents, lacs d’altitude, tourbières et bas marais, abritant des espèces à très forte valeur patrimoniale est présent sur ce site.

Milieux patrimoniaux
Les quatre habitats déterminants que compte le site se rapportent à des milieux humides et des éboulis calcaires. Ce sont : les bas marais cryophiles d’altitude des bords de sources et suintements à Laîche des frimas (Carex frigida) [assoc. phyto. Caricetum frigidae (54.28)], les bas marais pionniers arctico alpins à Laîche bicolore (Carex bicolor) [all. phyto. Caricion incurvae (54.3)], milieux d'une très grande valeur patrimoniale qui apparaissent ponctuellement, et les éboulis calcaires fins représentés notamment par des formations à Liondent des montagnes (Leontodon montanus) et à Bérardie laineuse (Berardia subacaulis) [assoc. phyto. Leontodontetum montani (61.2321) et Berardietum lanuginosi (61.2322)].
Dix autres habitats remarquables sont également présents : les pelouses calcicoles alpines et subalpines à Séslérie bleutée (Sesleria caerulea) et Laîche toujours verte (Carex sempervirens) [all. phyto. Seslerion caeruleae (36.43)], les mégaphorbiaies montagnardes et subalpines, formations opulentes de hautes herbes des combes humides et fraîches [all. phyto. Adenostylion alliariae et Calamagrostion villosae (37.8)], les prairies de fauche d’altitude [all. phyto. Triseto flavescentis Polygonion bistortae (38.3)], les landes à Rhododendron ferrugineux (Rhododendron ferrugineum) et Airelles (Vaccinium myrtillus, Vaccinium uliginosum, Vaccinium vitis idaea) [all. phyto. Rhododendro Vaccinion (31.4)], les landines riches en lichens à Airelle bleue (Vaccinium uliginosum) et Azalée naine (Loiseleuria procumbens) [all. phyto. Loiseleurio procumbentis Vaccinion microphylli (31.41)], établies au niveau des crêtes ventées et froides, et dont la présence rappelle les origines artico alpines d’une partie de la végétation des Alpes, les mélèzins cembraies ou forêts de Mélèze (Larix decidua) et de Pin cembrot (Pinus cembra) (42.3), les bas marais alcalins à Laîche de Davall (Carex davalliana) [all. phyto. Caricion davallianae (54.23)], les bas marais acides [all. phyto. Caricion fuscae (54.4)], les éboulis calcaires alpins [all. phyto. Thlaspion rotundifolii (61.2)] et les formations végétales des rochers et falaises calcaires [all. phyto. Potentillion caulescentis et Violo biflorae Cystopteridion fragilis (62.15)].
Parmi les autres habitats à fort intérêt biologique, figurent les prairies à Fétuque paniculée (Festuca paniculata) (36.331), milieux couvrant des surfaces importantes sur le site, qui possèdent une très forte diversité floristique et entomologique et sont ici en très bon état de conservation.

Flore
Le site comprend une flore exceptionnelle, dans laquelle figurent trente-cinq espèces végétales déterminantes, dont onze sont protégées au niveau national : le Dracocéphale de ruysch (Dracocephalum ruyschiana), le Cirse des montagnes (Cirsium alsophilum), beau chardon dont il s’agit ici de l’une des rares stations départementales, le Panicaut des Alpes (Eryngium alpinum), le Sabot de Vénus (Cypripedium calceolus), orchidée autrefois mentionnée, l'Androsace pubescente (Androsace pubescens), le Saule à feuilles de myrte (Salix breviserrata), le Choin ferrugineux (Schoenus ferrugineus), à rechercher dans les marécages, la Laîche bicolore (Carex bicolor), rare cypéracée des marécages arctico alpins froids d’altitude, qui serait à retrouver sur le site, la Laîche à petite arête (Carex microglochin), une autre cypéracée de ces marécages froids d’altitude, l'Avoine odorante (Hierochloe odorata), rarissime graminée des pelouses tourbeuses et marécages boréo alpins inscrite au Livre Rouge National des plantes menacées, et l'Azalée naine (Kalmia procumbens), historiquement signalée et à rechercher malgré les doutes qui pèsent sur sa présence.
Onze autres espèces sont protégées en région Provence Alpes Côte d’Azur : le Dactylorhize couleur de sang (Dactylorhiza incarnata subsp. cruenta), la Gymnadenie odorante (Gymnadenia odoratissima), le Chaméorchis des Alpes (Chamorchis alpina), la Bardanette réfléchie (Hackelia deflexa), la Cardamine à feuilles d'asaret (Cardamine asarifolia), la Fritillaire en forme de trompette de Moggridge (Fritillaria moggridgei), le Jonc arctique (Juncus arcticus), plante arctico alpine rare des marécages et bords de ruisselets, le Saxifrage fausse diapensie (Saxifraga diapensioides), le Muscari botryoïde (Muscari botryoides), l'Orchis de Traunsteiner (Dactylorhiza traunsteineri), et la Joubarbe d'Allioni (Sempervivum globiferum subsp. allionii), anciennement observée et à rechercher sur les milieux rocailleux et rocheux acides.
Les autres espèces végétales déterminantes comprennent : l'Ibéris toujours vert (Iberis sempervirens), le Chardon bardane (Carduus personata), la Campanule en thyrse (Campanula thyrsoides), belle campanule à fleurs jaunes en voie de raréfaction du fait de l'intensification du pastoralisme, le Cirse faux hélénium (Cirsium heterophyllum), le Sainfoin de Briançon (Hedysarum brigantiacum), légumineuse récemment décrite, la Gentiane asclépiade (Gentiana asclepiadea), l'Oréochlora fausse seslérie (Oreochloa seslerioides), le Scirpe de Hudson (Trichophorum alpinum), rare cypéracée des bas marais arctico alpins, la Laîche très noire (Carex atrata var. aterrima), l'Anémone fausse renoncule (Anemone ranunculoides), le Pied d'alouette douteux (Delphinium dubium), spectaculaire renonculacée des mégaphorbiaies subalpines, des aulnaies vertes et des prairies fraiches, la Potentille des neiges (Potentilla nivalis), également historiquemnet signalée et à rechercher dans les rocailles d’altitudes, et la Passerage de Villars (Lepidium villarsii).
Le site héberge également cinq autres espèces végétales remarquables, dont quatre sont protégées au niveau national : la Bérardie laineuse (Berardia subacaulis), composée archaïque endémique des Alpes sud occidentales typique des éboulis calcaires à éléments fins, la Primevère marginée (Primula marginata), inféodée aux parois calcaires, le Scirpe alpin (Trichophorum pumilum), rare cypéracée circumboréale des bas marais froids d’altitude, et l'Ancolie des Alpes (Aquilegia alpina). Une espèce est protégée en Provence Alpes Côte d’Azur : la Minuartie des rochers (Minuartia rupestris subsp. rupestris), que l’on rencontre sur les milieux rocheux et éboulis terreux du site.


Faune

Ce site abrite 37 espèces animales patrimoniales, dont 16 sont déterminantes.

Chez les mammifères d’intérêt patrimonial, mentionnons la présence de deux espèces déterminantes : le Bouquetin des Alpes ongulé de nette affinité montagnarde et d’intérêt communautaire et le Crossope de Miller, micromammifère peu commun en PACA qui fréquente les bords des petits ruisseaux (dernière donnée 1979). Plusieurs espèces remarquables sont également à signaler : le Cerf élaphe (Cervus elaphus), le Lièvre variable (Lepus timidus), Léporidé en régression, relicte de l’époque glaciaire, fréquentant des milieux assez variés (alpages, éboulis, landes, forêts, pelouses, champs, cultures, friches) entre 1 200 et 3 100 m d’altitude et le Vespère de Savi (Hypsugo savii), chauve-souris rupicole, d’affinité méridionale.

L’avifaune nicheuse est représentée par diverses espèces d’intérêt patrimonial dont le Gypaète barbus (Gypaetus barbatus), espèce déterminante ayant fait l’objet d’un programme de réintroduction international sur le massif des Alpes et la Chouette Chevêchette (Glaucidium passerinum), espèce euro-sibérienne déterminante et rare de la taïga et des forêts claires de résineux dans les Alpes (mélézins, sapinières, pessières, cembraies) mais aussi de nombreuses espèces remarquables telles que le Tétras lyre (Tetrao tetrix), espèce fragile, emblématique des Alpes, le Lagopède alpin (Lagopus mutus), espèce menacée et en régression, d’origine arctique, relique de l’époque glaciaire dans les Alpes, qui occupe les reliefs de croupes et de crêtes, fréquemment déneigées et balayées par le vent, et la Perdrix bartavelle (Alectoris graeca), espèce méridionale de montagne semble-t-il en régression, recherchant les versants montagneux ouverts et ensoleillés avec des barres rocheuses entre 1 400 et 2 400 m d’altitude.

Un reptile remarquable est également présent à ces hautes altitudes, le Lézard des souches (Lacerta agilis), espèce remarquable d’affinité médio européenne nordique, des landes, lisières de forêts et prairies herbeuses jusqu’à 2 000 m d’altitude, dont les populations régionales, peu nombreuses, sont isolées et fragmentées.

Les insectes patrimoniaux comprennent notamment au niveau des papillons de jour : l’Alexanor (Papilio alexanor), espèce déterminante protégée au niveau européen, rare et dont l’aire de répartition est morcelée, inféodée aux éboulis et pentes rocailleuses jusqu’à 1700 m d’altitude où croît sa plante hôte Ptychotis saxifraga, le Semi-apollon (Parnassius mnemosyne), espèce déterminante et protégée au niveau européen, d'affinité montagnarde et liée à la présence de corydales, qui fréquente les pelouses et les lisières forestières, surtout entre 1000 et 2000 mètres d’altitude, le Petit Apollon (Parnassius sacerdos), espèce remarquable protégée en France, d’affinité alpine, inféodée aux bords des torrents où croît ses plantes hôtes, le Saxifrage faux aïzoon (Saxifraga aizoides), le Moiré des pâturins (Erebia melampus), espèce remarquable endémique du massif alpin, rare et localisée au niveau régional et le Céphalion (Coenonympha darwiniana), espèce endémique de l’ouest du massif alpin, mais dont la validité taxonomique est remise en question (Dupont, 2013). Concernant les Coléoptères, nous pouvons citer : le Charançon (Dichotrachelus alpestris), coléoptère Curculionidé déterminant, endémique des trois départements sud alpins de la région, où, relativement bien répandu, il est rencontré entre 2000 et 3000 m d’altitude sous les pierres, dans les mousses ou dans l’humus, le Carabe (Pterostichus truncatus imitator), espèce déterminante de Coléoptères Carabidés, liée aux forêts supérieures de montagne, endémique des départements des Alpes de Haute Provence et des Alpes Maritimes, le Carabique Pterostichus devillei, espèce déterminante de haute altitude, endémique des Alpes-Maritimes et des Alpes de Haute-Provence. Le pentatome Carpocoris melanocerus, espèce déterminante et rare de punaise (hémiptères hétéroptères) est également présent sur le secteur. Concernant les orthoptères, citons le Criquet ensanglanté (Stetophyma grossum), espèce remarquable en régression, liée aux surfaces marécageuses.

Trois espèces déterminantes appartenant à trois groupes d’insectes aquatiques ont été observées sur ce secteur : le Plécoptère Protonemura caprai, le Trichoptère Plectrocnemia praestans et l’Ephéméroptère Ecdyonurus zelleri.

Les mollusques patrimoniaux sont représentés par trois espèces déterminantes, l’Hélice du Queyras (Arianta arbustorum repellini), espèce déterminante et subendémique qui fréquente les chaos rocheux composés de gros blocs, uniquement présente dans le massif du Queyras et au sud des Ecrins, Vertigo substriata, espèce ouest-eurasiatique inféodée aux zones humides, vulnérable et très rare en PACA où elle occupe seulement deux stations des Alpes et la Fausse-veloutée du Mercantour (Urticicola mounierensis), espèce polytypique endémique de l'Ubaye et du Mercantour qui, comme la plupart des espèces de son genre, fréquente les eboulis calcaires à l'étage subalpin ou alpin, accompagnées de deux espèces remarquables, Quickella arenaria, espèce rare et localisée des bas marais et des suintements de pente et le Maillot des rochers (Pupilla sterrii), espèce localisée dans le Jura et les Alpes, liées aux milieux montagnards orientaux de la région et vivant dans les habitats rocailleux et ensoleillés.

Fonctionnalité/Liens éventuels avec d’autres ZNIEFF
Cette ZNIEFF de type 1 n’est pas incluse dans une ZNIEFF de type 2.

Comments on the delimitation

Le site est délimité par sa topographie, dont les hautes crêtes situées à l’est coïncident également avec la frontière franco-italienne. Il englobe une série de trois vallons principaux, qui se juxtaposent d’est en ouest et renferment des habitats et populations d’espèces à très forte valeur patrimoniale.